Editée pour les amis connus et inconnus, cette chronique présente cent années de mémoire pour une éternité d’espérance.

En voici les chapitres :

  • Repères chroniques
  • La paroisse Bamakoise
  • Paroisses hors de Bamako
  • Quelques portrais                                                                                                      
  • Lies institutions missionnaires
  • La formation des prêtres
  • La formation des catéchistes
  • Laïcs en mouvement
  • Au service du développement

Dans l’énumération qui suit, les caractères italiques  renvoient à des articles concernant les événements, personnes ou faits dont il s’agit. La liste de ces articles est présentée par ordre alphabétique à la fin de la présente « chronique ».

1866    Le 6 août, fondation de la préfecture apostolique du Sahara-Soudan. Elle dépend du Cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger, fondateur des Pères Blancs et des Sœurs Blanche, qui en devient administrateur.

1883    Création du poste militaire de Bamako.

Arrivé le 1er février, le colonel Borgnis-Desbordes, pose la première pierre du fort (5février) sur l’emplacement actuellement occupé par le gouvernorat du District de Bamako.

Bamako est alors peuplé de 2.000 habitants, répartis en trois quartiers :

Niaréla,  Bozola, Tawatila =(Bagadadji)

1887             Binger à Ouéléssébougou

La région du Ouassoulou est sous la domination de l’Almamy Samori Touré.

20 nov. 1888          Fondation de Kita par les Pères du Saint Esprit, mission dépendante de Saint Louis du Sénégal.

13 mars 1891         La « préfecture » du Sahara-Soudan devient « Vicariat »

1892    Mgr Toulotte est nommé vicaire apostolique du Sahara et du Soudan

1897    - Au mois d’août, fondation de          Kati  par Mgr Toulotte.- - Le 18 décembre, arrivée des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (Sœurs Blanches) au Mali  (Kati et Ségou).

19 juil.1901            La préfecture apostolique du Sahara est détachée du vicariat du Soudan. Ségou demeure résidence du vicaire apostolique du seul Soudan. Mgr Hacquart, Mgr Bazin et Mgr Lemaire y séjourneront.

1901-1904  Kati  passe par des épreuves diverses :

1901- incendie  de la chapelle et de la résidence des Sœurs Blanches

1904- persécution administrative coloniale : les sœurs blanches doivent interrompre leur travail à l’hôpital militaire de Kati.

1904    La voie ferrée de Kayes arrive à Bamako et Koulikoro. L’administration coloniale, interdit la fondation de nouveaux postes et multiplie les vexations à l’égard des missionnaires.

1905    A cette époque, un prêtre de Kati dessert Bamako chaque dimanche.

1907    Bamako se développe grâce au chemin de fer, et à cause du transfert du gouvernorat de la colonie Haut-Sénégal-Niger à Koulouba.

1908    Demande d’une concession à Bamako. L’attribution d’un modeste espace permet la construction d’une chapelle et d’un petit pied-à-terre, au lieu de l’actuel jardin « Source Vive ».

1911    Mgr Lemaire (1911-1920), succédant à Mgr Bazin à la tête du vicariat, introduit la moto au Soudan.

1916    Création d’un tribunal pour chrétiens, à Kati.

1918    A Kati : le chemin de fer cède gratuitement des terrains à la mission. Ceux-ci, une fois cultivés, lui permettront d’augmenter ses revenus.

1919    Création de l’école itinérante de Ségou

1921    Le 1er août, un décret de Rome détache le vicariat apostolique de Ouagadougou, de celui du Soudan

1921    Bamako remplace Ségou comme siège du vicariat, qui comprend alors le Mali actuel, le nord de la Guinée, Bobo Dioulasso et le pays Samo.

Mgr Sauvant (1921-1928), premier Vicaire apostolique de Bamako avec résidence à Kati.

1923    Fondation de la mission de Bamako, qui est placée sous le patronage de Sainte Jeanne D’Arc.

Première  équipe affectée à cette mission : PP René Bazin(curé) et Brun, Fr. Maxime.

21 févr.1925          Mgr Sauvant bénit la première pierre de la Cathédrale Ste Jeanne d’Arc.

 

1928    Mgr Paul –Marie Molin, premier vicaire apostolique, résidant à Bamako, souci majeur : clergé africain et religieuses africaines.

27 fév .1929                      fondation de la paroisse de Falajè  par le Père André Tréca

1932    Le P.Camille Cormerais, entreprend la visite de 115 villages dans la région de Ouéléssébougou.

1934    - Le 14 janvier, fondation de la congrégation des Filles Soudanaises de Marie (actuellement Filles du cœur immaculé de Marie)

- 21 novembre : fondation de la paroisse de Goualala

- Sœurs blanches à l’Institut Marchoux, à Djikoroni

1936    - Fondation de la paroisse de Ouéléssébougou.

- A Carthage, le 29 juin, ordination du premier prêtre malien, le P. Prosper kamara

- Achèvement de la Cathédrale de Bamako.

 

1937    - Prise d’habit de deux premières religieuses des Filles Soudanaises de Marie.

-  Décret de Rome (9 mars), détachent la préfecture apostolique de N’Zérékoré du vicariat de Bamako. Elle est confiée à Mgr Guérin.

