Homelie de L'archeveque de Bamako à la veillée de Pâques 2013

Bien chers frères et Sœurs en Jésus Christ,

Bien chers frères et Sœurs en humanité,

De par la grâce de Dieu, nous nous retrouvons dans cette cour  de l’école de la Cathédrale, pour célébrer la Résurrection de Jésus.

Les circonstances voulues par la providence, nous obligent à commencer plus tôt, pour terminer plus tôt. Nous rentrerons chez nous pour continuer la célébration dans une ambiance de joie contenue.  Nous le ferons en pensant

A nos frères d’armes, ceux qui sont au front, ceux qui sont blessés, ceux qui ont perdu leur vie, ceux qui sont loin de leur famille, ceux qui ont été mutilés et humiliés pour toujours. Nous le ferons en pensant à tous ceux et toutes celles qui sont chargés de veiller sur nous et sur nos biens, tous ceux et toutes celles qui sont chargés de la gestion de la situation. Que l’Esprit de sagesse les habite pour penser, dire, faire et faire faire ce qu’il faut pour en sortir.

Bien chers frères et sœurs,

Ma méditation s’inspirera de la situation que connaît le pays le Mali depuis un an, situation qui a connu une détérioration depuis les attaques de Konan et Jabali. Situation que nous vivons dans une année toute spéciale. L’Année de la foi. Il  s’agit de nous interroger sur les vraies motivations de notre Foi. Foi dans laquelle vont s’engager au cours de la veillée pascale 2013, des centaines de catéchumènes dans les paroisses des 6 diocèses du Mali. Cela se passera partout sauf hélas dans les Régions occupées et en cours de libération : Kidal, Gao, Tombouctou. Avec eux, nous tous déjà baptisés, nous renouvellerons notre engagement baptismal.

Bien chers frères et sœurs, le Pape émérite Benoît XVI,  avant sa décision de céder son tablier de Pasteur à celui sur lequel le Seigneur aura porté son choix, nous pouvons dire qu’il a posé un geste prophétique en décidant une année de la Foi.

Commencée le 11 octobre 2013, elle s’achèvera avec la solennité  du Christ Roi de l’Univers le 24 novembre 2013. Cette date est celle du 125ème anniversaire de la Fondation de l’Eglise du Mali. Alla ka O don jira an na !

Comment renouveler notre engagement de Baptême  alors que plane sur notre pays la menace de ce que le Pape Benoît a appelé en 2009, au cours du second synode spéciale pour l’Afrique, le virus du matérialisme et du fondamentalisme religieux.

L’invasion des Jihadistes de Konan et de Jabaly avec la ferme détermination d’imposer la sharia de Kidal à Kayes le 10 janvier, a semé la peur dans nos cœurs. Elle compromettait tout espoir de retour de nos  frères chrétiens du Nord chez eux. Elle menaçait  les libertés fondamentales et tout ce qui tissait les trames de notre vivre ensemble multi séculaires, les parentés à plaisanterie « Sinan kounya » le partage des joies et des peines à travers les rites de passage comme :

La naissance,

L’initiation

Le mariage

La maladie

Le décès.

Tout cela donnait l’occasion à des rencontres  à des témoignages de sympathie sans distinction de race, de langues, de  culture, d’opinion politique, de religion et de niveau social.

C’est tout cela que menaçaient les attaques de Konan et de Jabali. Si elles réussissaient, o tun yé an tole yé a la !

Dieu ne dort pas. Alla bè an fè, An ka na kè an yèrèma juguw yé !

Oui Dieu nous aime. Les prières faites en 2012, prières qui ont accompagné les différentes péripéties de la crise malienne, Dieu les a entendues. Comme au temps de Moïse ; Il a vue, la misère de son peuple. Il a entendu les cris de son peuple, ceux des veuves, des orphelins. C’est pourquoi, depuis le 11 janvier 2013 nos cœurs habités par la peur et le désespoir, vibrent de confiance et d’espérance, jonni kunandi= Sababou nyuman !

Nos cœurs vibrent de confiance et se remplissent d’espérance. En effet, nous comprenons en cette année de la Foi, la promptitude de la réponse du Président de la France, François Hollande, au SOS du Président par Intérim Jonkounda Traoré, comme une intervention divine : Alla yé am bo bolola !

