Textes extraits du livret édité par la conférence épiscopale du Mali à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du pays en septembre 2010

Église au Mali, d’où viens-tu ?

Introduction...

"Se connaître est la meilleure des connaissances"

La célébration du cinquantenaire de l'indépendance de notre Pays, le Mali, offre l'occasion à tous ses fils et filles de célébrer, dans la joie et l'allégresse, la souveraineté retrouvée. Elle donne également l'occasion à tous, de relire notre histoire commune pour retrouver les repères, le sens de notre marche commune  vers un avenir radieux. Les Catholiques de ce pays se sentent plus que jamais concernés par cette grande célébration et ne sauraient aucunement en faire l'économie. D'abord que l'Église du Christ qu'ils forment sur cette terre du Mali est partie intégrante de son histoire et de sa vie de tous les jours. Puis comme Peuple de Dieu, appelé à porter et à témoigner par vocation, le message de l'Évangile au Mali, elle inscrit sa vie et sa mission dans la réalisation du destin au bonheur et à la félicité de tous les Maliens.

L'Église au Mali fait partie du patrimoine commun de tous les Maliens. L'évocation des grands jalons de son histoire, se voudrait un service de mémoire à l'endroit des générations présentes et à venir, pour qu'elles grandissent dans la connaissance de soi, afin que l'œuvre de construction nationale ne laisse personne sur le bord de la route. Connaître l'histoire de l'Église au Mali ramène à ouvrir nos esprits et nos cœurs à la connaissance de ses Pères fondateurs, à leurs œuvres, leur ambition pour notre pays qui fut le leur, à valoriser ce qu'ils ont réalisé, à les enrichir au besoin par notre engagement, notre génie créateur  et à les transmettre.

 

Les Pères Fondateurs :

Le 15 octobre 1888, six missionnaires spiritains partent du Sénégal pour Kita. Ils y arrivent et s'y installent le 20 novembre suivant. C'étaient les Pères Guillet, Montel, Marcot, et des Frères Zénon et Isaac. C'est le frère Isaac qui modela, avec la terre du marigot de Bangassi, la statue que l'on vénère aujourd'hui dans le sanctuaire de Kita : Notre Dame du Mali. Ils seront rejoints quelque temps après par le Frère Diouf.

Le Verbe de Vie - Bamako - Présentation de l'Église catholique au MaliKita, Kayes et Dinguiray seront les premiers et les derniers postes missionnaires fondés au Soudan par les Pères du Saint Esprit. La mission continue avec les Pères Blancs qui arrivent le 1er avril 1895 à Ségou qui sera le premier poste des fils du Cardinal Lavigerie au Soudan français. De cette première équipe qui arrive à Ségou, deux pères vont rester sur place pour commencer la mission. Ce sera le père Ficheux et le Père Éveillard. Les deux autres confrères, les Pères Hacquard et Dupuis, poursuivent leur marche jusqu'à Tombouctou qu'ils atteignent le 22 mai. Enfin Tombouctou ! Ces propos du Père Hacquard en disent long sur ce que représentait Tombouctou dans le projet du Cardinal Lavigerie : "Quand j'ai vu Tombouctou, j'ai cru devenir fou. Je ne sais quelle émotion m’a saisi : un mélange de joie, d'espérance, de tristesse, de retour en arrière, de saut dans l'avenir... Moi, en face de ce but tant désiré de nos aînés...".

Avec l'arrivée des Missionnaires à Tombouctou et leur installation à Ségou, commençait une nouvelle phase de prospection, de rayonnement et de nouvelles fondations. C'est ainsi que sous la responsabilité pastorale du Père Hacquard nommé Préfet apostolique et de ses successeurs, la mission va connaître un rayonnement important au Soudan français.

C'est le début de la mission universelle de l'Église sur le Terre africaine du Soudan français : le Mali. Quelques années plus tard, le 29 octobre 1893, une communauté de Religieuses de Saint Joseph de Cluny arrive à Kayes.

 

Un événement exceptionnel : la visite du Pape Jean-Paul II en janvier 1990

Le Verbe de Vie - Bamako - Présentation de l'Église catholique au Mali1. “ Vous êtes venu pour tous les Maliens !”

N'ayant pu se rendre au Mali à l'occasion des fêtes du centenaire (novembre 1988), le pape choisit de venir en janvier 1990 au Mali, alors qu'il effectue son sixième voyage en Afrique et qu'il souhaite se rendre à Ouagadougou pour célébrer le 10ème anniversaire de la fondation qui porte son nom   "La Fondation Jean-Paul II pour le Sahel". Son voyage prend une tournure tout à fait exceptionnelle, compte tenu de la population majoritairement musulmane de notre pays. Il est accueilli comme un grand croyant et le déplacement massif de la population, partout où il doit se rendre (sur la route, au stade Modibo Keïta, au Palais de la culture) le traduit bien.

À son arrivée, comme à l'accoutumée, le pape souligne qu'il effectue là un voyage pastoral. Mais dans sa réponse, le Président soulignera qu'il vient pour tous les Maliens... "Ce n'est pas seulement la communauté catholique du Mali qui vous accueille, c'est le Peuple malien tout entier qui vous reçoit, et vous souhaite une chaleureuse bienvenue".

À la cathédrale de Bamako, un peu plus tard, le pape est accueilli par Monseigneur Luc Sangaré qui lui adresse la bienvenue et énonce trois requêtes. Dans la première, il demande au Saint Père, d'affermir la communauté parce qu'elle a la ferme et noble ambition de continuer plus que jamais à bâtir une Église Communion Fraternelle au service de l'Évangile. La seconde requête concerne le Dialogue interreligieux : "Très Saint Père, apprenez-nous les qualités et les exigences du vrai dialogue interreligieux". En troisième lieu, Monseigneur Luc Sangaré demande au Saint Père de prier ardemment, pour que l'appel retentisse dans le cœur des jeunes, afin que s'accroissent les vocations de prêtres, de religieux et religieuses, de catéchistes.

2. Rencontre avec les grands leaders religieux du pays, au Palais de la Culture

Au Palais de la Culture : "Amadou Hampaté Bâ", juste avant la soirée avec les jeunes, le pape Jean-Paul II rencontre les grands leaders religieux du pays, en particulier le grand Iman Balla Kallé de la mosquée de Bamako (il restera Imam jusqu'en 2009) et Monsieur le Pasteur Kassoum Keïta, représentant la communauté protestante de Bamako et Secrétaire Général de l'Association des Groupements d'Églises et Missions Protestantes Évangéliques au Mali : AGEMPEM. Cette rencontre particulièrement chaleureuse s'inscrit bien dans le projet apostolique des grands voyages du pape qui tient, chaque fois que cela est possible, à rencontrer les croyants de toutes les confessions.

3. Au cours d’un petit déjeuner avec les évêques à l’Archevêché de Bamako

Le pape Jean-Paul II, pendant le petit déjeuner qu'il prend avec les évêques de la Conférence épiscopale du Mali, fait une brève intervention qui fut rapportée dans la Documentation Catholique de l'époque. Cette intervention souligne la situation tout à fait singulière de l'Église qui est au Mali, en matière de dialogue interreligieux.