1939    Le 29 juillet, ordination du 2ème  prêtre malien, le P. François Diallo.

 

1942    Décret de Rome (9 juin) : la préfecture apostolique de Gao-Nouna est détachée du vicariat du Soudan, et confiée à Mgr Lesourd qui établit sa résidence à Nouna.

 

1944    Le P. Bouvier, curé de Bamako, est choisi par Mgr Molin comme vicaire délégué, et directeur de l’enseignement catholique. Il est président fondateur de l’équipe de football « Jeanne –d’Arc » de Bamako.

 

12 juin 1947           Un décret de Rome crée trois préfectures apostoliques

-celle de Gao, séparée de Nouna et confiée à Mgr Pierre Leclerc

-celle de Sikasso, séparée de Bobo-Dioulasso et confiée à Mgr Didier de Montclos

-celle de Kayes, séparée de Bamako et confiée à Mgr Etienne Courtois.

 

1949    Mgr Molin donne sa démission et se retire à Falajè, (1950) où il meurt en 1967.Mgr Leclerc est nommé vicaire apostolique à Bamako

 

1950    - Le 25 mars, cathédrale de Bamako : sacre de Mgr Leclerc par Mgr Molin

1950    - Le 27 mars, ordination sacerdotale de l’Abbé David TRAORE  par Mgr Leclerc dans la cathédrale de Bamako

 

1950    Centre agricole à Ntonimba

 

1951    Fondation de la paroisse de Bougouni

 

1952    - Le Père Bouvier meurt accidentellement

- Début du Cours Jeanne d’Arc

- Fondation de la JOC au Mali par le P. Laridan, qui assure aussi les bases du mouvement « Cœurs vaillants-Ames vaillantes ».

 

6 mars 1953           Décret de Rome portant réorganisation de la préfecture apostolique de Gao (Mopti +Sahara malien) confiée à Mgr Landru.

 

1954    Ordination de l’Abbé Luc Sangaré, le 12 septembre. Il est nommé vicaire à Bamako.

 

1955    Missira : construction d’un bâtiment et d’une chapelle.

En mai, fondation  de la Légion de Marie à Kati et Bamako par un délégué du Conseil International.

En septembre, Bamako devient archidiocèse.

 

1956    - 21 février : Mgr Leclerc est installé premier Archevêque de Bamako.

- Ouverture de la « librairie du foyer » par le P. Descours, curé de la cathédrale. Cette librairie  dont le but est de fournir des libres scolaires est rattachée à la direction de l’enseignement catholique (responsable : P. Bruno Michel).

- Le P. Bruno Michel ouvre un Centre professionnel  à Niaréla.

 

1957    - Création du secteur paroissial  Badialan 2

- Débuts de la JEC avec  les PP Descours et Chardin

- 30 avril : ordination sacerdotale de l’Abbé Julien –Marie Sidibé.

- Notre Dame du Niger ouvre quatre classes

 

1958    - Création du secteur paroissial « la base » (ex-base aérienne) installation d’une chapelle

- octobre : ouverture du Séminaire Pie XII

 

1959    - 7 janvier : fondation du Secours catholique malien (SECAMA)

- 4 avril : ordination sacerdotale de l’Abbé Jean Marie Cissé.

- A Falajè, création d’un Centre d’étude de langues

-  Arrivée des Sœurs de Sainte Clotilde

 

22 sept.1960         Proclamation de l’indépendance du Mali

 

1962    Décrets romains portant création du diocèse de - - - Ségou, dont Mgr Leclerc devient « évêque –archevêque »

- Mission « sui juris » de San

- Diocèse de Kayes, de Sikasso, de Mopti

- 26 mai : ordination épiscopale de Mgr Luc Sangaré, premier évêque malien. Il succède à Mgr Leclerc comme archevêque de Bamako.

- Fondation de la maison des Filles du Cœur immaculé de Marie à Ntominkorobougou.

- La librairie du Foyer devient Djoliba

 

1963    - 6 mars : inauguration officielle du Lycée Prosper Kamara.

-Août : inauguration du service culturel de l’épiscopat malien.

 

1964    - janvier : inauguration du Centre Djoliba

 

1965    - Fondation de la paroisse de Kolokani

- octobre : arrivée des petites sœurs du Sacré Cœur.

 

1966    - avril, premier pèlerinage national à Kita, quinze jours après Pâques.

- juin : fondation du secteur pastoral de Lafiabougou.

 

1967    Publication des statuts de la Conférence Episcopale du Mali

 

1967-1968  -A Badalabougou, construction d’un foyer d’étudiants dont la salle de conférences sert de lieu de culte.

 

1969    - Le P. Jean –Baptiste Mayté est nommé secrétaire de la Conférence épiscopale.

- Arrivée des Sœurs de St Vincent de Paul d’opwick.

1970    - Construction et mise en service, sur le platerau de Kati, d’un nouveau centre d’émetteur radio.

- juin : à Kati, ordination sacerdotale de l’abbé Bernard Kané.

- Septembre : arrivée des Sœurs de la Charité de Saints Louis..

 

Octobre 1971        Ouverture du petit séminaire de Koulikoro.

 

1972    Convention scolaire entre l’état malien et la Conférence Episcopale du Mali

 

1973    - Construction de la maison régionale des PP Blancs à korofina.

- Création d’une pouponnière tenue par les Filles du Cœur immaculé de Marie.

 

1973    Du 26 au 30 juin, première session nationale des laïcs

 

1975    19 avril : ordination sacerdotale de l’abbé Jean Marie Traoré

 

1977    - Ouverture du premier cycle de l’école Prosper kamara

- L’école de la cathédrale est dotée d’un 2ème cycle.

 

1978    A Notre Dame du Niger, la direction du lycée devient laïque ; les Sœurs de la Charité de St Louis prennent la responsabilité du 2ème cycle fondamental, et l’établissement supprime son internat.

 

1980    Korofina devient secteur paroissial.

 

1984    - le 14 janvier, cinquantenaire de la Congrégation des Filles du Cœur Immaculé de Marie.

- En octobre, fondation du premier cycle du Grand Séminaire régional Saint Augustin, implanté à Sébénikoro, puis à Samaya (1988).

 

1985    Au Centre Professionnel Père –Michel  de Niaréla, la gestion et la direction sont confiées aux PP. Salésiens à partir du mois de septembre.

1987    - 11 mai : décès de l’abbé David Traoré

-  15 Août : création de l’Organisation nationale des femmes catholiques.

- Le 22 septembre, arrivée à Bamako des Sœurs de la divine providence  de Saint –jean de Bassel.

 

1988    - L’abbé Jean Zerbo est nommé, le 6 août, évêque auxiliaire de Bamako.

Son ordination épiscopale a lieu le 20 novembre.

- 19 novembre : ordination de l’abbé Timothée Diallo.

 

I- LA PAROISSE BAMAKOISE

La ville de Bamako, en continuelle expansion, comptera bientôt un million d’habitants. Elle comprend une soixantaine de quartiers dont l’ensemble est administrativement réparti en six communes : quatre sur la rive gauche du Niger, deux sur la rive droite. On peut estimer le nombre de catholiques à environ 15.000 au sein d’une population globalement musulmane. L’islam malien est traditionnellement tolérant ; depuis peu, des pressions surtout extérieures –créent un courant assez intégriste, de faible amplitude, mais d’influence certaine dans la mesure où des milieux commerçants tâchent de le propager. Dans la  capitale, les chrétiens protestants sont quelques milliers. On note aussi l’action de quelques sectes, surtout d’origine étrangère (par exemple, Témoins de Jéhovah, Moon..)

 

La paroisse bamakoise englobe l’ensemble de Bamako, ainsi que Koulikoro et un certain nombre de villages alentour. Elle se compose de secteurs paroissiaux, dont chacun comprend des communautés de base dans les quartiers.  Aujourd’hui, plus de quarante communautés catholiques sont établies dans la ville. C’est surtout depuis 1961 que prévaut l’option d’animer ces communautés de quartier, en formant les chrétiens à y assumer leurs propres responsabilités dans la vie de l’Eglise et dans celle du quartier.

 

Il s’agit, en effet, d’asseoir l’avenir sur les communautés chrétiennes elles-mêmes, d’où la nécessité de tisser des liens étroits entre paroisse, petites communautés et mouvements. Les communautés doivent se doter de responsables, d’animateurs de prière commune et de services : telle est la condition d’une foi célébrée et transmise, d’un amour traduit d ans le service des autres. Il leur faut en même temps un équipement minimum : un terrain où elles aient un lieu de prière décent, avec une ou plusieurs salles de réunion. Cela demandait, ces dernières années, et continue de demander un gros effort d’investissement. Foi chrétienne et développement (ou action sociale) ne pouvant être séparés, les équipements communautaires sont toujours polyvalents : l’objectif de la paroisse consiste à aider les fidèles à prendre toutes leurs responsabilités humaines, de sorte que baptême et eucharistie, prière et action animent un véritable partenariat et l’exercice de responsabilités communes.

 

En somme,  le témoignage de toutes ces communautés qui constituent la paroisse  bamakoise se fait missionnaire au sein d’un peuple profondément marqué par l’islam et par les religions traditionnelles. Loin d’être l’affaire  de « mon Père » ou de « ma sœur », la mission se manifeste comme transmission communautaire : l’important est que les communautés paroissiales, se refusant à tourner en rond dans leurs petits problèmes internes, croissent dans l’Esprit Missionnaire de Jésus Christ, fils de Dieu.

 

LA CATHEDRALE

 

A Bamako, le mot « cathédrale »  s’emploie dans deux sens à la fois distincts et connexes.

C’est d’abord l’église cathédrale, qui, achevée en 1936, signifie la présence de l’Eglise catholique dans la ville ; elle y fut jusqu’en 1957, le seul lieu de culte officiel.

C’est aussi la maison située en face : celle-ci, outre le bâtiment qui héberge une école fondamentale de garçons, groupe les divers services de l’archidiocèse, ainsi que ceux d’une paroisse qui centralise toutes les activités religieuses catholiques de la capitale.

 

Les débuts

Depuis  1897, Bamako est devenu le siège du Gouvernement de la colonie ; le site connaît alors une transformation rapide, des quartiers vont naître avec artères bien tracées. Le village traditionnel qui s’urbanise est vite envahi par tous les nouveaux venus, fonctionnaires, commerçants et chercheurs d’emploi.

A la fin de cette année 1897, une mission catholique s’établit à Kati, et c’est de Kati que les Pères viennent visiter les chrétiens présents à Bamako. Parmi ceux-ci, on ne compte en 1906 qu’une trentaine d’africains, la plupart employés ou ouvriers étrangers attirés par les chantiers. La population européenne, elle aussi, augmente vite : aux militaires, s’ajoutent des fonctionnaires avec leur famille, ainsi que des commerçants (dont beaucoup dons libanais).

En 1907, la mission acquiert le terrain sur lequel fonctionne l’actuel jardin d’enfants Source Vive.  On y construit en 1910 un bâtiment de 15x7m, qui servira de chapelle : il paraît bien petit derrière le superbe bâtiment des postes » On rêve déjà d’une cathédrale, mais un ministère régulier trouve désormais son lieu à Bamako. De plus, en 1914, un Père est demandé pour assurer l’aumônier de l’hôpital du Point G.

Les statistiques officielles de 1922 font états de 500 européens, 100 syriens et quelque 16.000 à 18.000 africains. C’est alors que la décision est prise d’une fondation missionnaires à Bamako/ Mgr. Sauvant achète un terrain où se trouvait le « Soudan-club », et, l’année suivante, un terrain voisin situé de l’autre côté  de la rue et destiné à la construction de la cathédrale. On veut, en effet, un monument « susceptible d’attirer l’attention, mais qui ne ressemble pas à une mosquée. »

Le premier curé, nommé en 1923,  est le Père René Bazin, qu’assiste le P. Brun, procureur du vicariat apostolique. Quand à Mgr Sauvant, il continuera de résider à Kati jusqu’à ce qu’il regagne la France, en 1926, pour raison  de santé. En  1924, les Pères signalent la difficulté de réunir les chrétiens, étant donné la grande variété de leurs origines ; ils espèrent que la construction de la cathédrale facilitera le rassemblement.

 

L’église cathédrale,

Sitôt la décision prise d’édifier une cathédrale, la collecte des fonds bat son plein, tant sur place qu’en Europe, et l’on commence rapidement les travaux. Le 21 février 1925, la première pierre est bénite  par Mgr Sauvant  en présence du maréchal Pétain. Deux ans plus tard, le bâtiment est utilisable, mais le curé écrit : «  la population européenne  en profite bien peu ! Ils se plaignent de l’exiguïté  de la chapelle, mais ils ne viennent pas plus dans la cathédrale. «  Tout l’effort des Pères se porte sur le repérage des chrétiens africains isolés. On compte alors 300 fidèles.

A la fin de 1924, les Pères doublent la surface de leur maison, pourvue en outre d’un étage à de décembre 1928, Mgr Molin, nouveau vicaire apostolique, s’y installe. Désormais, pendant 42 ans, la « cathédrale » sera en même temps centre du vicariat et paroisse.

 

Quelques dates interdiocésaines

1930    Les Sœurs Blanches arrivent à  Bamako en septembre. Pour elles, a été acheté tout le carré entourant l’ancienne chapelle, avec une demeure à étage (20x10m) qui appartenait à une maison de commerce. Vu sa situation, on appellera communément ce lieu «  La Poste ». Elles ouvrent immédiatement une école de quatre classes : deux gratuites  pour ceux qui n’ont pas de moyens, et deux payantes.

1931    - 37 garçons et 34 filles sont inscrits comme élèves chez les Sœurs. D’emblée Mgr Molin entend donner une forte impulsion au développement d’écoles.

- Construction de la partie de la maison affectée  au vicariat apostolique : trois chambres au rez - de –chaussée, trois chambres à l’étage.

- Deux Sœurs soignent les malades, surtout des lépreux. Les soins n’ont pas seulement lieu en laboratoire, mais au travers de visites à domicile, ce qui leur ouvre de nombreuses portes.

1931-1932 - Cent quinze villages sont visités entre Bamako et Bougouni (prélude à la fondation de Ouélésébougou, quelques années plus tard). La capitale n’est pas seule, en effet, à occuper les missionnaires, qui ont aussi la responsabilité de koulikoro et d’une aire s’étendant en direction de la Guinée. Leurs déplacements ont été facilités par la construction d’une chaussée submersible (Sotuba) inaugurée en février 1929.

1932-1933  Pour pénétrer dans les quartiers, on y organise des séances de projection. La croisade eucharistique  groupe 25 enfants, et un cercle d’études démarre.

1935-1936  Construction de trois bureaux et d’un magasin au sud-est de la concession des Pères. Acquisition du terrain de l’actuelle école, par échange avec un terrain de Kayes.

On signale un gros handicap : le personnel missionnaire est trop changeant (trois supérieurs en un an.)

Arrivée du P. Bouvier en 1936 ; son rayonnement marquera la jeunesse.

1949    Le Père Bouvier devient chef de district sportif de Bamako. Trois ans plus tard, hélas, il meurt noyé à Nasso, mais son souvenir demeurera bien vivant, avec celui de son équipe de football La Jeanne. Le grand stade de N’Tomikorobougou portera un temps son nom (actuel stade Mamadou Konaté).

1950    Mgr Molin, qui a démissionné de sa charge, rejoint Faladiè après 22 ans de travail acharné à Bamako. Il laisse à son successeur, Mgr Leclerc, une implantation solide qui va pouvoir se développer régulièrement. Les écoles se sont multipliées. Un cours complémentaire avec enseignement ménager fonctionne, et une classe de 6ème moderne débute. Des mouvements s’organisent : JOC, CFTC, Scouts, Cœurs vaillants et Ames vaillantes. C’est une période de changement socio - politique : un code du travail est mis en place, et Bamako devient commune de plein exercice, avec élection du maire et de ses conseillers. « Accélération de l’histoire, une belle heure pour l’apostolat », dit le nouveau vicaire apostolique.

1954    - Un nouveau bâtiment à étage rejoint à la maison des Pères les deux ailes existantes.

- La cathédrale reçoit son crépissage extérieur et son premier badigeon…

 

Un archidiocèse est né, la paroisse s’agrandit

Le 14 septembre 1955,  une « bulle «  romaine établit la hiérarchie en Afrique occidentale. Mgr Leclerc est installé premier archevêque de Bamako, le 21 février 1956, l’année même où démarre à Niaréla, le Centre Professionnel du P. Michel.

En 1958,                   Les « Rencontres africaines » concourent activement à compléter la formation des femmes et des jeunes filles. A cette époque, la rive droite commence à se peupler, avant même la construction du pont sur le Niger

1959    : Deux prêtres « Fidei donum » viennent seconder le progrès des mouvements d’action catholique. Arrivée aussi d’un moine maronite, responsable de la communauté des 8OO libanais établis au Soudan.

Bamako est devenu une grande ville, et la cathédrale seule ne peut plus rassembler tous les fidèles ; on envisage la création de « secteurs » paroissiaux, bien que le terme ne soit pas encore employé. Dès 1957, c’était le Badialan. La communauté de Missira s’organise en 1960. L’ouverture du pont, en 1962, déclenchera une sorte d’exode vers la rive droite, sur laquelle s’ouvre en 1968, un foyer d’étudiants à Badala, où les Pères viennent s’installer l’année suivante. En 1966, Lafiabougou possède sa chapelle. Korofina voir le jour en 1972.

Un événement significatif est la session nationale des laïcs, du 26 au 30 août 1973. Celle-ci a déterminé une accélération de la prise en charge par les laïcs de multiples activités paroissiales, avec la création de conseils paroissiaux qui confèrent son visage actuel à la grande paroisse « Cathédrale », ainsi qu’à ses nombreuses communautés chrétiennes.

BADIALAN

Récente est l’histoire de la communauté chrétienne. Vers 1950, elle ne groupait qu’une dizaine de familles : celles de Jean Diakité et de Macaire, aujourd’hui décédés, celle aussi de Badamié. A cette époque, aucun lieu de culte catholique pour desservir le quartier. Pour la prière et pour la messe, les uns se rendaient à la cathédrale, d’autres préféraient se réunir chez les Badamié sous la direction d’un prêtre.

Ils vivaient en bonne intelligence avec les musulmans. Au témoignage du chef de quartier, Monsieur Kelessai Traoré, « la participation aux cérémonies sociales de part et d’autre, était et reste monnaie courante ».

D’année en année, ce petit groupe grandit en vertu des naissances, de l’arrivée de chrétiens étrangers, de conversions plus fréquentes parmi les ethnies qui viennent d’ailleurs.

Le temps des constructions

L’augmentation constante des fidèles rendait nécessaire l’implantation d’un lieu de culte en 1957, le P. Hervé Descours demande et obtientla partie est de la concession actuelle. L’année suivante, le P. Henri Cavrois, curé de la Cathédrale, creuse et pose les fondations de la première chapelle. Le Fr Martin Schuller achève l’ouvrage en 1960. D’abord louée à la famille du Dr. Feron, la partie ouest de la concession, villa comprise, est achetée en 1972 par le P. Hubert Barbier, économe de l’archidiocèse.

La chapelle devenant trop petite, le P. Henri Cavrois entreprend la construction d’une église, financée en partie par les chrétiens eux-mêmes. Les travaux démarrent en 1977 et se terminent l’année suivante. Utilisée pour la première fois le jeudi saint de 1978, l’église fut bénite par Mgr Luc Sangaré le 22 avril 1979 sous le nom de Notre-Dame du Badialan.

Travail d’Eglise

L’actuel secteur du Badialan couvre en partie la commune 3 et la commune 4 ; outre le quartier Hamdalaye, il comprend les trois Badialan, Niomiranbougou, kodabougou, n’tomikorobougou. Sur son territoire habite à N’Tomikorobougou, une communauté des filles su Cœur Immaculé de Marie (FCIM), et sont installés deux établissements : le lycée Prosper kamara (dont la construction, débitée en 1960, fut solennellement inauguré trois ans plus tard) et le séminaire Pie XII, fondé en octobre 1958 ? La chapelle du séminaire réunit les chrétiens du « Plateau » et des environs.

De 1967 à 1972     Les premiers prêtres résidents furent les abbés Antoine Diarra, David Traoré et Bernard Courteille. Ensuite, viennent l’abbé Claude Fauvel (de 1972 à 1977), le P. Henri Cavrois (de 1972 à 1986), l’Abbé Olivier Caignet, responsable de la JOC de 1978 à 1986. Le mois de novembre 1986 marque le regroupement, au Badialan, de tout le secteur ouest de Bamako, comprenant aussi Lafiabougou et Djikoroni. Arrive alors le P. Serge Berthon, rejoint par les PP Jan Yan Haandel et Francis Verstraete ; cette nouvelle équipe sacerdotale compte en outre l’abbé Jean –Yves Le Meur, aumônier de la JOC.

Une communauté chrétienne vivante

 

Les registres paroissiaux attestent, par leurs chiffres, la jeunesse d’une communauté en pleine croissance : entre 1972 à 1986, on dénombre 56 mariages, 792 baptêmes, 274 premières communions, 191 confirmation, 854 enfants inscrits au catéchisme. Mais les chiffres ne rendent guère compte des problèmes qui se posent : église devenue aujourd’hui trop petite aux moments d’affluence, retards aux célébrations dominicales, question du mariage religieux, assistance irrégulières de nombreux enfants aux cours de catéchismes…

 

Peu à peu, les laïcs ont pris en charge la chorale, l’animation liturgique, quelques classes de catéchisme, les mouvements d’Action Catholique, le SECAMA. Le premier responsable du comité paroissial fut Emile Coulibaly.

La communauté chrétienne s’intéresse à tous, chrétiens et musulmans, avec une attention spéciale donnée aux plus défavorisés. De nos jours, la « charité » s’appelle aussi « développement ». C’est pourquoi, le dynamisme de la communauté se manifeste particulièrement dans l’étude de nuit (CERC), les cours du soir JOC, les activités de promotion féminines par lesquelles, sous la direction de monitrices qualifiées, jeunes femmes et jeunes filles (95 en 1982-83) s’initient aux travaux du ménage et de perfectionnent dans l’art de la couture, du crochet, du tricot, de la cuisine, de la puériculture. Durant cette   même année, 1982-83, 166 élèves suivaient les cours du soir donnés par maîtres et monteurs. Dans un climat favorable à l’étude, 83 lycéens ou étudiants apprenaient leurs leçons, rédigeaient leurs devoirs, préparaient leurs examens avec de meilleures chances de réussite que leur camarades assis au bord du trottoir, à la lumière des réverbères.

Une bibliothèque met des livres et documents à la disposition des lycéens et étudiants ; un présentoir leur offre un éventail varié de revues, depuis  Etudes jusqu’à Kouakou.

Ainsi, beaucoup de jeunes du quartier (344  en 1982-83) sont touchés. Un fait montre combien ils tiennent à cette œuvre : ils ont sorti de leur poche 1.250.000 francs maliens en 1982-83. Si le centre n’était pas utile, ils n’y seraient pas aussi nombreux chaque jour, et n’y laisseraient pas autant d’argent. Les gens disent : « Les chrétiens font quelque chose pour la jeunesse, et c’est bien fait ». La majorité de ces jeunes, garçons ou filles, sont musulmans ; c’est souvent leur seul point de contact avec l’Eglise. Il faut noter que l’ensemble de ces activités paroissiales reposent, en grande partie, sur des responsables JOC ou CEC.

Au service de tous

Les responsables du secteur ont le souci de donner une formation complète aux jeunes : formation intellectuelle, éveil à la solidarité, ouverture aux problèmes de vie, formation des filles pour leur futur foyer, éducation de la foi. Le Centre de Badialan prend en mains non seulement les intérêts des chrétiens, mais aussi ceux de tous les habitants du quartier, quelque soient leur métier, leur religion, leur classe sociale. Dans l’esprit du Concile du Vatican II et de l’encyclique Populorum progressio, l’équipe sacerdotale se met au service de tous et, par la formation de nombreux responsables laïcs, démultiplie son action pastorale et sociale.

 

MISSIRA

Ce quartier, situé presque au centre de Bamako, est limité au nord par les collines de Koulouba et du Point G. au sud par Quinzanbougou et Bakaribougou, à l’est par le quartier Hippodrome et Sikoronin, à l’ouest par Médina Koura. Autrefois, Missira ne se distinguait pas de Médina koura, mais, au temps du gouverneur français, la capitale qui s’agrandissait fut divisée en plusieurs quartiers : c’est ainsi que Missira fut créé en 1935. Deux ans plus tard, le nom de « Misrah » ou Missira est attribué par les premiers habitants, venus d’un peu partout au nord et au sud. Ce nom, emprunté à l’arabe, signifie « pays grand et civilisé » ; il désigne l’Egypte.

Par la suite, Misira 1 fut prolongé par Misira 2 parfois appelé Ndatékoumara (à cause de sa distance des autres quartiers, derrière Hippodrome). A la tête du quartier Namori Keita détenait tous les pouvoirs de chef ; il n’était pas secondé dans son travail. Les premiers habitants pratiquaient surtout l’agriculture et l’élevage ; ils vivaient isolés les uns des autres, et les premières maisons de terre furent détruites par l’érosion d’une grosse pluie en 1934. Le gouverneur de ce temps intervint pour faire construire une diguette, afin de canaliser les eaux de ruissèlement ; on emploiera des prisonniers pour ces travaux. 

Le secteur Pastoral Notre-Dame des Champs

On doit remonter jusqu’en 1960 pour parler de « secteur » jusque-là existait simplement la mission de Bamako, dont le centre était la cathédrale. Avec le développement de la ville et la dispersion des chrétiens dans des lieux distants de la cathédrale, la nécessité s’imposait d’établir un prêtre au sein d’une communauté qu’il connaîtrait de l’intérieur et qui le connaîtrait ; c’est ainsi que le P. Landon fut chargé de Misira.

A l’époque, les limites du secteur recouvraient celles de la commune 1 et de la commune 2 réunies. Dans cet ensemble, aucun lieu de culte, sinon une chapelle précaire à Médina-Koura. En 1955, le P. Michel, responsable du Centre Professionnel, avait acquis une parcelle de 450m2 à Misira, vers la colline du Point G (à l’angle des rues 8 et 37). Il y construisit un bâtiment comprenant  une grande salle et deux plus petites, de manière à offrit aux jeunes un lieu de détente. Un gardien surveillait les deux petites salles et la salle commune, qui était dotée d’un bar.

Assez rapidement, le besoin se fit sentir de célébrer sur place la messe du dimanche, qui rassemblait une cinquantaine de personnes. On démolit les cloisons intérieures du bâtiment, pour obtenir une seule surface de 15m sur 6 ; un autel en ciment fut aménagé, et le tout s’organise peu à peu en église, avec un petit comité paroissial composé de François Koné, Julie Diarra, Odile Coker et le catéchiste Diassana.

Lorsque le régional des PP Blancs s’installe à Korofina, en 1973, cette nouvelle résidence permit une célébration de la messe dominicale ; les responsables de Misira pouvaient y assurer aussi les cours de catéchisme, et y convoquer différentes réunions. Mais, en 1978, l’archevêque, en accord avec le nouveau régional, détache du secteur la partie Est – en rapide extension – pour la confier au régionalat implanté dans cette aire. Ainsi, l’actuelle configuration géographique du secteur de Misira date de cette époque.

Dès 1957, le nom de « Notre –Dame des Champs » avait été adopté par le « praesidium légionnaire » qui s’était constitué. Cette appellation devint le nom patronymique de l’église actuelle. Ce praesidium étend sa compétence sur tout le secteur, et se trouve à l’origine, en 1978, du praesidium de Korofina « Notre –Dame de Source Vive)

Quelques dates de la vie paroissiale

En 1965, on commence à inscrire les actes paroissiaux : baptêmes et « togo-da », premières communions, confirmations, mariage, décès. Mais jusqu’en 1980, seuls les registres de la cathédrale sont « officiels »

La construction de la nouvelle église date de 1974. Elle occupe la partie sud de la parcelle, et déborde sur le côté sud de l’ancien bâtiment. Ce qui reste de celui-ci a été aménagé en trois pièces : sacristie, petite salle de catéchisme, bureau du Secours Catholique malien (SECAMA). La cour du lotissement est à présent réduite à un long rectangle de moins de 200m²…Dès Noël 1974, on célèbre la messe de minuit dans l’église Notre-Dame des Champs (bénite le 15 août suivant par Mgr Luc Sangaré). A cette installation s’ajoute une sorte de succursale dans le quartier Sans-Fil, à majorité bobo ; son incorporation paroissiale ne va pas sans difficultés.

En 1980, chaque secteur obtient son indépendance pour la tenue du registre des baptêmes, lesquels ne sont plus inscrits à la cathédrale. En 1988, 700 baptêmes ont été enregistrés depuis la création du secteur en 1960 ; s’y ajoutent une trentaine de « togo-da ». Toutes les cérémonies liturgiques sont régulièrement célébrées, et accompagnées par les activités normales d’une paroisse : catéchisme des enfants, des adultes hommes et femmes, Kizito, chorale…La sœur Marguerite Adler s’active dans l’apostolat des femmes : légion, catéchumène, enfants. Les lieux deviennent trop exigus, si bien qu’il faut répartir les enfants en deux groupes : celui d’ « avant » et celui d’ « après » la première communion.

En 1981, achat d’un bout de terrain (non loti) dans le quartier. Sur ces 150m², on installe une plate-forme cimentée et un toit de tôle qui abrite réunions et séances de catéchèse.

En 1985, les pp salésiens prennent en charge le Centre Père-Michel. Dans ce centre, ils assurent chaque dimanche pour leurs élèves, une messe à laquelle assistent un certain nombre de chrétiens du secteur.

Au fil des jours

A Notre-Dame des champs, il faut reconnaitre que la paroisse depuis quelques années s’appauvrit, surtout dans ses activités. Causes possibles : laisser-aller actuel, ignorance religieuse, décès, déménagements, mobilité des jeunes qui partent ailleurs…

Malgré tout, l’assistance aux messes dominicales rassemble 200 à 300 participants. Aux jours de fête ou pour des cérémonies spéciales, la place manque. Le comité paroissial s’en émeut, et décide de trouver un nouveau terrain pour construire une église plus vaste, l’actuelle place pouvant être aménagée en centre social. Le gouverneur du District a récemment accordé un terrain  de 1600m² au début de l’Hippodrome, et, grâce aux efforts opiniâtres de M. Georges Sidibé, toutes les formalités administratives sont réglées depuis la fin de 1986. On clôture alors le terrain, et l’on se met en quête de subsides. Entre Noël 1986 et Pâques 1987, dix millions sont investis dans les fondations et les murs de la nouvelle église. Ensuite, le chantier reçoit la pluie de l’hivernage, pour le durcissement du béton, …et dans l’attente que la caisse se remplisse.

Le secteur de Misira coïncide aujourd’hui avec la commune 2 de Bamako ; il comprend une population estimée à 130.000 habitants, dont environ 2000 chrétiens. La variété ethnique est grande. Sarakolé, Songhay, Marka tiennent le commerce. Depuis bientôt une dizaine d’années, un grand marché s’est installé entre le quartier Misira et le Point G ; il s’étend depuis le stade omnisport jusqu’à l’Hippodrome. A la variété des provenances ethno-géographiques, répond une chrétienté elle-même diversifiée. Certaines familles possèdent leur propre concession, mais la plupart sont en location, vivant souvent chichement. Coexistent ici retraités, fonctionnaires, artisans, ouvriers et chômeurs. La petite minorité des chrétiens doit affirmer sa cohésion dans un milieu de vie largement islamisé.

A l’image de la commune 2, le secteur paroissial cherche à s’organiser. La formation chrétienne est assurée par les catéchismes des enfants et des adultes, par un service de librairie, par les mouvements d’action  catholique, en particulier par la légion de Marie qui contribue à la convivialité d’une communauté dont les membres se connaissent, se fréquentent, se retrouvent dans leur paroisse avant, pendant et après les célébrations eucharistiques. Par le SECAMA voulait s’établir une entraide aconfessionnelle et désintéressée en faveur des plus pauvres, mais il reste fort à faire pour trouver, dans ce domaine, le droit chemin.

 

LA RIVE DROITE

A partir de 1955, quelques habitants de Bamako, s’installent sur la rive droite du fleuve Niger, et forment un quartier appelé communément (non administrativement) Badalabougou, c'est-à-dire le « campement au bord du fleuve ». Parmi eux, au moins deux familles chrétiennes, celle de Julien Keîta, agent de l’hydraulique aujourd’hui décédé, et celle d’Antoine Samaké, ferrailleur. Dans ces années-là, les gens passaient le fleuve en pirogue pour aller en ville et c’est ainsi que faisaient les chrétiens pour se rendre à la messe du dimanche. Pendant la saison des pluies, un bac était mis en service. Quand un prêtre rendait visite aux familles qui continuaient de s’établir à Badalabougou, par exemple celles de Marcel Dembélé et de Jean Chapsal, il passait à don tour la rivière avec son vélo, soit en pirogue, soit en bac.

La construction du pont, menée bon train entre 1960 et 1962, déclenche un intense développement de la rive droite : quartiers et bâtiments se multiplièrent, cependant que de nombreux Bamakois quittaient la rive gauche pour s’établir de l’autre côté du fleuve. En 1968, trois établissements scolaires étaient implantés sur la colline de Badalabougou : un lycée, une école normale secondaire et l’Ecole Normale Supérieure.

Alors se pose avec acuité, le problème de l’évangélisation de la rive droite

Le foyer de Badala

 

Dès janvier 1968 s’achève la construction de ce foyer : un important ensemble de bâtiments comprenant une maison de communauté, ainsi qu’un centre d’accueil pour les élèves –maîtres de l’enseignement catholique fréquentant l’Ecole Normale Secondaire ou l’Ecole Normale Supérieure. Avec ces deux établissements publics, l’Etat se chargeait de la formation professionnelle des enseignants ; la vocation du centre d’accueil était de proposer aux futurs maîtres de l’enseignement privé catholique un complément de formation, surtout spirituelle.

Attaché au lycée Prosper Kamara, le P. Louis Dauvergne vient célébrer la messe dominicale dans l’une des salles du foyer, et rendre visite aux familles des nouveaux quartiers qui se constituent. Sur un cahier d’écolier, il ouvre le registre des baptêmes, dont le premier est celui de Félicie, fille de Robert Sacko et de Marie-Claire Samaké, née le 12 mars 1968 et baptisés le 17 mars. D’après ce même registre des baptêmes, le P. Dauvergne assura le service paroissial jusqu’au début d’août 1969. Le P. Georges Plenier prit alors son relais, le registre porte pour la première fois sa signature en date du 20 septembre pour le baptême  de Geneviève Keïta, de flabougou (actuel Daoudabougou) : c’est le quatorzième baptême  du secteur. Entre temps, l’Abbé Pierre Kanouté, directeur national de l’enseignement privé catholique, avait été nommé pour l’animation spirituelle du foyer, mais il ne rejoindra Badala que plus tard.

En octobre 1969, le foyer de Badala ouvre ses portes aux premiers élèves-maîtres.

Développement d’une vie paroissiale

Dans ce même mois d’octobre 1969, le P. Henri Cavrois, