Le Diocèse de Mopti est le dernier né des six diocèses du Mali. Erigé en 1964, Monseigneur Biard en fut le premier évêque titulaire. Il est « l’enfant des sables et de la falaise ». Il comprend six paroisses qui sont : Gao : 808870 km2, Ségué : 4900 km2, Pel : 5120 km2, Mopti : 49710 km2, Bandiagara : 7250 km2 et Barapireli : 8150 km2.

 

A la célébration de son centenaire en 1988, l’Eglise du Mali a été schématisée sous la forme d’un arbre à six branches et six racines. Les six branches et les six racines représentent les six diocèses qu’elle possède.

 

 

 

L’Eglise diocésaine de Mopti peut être, aussi, schématisée sous la forme d’un arbre à six branches et six racines. Car les six branches et les six racines peuvent représenter ses six paroisses qu’elle possède.    Ses six branches et leurs feuilles représentent ses six paroisses avec toutes leurs communautés chrétiennes, leurs familles : tous les membres de cette Eglise Famille de Mopti.

 

Les racines s’enfoncent dans la terre pour que l’arbre soit solidement fixé. Telle, l’Eglise diocésaine de Mopti enfonce ses six racines dans le Christ pour tenir solidement droit. Elle tire ainsi du Christ toutes les substances qui lui sont nécessaires, Christ qui est tout pour elle.

 

 

En effet, la première Mission fondée, dans ce diocèse, plonge ses racines dans la foi des premiers Missionnaires qui ont fait naître l’Eglise au Mali. Déjà, bien auparavant, par deux fois, en 1876 et 1881, deux caravanes de Missionnaires Pères Blancs avaient tenté de venir fonder une Mission à Tombouctou. Partis d’Afrique du Nord, les six Missionnaires furent massacrés en plein désert par leurs guides nomades. C’est seulement en mai 1895 que Tombouctou vit l’arrivée des deux premiers Pères. Il y avait 7 ans, que les Pères du Saint Esprit avaient fondé la Mission de Kita.

 

Ainsi, donc, les racines du diocèse de Mopti sont enfoncées dans les sables sahariens de Tombouctou, mais aussi teintées du sang de ceux qui n’ont pas craint la mort pour aller fonder cette Eglise.

Racines sahariennes aussi, parce que la deuxième paroisse du diocèse dans l’ordre chronologique, fut fondée aux portes du désert, à Gao, en 1945, cinquante (50) ans après Tombouctou.

 

 

Que c’était-il, donc, passé durant ces cinquante ans ?

Dès 1906, la Mission de Tombouctou avait été fermée, et les Pères se replièrent sur la Mission de Ségou. L’hostilité du milieu musulman et les difficultés créées par l’administration maçonnique n’expliquent pas seules ce repli. Il y eut, certainement aussi, la défection du Père Dupuis en 1904. Mais l’appel des populations de la religion traditionnelle du sud, plus perméables à l’évangélisation, fut certainement, pour beaucoup, dans la décision de fermeture du poste de Tombouctou.

Ainsi, dès ses origines, le futur diocèse de Mopti, fut marqué par ce tiraillement qui ne cessera pas, entre le nord fortement et anciennement islamisé, et le sud, de la religion traditionnelle, entre les sables sahariens et les régions de la falaise.

Les Pères fondateurs des paroisses de Tombouctou et de Gao venaient tous de la Mission du Sahara ou de l’Algérie. Le premier évêque résidant sur le diocèse, à Gao, Mgr Leclerc, venait de la Mission du Sahara (1947).

L’histoire des implantations de l’Eglise dans cette partie nord du diocèse de Mopti, sera conditionnée par la possibilité des Pères de s’adapter au mode de témoignage lié à des mini-communautés chrétiennes, immergées dans un milieu entièrement islamisé.

Enfant des sables, fortement marqué dans ses origines par l’apostolat en milieu musulman, le diocèse de Mopti acquit sa majorité lors d’une transplantation cardiaque.

En 1964, le Saint Siège transféra le siège de l’évêque de Gao à Mopti, en créant le diocèse du même nom, et en supprimant la Préfecture Apostolique de Gao.

Ce nouveau diocèse s’était enrichi en 1952 de tout le Pays Dogon, qui en devenait la partie vitale puisqu’il comprenait 4 paroisses fondées entre 1949 et 1957 : Ségué, Pel, Bandiagara et Barapireli.

Le premier Missionnaire catholique qui pénétra dans le Pays Dogon est le Père Hacquart, il passa à Bandiagara, alors qu’il prospectait l’immense Vicariat Apostolique du Soudan Français, dont il allait devenir lui-même le premier Evêque résidant à Ségou.

Il ne pouvait d’abord que poser des jalons là où la population semblait le plus apte à recevoir le message du Christ.

Jusqu’en 1942, le Pays Dogon fut rattaché au Vicariat de Bamako, qui s’était formé en se détachant successivement du Vicariat de Ouagadougou et de la Préfecture apostolique de Bobo-Dioulasso. Mais les Dogons, se trouvant à l’extrême Nord, furent toujours laissés de côté.