Halibi Alla k’an bo bolo la ! Alla ka jamana Bassigui !

Cette intervention de la providence à un moment où nous demandons si nous allons célébrer Pâques au Mali ! Pâques du 125ème anniversaire de l’Eglise Catholique au Mali. 125ème anniversaire de l’hospitalité offerte aux messagers, témoins, frères  et apôtres de Jésus.

Cette intervention devient pour nous, une occasion par laquelle le Seigneur consolide notre Foi en la soumettant à l’épreuve. C’est pourquoi, catéchumènes qui allez recevoir ce soir le baptême, sachez que vous êtes appelés à entrer dans une communauté qui peut à tout moment subir la purification.

A cause de cette persécution ou d’autres difficultés, certains décidèront de cesser de suivre Jésus comme les disciples qui le quittent après avoir entendu le discours sur le pain de vie. Ils le quittèrent en disant : Ces paroles sont trop dures. Qui peur les entendre ?

Tel est aussi le cas du jeune riche. Il court après Jésus pour lui demander ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle ? Il connaissait les commandements et les mettaient en pratique. Mais lorsque Jésus lui demande d’aller vendre tous ses biens, de les donner aux pauvres, le jeune homme recule. Il s’en alla tout triste. Savez-vous pourquoi ?   

Son cœur était plus attaché aux choses de Dieu qu’à Dieu Lui-même. Tel est surtout le cas de tous les apôtres qui l e renient et l’abandonnent le soir lors de son arrestation.

Nous avons des exemples positifs.

Zachée.

Il cherche à voir Jésus coûte que coûte.

 Il accueille Jésus.

Il manifeste sa conversion en dédommageant ceux auxquels il a fait du tort et

Il porte la moitié de son avoir aux pauvres. Ainsi il ouvrait son cœur à Dieu

Nous pensons aussi à Mathieu le collecteur d’impôts. Malgré les qu’en dira t -on, il quitte tout pour suivre Jésus.

Nous pensons à Pierre  et à sa suite.

En cette nuit du baptême pour les catéchumènes et de renouvellement de notre profession de foi, nous disons à sa suite « A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les Paroles de la vie  éternelles. Nous faisons nôtre  enfin

Epitre aux Romains 8                                                                                                     

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a as épargné son propre fils mais l’a livré pour nous. Qui nous séparera de l’amour du Christ     ? La Tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, le glaive ? J’en ai l’assurance, ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Cette belle profession de foi de l’Apôtre Paul à l’heure des persécutions, il disait aux Romains 8

Dieu nous a tant aimés qu’Il nous a donné son Fils, ce fils nous a tant aimés qu’Il est mort pour nous.

Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Rien, rien absolument !

C’est nous dire bien chers frères et sœurs qui allez être baptisés et nous allons renouveler nos engagements, nous allons le faire dans la communion avec l’immense foule des témoins de tous les âges et de tous les temps, les saintes et saints. N’oublions pas de les appeler à notre secours. Que leur intercession soit notre appui et que leurs exemples nous entraînent.

Dans les tempêtes de la vie de chaque jour, ils nous aideront à garder allumée la lumière du Christ au fond de nos cœurs.

Dans les tempêtes de la vie, ils nous aideront à entretenir l’habit blanc de la sainteté. Autant de fois que nous le salirons autant de foi nous trouverons en Jésus Celui  qui nuit et jour ne cesse d’implorer sur nous le pardon de Dieu. Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font !

Que Marie notre Mère nous apprenne à faire cette prière pour ceux qui nous ont offensé et que nous offensons. Nous deviendrons de dignes enfants de notre Père qui fait lever le soleil, pleuvoir la pluie sur les bons et moins bons. C’est ainsi que nous serons pour Jésus :

  • Ses disciples
  • Ses apôtres
  • Ses frères et sœurs
  • Ses amis
  • Ses témoins

Joyeuses fêtes de Pâques !                                                    

                                                                                                                                      + Monseigneur Jean ZERBO

                                                                                                                                         Archevêque de Bamako