Décès de la Soeur ANNA COULIBALY

Née à Ségou le 25 décembre 1925, soeur Anna Coulibaly est l'une des premières religieuses de l'institut des filles du coeur Immaculé de Marie. Elle a prononcé ses premiers voeux à Kita le 10 mai 1945 au même moment que les Antoinette Soucko et Jeanne d'Arc.

depuis quelques années soeur Anna était à la maison de repos des Filles du coeur Immaculé de Marie à Kati. c'est là que le seigneur l'a rappelé à lui le 23 Octobre 2014; Les obsèques ont eu lieu le lundi 27 octobre à la maison de formation des FCIM 0 Kati! Que la terre lui soit légère et que le Seigneur l'accueille dans son Royaume.

ORAISON FUNEBRE SŒUR ANNA COULIBALY

Excellence Monseigneur Jean ZERBO, Archevêque de Bamako, Révérends Prêtres, révérendes Sœurs, révérends Frères, chers frères et sœurs en Christ, bonsoir.

Le 23 octobre 2014, à 18h20, Sœur Anna s’en est allée, à l’âge de 89 ans dont 69 au service du Seigneur dans la vie religieuse. Et nous voilà rassemblés et solidaires en ce lieu pour l’accompagner dans son dernier voyage. Avant de la laisser partir, nous demandons à l’auguste assemblée, de nous permettre de lui dire un dernier mot.

Sœur Anna, que te dire et que dire de toi, en ce jour où tu nous quitte pour la patrie céleste ?

Telle que je te connais, je sais que tu me répondrais : « Ne dis rien. Laisse-moi partir discrètement. Ecoute seulement mon silence. Regarde simplement mon sourire et sache que je suis heureuse. Je suis heureuse d’aller à la rencontre de mon époux, auprès de mon Père céleste, en compagnie de ma Mère la Vierge Marie, de Sainte Anne, sa mère et ma Sainte patronne et de Monseigneur Molin, an ka Cèkoroba. »

Si telle aurait été ta volonté, je me permets, cependant d’aller contre elle aujourd’hui. Malgré ton humilité et ta discrétion, laisse-moi te dire un mot, juste un mot, toi notre pionnière. Avec Sœur Jeanne d’Arc Diarra, paix à son âme et Sœur Antoinette Souko, vous être les fondatrices, au sens vrai du terme, de notre Institut. En effet, si l’idée de fonder une Congrégation religieuse au Mali est venue de Monseigneur Paul Marie Molin, vous avez été les premières à avoir cru au charisme du fondateur et à lui avoir donné forme en l’incarnant au jour le jour par le vécu quotidien et concret des exigences de la vie religieuse. Vous avez été la bonne terre dans laquelle la semence de la vie religieuse a été enfouie, a germé, a poussé et a porté du fruit, cent pour un.

La lecture de l’histoire de notre Institut, nous montre que vous avez beaucoup souffert. Ce que nous sommes aujourd’hui, nous le devons à votre courage, votre détermination et votre endurance. Puisse le Seigneur transformer tout cela en abondantes grâces pour notre Institut.

Sœur Anna COULIBALY, tu nous quitte aujourd’hui, dans ta 89ème année après 69 ans dans l’Institut des FCIM, que retenir de ta longue et exceptionnelle vie ?

Nous retenons de ta vie trois choses que nous aimerions proposer comme modèle de vie à nous, les jeunes générations de FCIM : ton amour pour Jésus et sa mère, ton amour pour la vie religieuse et ton Institut, ton amour pour l’apostolat.

Tous ceux qui t’ont connue conviendront avec moi que tu fus une femme de foi, profondément attaché à Jésus et à sa mère, la Vierge Marie. Alors que tu étais encore solide, tu étais toujours à la chapelle avant 6heures et le soir, tu te rendais à la grotte au moins 30mn avant l’heure du chapelet communautaire. Tu ne passais jamais devant la chapelle même fermées et la statue de la vierge Marie sans t’incliner en signe de dévotion.

Une des pionnières de notre Institut, tu as aimé la vie religieuse et tu y as trouvé ton bonheur. Ton attachement aux valeurs religieuses de chasteté, pauvreté et obéissance reste pour nous un exemple à imiter. Tu avais un sens élevé de la famille et tu considérais chaque sèrè-fing comme tu nous appelais comme membre de ta famille, chacune à son rang, soit comme, sœur, fille ou petite fille. Profondément attachée à ta famille religieuse, tu ne faisais aucune différence entre tes consœurs. Du haut du ciel, continue à prier pour cet Institut dans lequel tu t’es consacrée, pour lequel tu as enduré tant et tant de souffrances. Obtiens-nous du Seigneur, la grâce de l’unité dans la diversité, la grâce de l’amour fraternel entre nous.