Dans un village (Ségué) perché sur le bord de la falaise de Bandiagara, vivait un homme d’une trentaine d’années, nommé Kombé SOMBORO.

Au début de l’année 1945, il alla à Ba, village Marka, pour y acheter un cheval. Le soir, il vit des hommes et des jeunes gens, qui, réunis sous un abri de paille, récitaient des prières, chantaient des cantiques et apprenaient le « kalan ».

Kombé partit immédiatement à Nouna, sur le cheval qu’il venait d’acheter pour demander les Pères.

Kombé SOMBORO fit plusieurs fois le voyage à Nouna pour demander des Missionnaires, y envoya  une délégation de trente cavaliers représentant vingt villages dogons et ne recula ni devant l’emprisonnement, ni devant les persécutions de la part de l’Administration Coloniale et de ses représentants, pour arriver à ses fins.

Dès 1947, des Pères de Nouna, envoyés par Monseigneur Lesourd avaient répondu aux appels de plusieurs villages dogons, par des tournées de prospection, qui confirmèrent les dires des envoyés dogons. Les populations de la falaise de Bandiagara voyaient dans l’Evangile un ferment de Vérité et dans la présence de l’église un moyen de se protéger contre les innombrables exactions des agents de l’administration  mise en place par le système colonial.

C’est ainsi que commence le récit de la fondation de la Mission de Ségué par le Père Jean Léger. Cette fondation fut réalisée au mois de Juin 1949, par Monseigneur Jean Lesourd, après quatre ans d’une douloureuse attente, à la suite d’une campagne de propagande à la fois religieuse et sociale faite par Kombé SOMBORO ... car c’est bien ainsi qu’apparaissait à ses yeux le chemin des Chrétiens.

La Mission de Ségué fut placée sous le Patronage de Notre Dame de Lourdes.

Les premiers Baptêmes eurent lieu le 24 Mai 1953. Kombé SOMBORO, devenu Pierre, en tête du groupe des premiers baptisés.

La Mission de Ségué était fondée officiellement en 1949 mais les évènements qui avaient amené cette fondation étaient suivis dans la plaine aux pieds de Ségué, et les nouvelles se répandaient comme une traînée de poudre, si bien qu’avant qu’on ne parle de fondation à Pel, les villageois savaient que les Pères s’étaient assis à Ségué, que nombreux étaient ceux qui commençaient à les suivre et qu’ils étaient prêts à aider ceux qui venaient à eux tant sur le plan religieux que social ou sanitaire...

C’est ainsi qu’un un homme de Pel, nommé Assama TOGO (dit Laurent) partit à Ségué pour les soins de sa femme. Il resta à Ségué jusqu’à la guérison de sa femme. Pendant son séjour, il demanda aux Pères de venir aussi à Pel.

De leur coté, les Pères de Ségué à peine installés, entrevoyaient déjà la possibilité d’une deuxième fondation, et celle-ci dans la plaine.

Le Père Jean Léger vint à Pel à cheval avec Pierre Koumbé. Laurent les reçut chez lui. Au « toguna » (hangar des vieux), le Père Léger expliqua la raison d’être de la Mission et parla du chemin de Jésus. Puis il invita ceux qui le désiraient à s’inscrire. Le premier fut Anangalu TOGO.

Les Pères s’installèrent d’abord à Koporo-Na en attendant que des cases soient construites pour eux à Pel. Ce qui fut fait à la fin de l’hivernage et alors les Pères déménagèrent.

Dès l’implantation, le catéchuménat fut organisé pour le village de Pel. Et dès le début aussi la récitation du Chapelet se fit tous les soirs. Mais les Pères parcouraient aussi les villages des alentours trouvant tous les villageois avides d’entendre la Parole de Dieu.

Mais pendant ce temps, dans le dos des Pères et des nouveaux convertis dogon, les chefs de canton menaient durement une campagne contre la Mission, interdisant aux villageois de se faire inscrire sous peine de suppression des champs, voire de représailles plus sévères allant jusqu’à une véritable persécution : calomnie, dénonciation aux autorités, mise en prison, etc.

Mais suivant la tradition de l’Eglise, cette persécution n’empêcha pas la Foi de s’affirmer et de se développer davantage. Quant aux persécuteurs, ils connurent des morts atroces. Les gens y virent le « doigt de Dieu ».

Les premiers Baptêmes eurent lieu à Pel en la fête de Noël 1955. Monseigneur Landru lui-même avait tenu à faire ces premiers baptêmes et il était venu tout exprès pour cela afin de montrer à la nouvelle communauté toute l’importance que les premiers baptêmes représentaient. Ils étaient cinq : trois hommes et deux femmes.

Il faudra attendre le 2 février 1963 pour accueillir les premières Religieuses à Pel : les Filles du Cœur Immaculé de Marie. Accompagnées par leur Supérieure Générale, elles furent reçues par Monseigneur Landru auquel s’était joint pour cette occasion Monseigneur Durrieu, évêque de Ouahigouya. Elles venaient spécialement s’occuper des femmes de la Paroisse, du dispensaire et de la formation des jeunes filles. Nombreuses ont été les filles qui ont pu profiter de leur enseignement surtout dans le cours ménager. Aujourd’hui les Sœurs multiplient leurs activités en faisant des stages dans les différentes succursales, et ceux-ci sont très appréciés.

Par la fondation de la Mission de Ségué, en 1949, puis de la Mission de Pel en 1952, l’une et l’autre établies par  Monseigneur Lesourd, une partie du Pays dogon, plateau et plaine, était en voie d’évangélisation.

Monseigneur Landru, qui reçut ensuite la charge de cette région, envisagea dès 1953 de fonder un troisième poste de Mission. Ce fut Bandiagara qui fut retenu. Par faute du personnel, la fondation de la Mission de Bandiagara, décidée pour Pâques 1954, puis fin août, fut enfin fixée au 1er novembre 1954. Le Père Jean Leger est le fondateur de la Mission de Bandiagara.

En  1956, l’école des catéchistes a ouvert ses portes et la première promotion sortait le 12 avril 1959 après la fête.

Le 6 mars 1959, trois sœurs (Soeur Marie (Bénigne), Sœur Hélène et Sœur Maria (Carmen) viennent renforcer l’équipe apostolique. C’est Monseigneur Landru qui vient les installer dans leur maison. 

En 1953, les Pères sont déjà installés à Pel. De là, ils prospectèrent les villages de la falaise et de la plaine du Gondo. Un peu partout, ils rencontrent des anciens combattants, et seules personnes à savoir parler un peu le français. Grâce à ces auxiliaires, les Pères purent expliquer aux populations locales la « Nouvelle Voie » de Dieu qu’ils apportaient.

C’est ainsi qu’en 1954, Amaguno DOUYON, ancien combattant, rencontre le Père Paul van Ravestyn. A l’issue de leur entretien, le Père Paul lui promet de venir visiter son village : Barapiréli.

En 1956, le Père Paul décide avec l’accord de Monseigneur Landru de s’installer à Sögou et d’y fonder la Mission. Bien vite, le peu de zèle et le non-sérieux des populations (des priants) de ce village lui font changer d’avis. Son choix se tourne, alors, vers Barapiréli.

C’est ainsi qu’en octobre 1957, il demande à Mgr Landru, l’autorisation de fonder la Mission de Barapiréli. Avec l’accord du Chef de village et l’accord de quelques notables, le Père Paul fit signer l’acte officiel de la fondation de la Mission de Barapiréli.

A part un petit incident provoqué par la communauté protestante en place depuis une dizaine d’années, la fondation de la Mission de Barapireli fut sans difficultés majeures. Il faut dire que dès 1955, un très gros travail de conversion avait été fait. Des émissaires avaient été envoyés par le Père Paul dans tous les villages, afin d’engager les gens à embrasser la Nouvelle Religion. Les nouveaux convertis étaient pleins de zèle dans le travail de la Mission.

Le 10 mai 1964, ce fut la bénédiction de la nouvelle église en dur, la précédente en banco et toit en chaume menaçait ruine et devenait un danger public.

C’est Monseigneur Luc Sangaré, Archevêque de Bamako qui bénit l’église et Monseigneur Landru célébra l’Eucharistie, au cours de laquelle il donna le Sacrement de Confirmation à 15 adultes.

Le 21 décembre 1971, les Sœurs de Notre Dame Auxiliatrice de Montpellier sont accueillies en grande fête : Sœur  Marcelle, Sœur  Marie-Noëlle et Sœur Jeanne. Grâce à elles, une maternité et un cours ménager voient le jour.

Ce rapide survol de l’histoire du diocèse de Mopti permet de constater que l’enfant né dans les sables de Tombouctou et de Gao, a trouvé finalement sa maturité dans les falaises le plateau et la plaine du Pays Dogon.

Mais cette histoire lui confère sans doute une vocation spéciale à l’intérieur de l’Eglise malienne : demeurer le signe que l’Evangile doit être proclamé partout. Aussi bien dans les milieux islamisés à 100% où ce diocèse a vu le jour, que dans les milieux qui se révèlent avides de suivre le Christ, comme au Pays Dogon où ce diocèse atteint sa majorité.

C’est l’Esprit du créateur a suscité, dans cette Eglise diocésaine de Mopti, les vocations sacerdotales et religieuses. Aujourd’hui, cinquante cinq ans (1957 à 2012) seulement après ces évènements, nous vérifions, dans l’action de grâce, la justesse de l’adage: « le sang des martyrs est semence des chrétiens ».

Pour toutes ces vocations sacerdotales et religieuses, il nous faut dire merci à Dieu. Pour toutes ces merveilles, nous exprimons notre reconnaissance à notre Dieu.