Enfin nous retenons de toi, ton amour pour l’apostolat. De Kita à Kati, de Guénégoré à Pèl de Gualala à Ségou, tu as sillonné l’ensemble du territoire malien pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ aux hommes et aux femmes de toute culture et de toute condition sociale, te faisant toute à tous. Les populations de Wassorola, Fanafien, Kambila, et autres villages de la paroisse de Kati gardent encore le souvenir de tes passages, chaque semaine pour apprendre aux femmes à tricoter.

Sœur Anna, tu as beaucoup travaille mais tu as surtout connu la souffrance. Tu as pris ta croix à la suite du Christ, jusqu’au bout. Sans parler des nombreuses épreuves que tu as connues dans la vie, nous retenons celles que tu as endurées ces dernières années. Frappée de surdité depuis plus de 20 ans, tu es restée paralysée pendant presque 6 ans, entièrement dépendante des autres pour tout, même pour manger. C’est ton humilité qui t’a aidée à assumer dans un abandon souriant ton impuissance physique.

Dans la souffrance, tu as trouvé ton arme : le chapelet, ce chapelet que tu disais jour et nuit. Tu as vite compris que ta vocation première de FCIM, se configurer au Christ, l’envoyé du Père et participer à sa mission salvifique en imitant l’ardente charité du Cœur Immaculé de Marie et son entier dévouement à Dieu et aux hommes, se réalise dans la prière. Appauvrie de corps, tu es devenue plus proche de l’homme de notre monde, pauvre et malade. Tu es devenue plus que jamais semblable à lui. Comprenant mieux les besoins de notre monde, tu es devenue plus active dans l’apostolat qu’au moment où tu sillonnais les villages et les rue des villes pour enseigner la catéchèse, apprendre aux femmes à prendre soins de leur famille. Tu as été apôtre jusqu’à ton dernier souffle.

Tu as incarné les valeurs humaines, chrétiennes et religieuse indispensables pour vivre une vie religieuse heureuse, une vie communautaire harmonieuse et une vie apostolique épanouie. Au moment où tu nous quitte, nous voulons te rendre hommage pour ta foi en Jésus Christ, pour ton amour pour la vie religieuse, pour ton amour pour ton Institut et pour ton amour pour l’apostolat.

Sœur Anna, tu es aussi une femme qui a su affronter la maladie, qui a su supporter vaille que vaille le choc psychologique et humain qu’a été ton passage de Sœur active à celui de religieuse handicapée, réduite et dépendante d’autrui.

C’est aussi pour cette raison que j’aimerais dire un grand merci, un merci aux allures d’éternité à tous ceux et celles qui ont accompagné Sœur Anna dans sa maladie, jour après jour, mois après mois, année après année : les sœurs qui se sont succédé à l’Arche ces dernières années, les Sœurs de la maison de formation, les jeunes en formation, toutes les Sœurs qui ont consacré de leur temps et prodigué un peu d’affection à notre Sœur dans sa longue épreuve. Que le Seigneur vous comble au-delà de vos mérites et de vos attentes. Je remercie spécialement la famille humaine de notre Sœur. Sœur Anna a été une sœur bien entourée par sa famille de sang, par ses neveux et nièces, petits neveux et petites nièces quand elle était en bonne santé comme quand la maladie l’a clouée dans sa chambre. Votre affection ne lui a jamais manqué. Merci à chacun de vous. Que le Seigneur vous donne en retour d’abondantes grâces. Je tiens à remercier chacun de vous qui depuis l’annonce du retour à Dieu de notre Sœur n’avez cessé de nous entourez de votre affection et de votre sympathie. Que le Seigneur dans sa bonté vous gratifie de toute grâce.

Sœur Anna, aujourd’hui, ce n’est pas un adieu que je t’adresse, non, car tu resteras aux côtés de chacun de nous, juste à côté, comme un formidable personnage que l’on ne cessera jamais d’aimer.

Sœur Anna, tu es maintenant sur l’autre rive. Tu reposes dans la sérénité. Nous sommes sûres que tu as déjà rencontré la Vierge Marie, tous les saints, en particulier Sainte Anne et surtout Monseigneur Paul Marie Molin. Tu as été souvent son porte parole auprès de nous, maintenant que tu es avec lui, n’oublie pas de lui parler de notre famille, de nos besoins, de nos attentes, de nos vœux. Joins-toi à lui pour intercéder en notre faveur.

Sœur Anna, là où tu es nous te disons merci, merci de ton amour, de ton amitié, de ta fraternité et de ton exemple. Tu resteras dans notre esprit et dans nos cœurs.

Au nom de toutes tes Sœurs, filles, petites filles, je te dis merci. Merci pour ton affection, merci pour ton silence, merci pour ton sourire.

Au nom de tout l’Institut des FCIM, je te demande pardon, pardon pour notre manque d’attention, pour notre manque d’affection, pour tout ce que nous n’avons pas pu faire pour toi.

Sœur Anna, I Coulibaly ! Que ton âme repose en paix !!!

Soeur Esther THERA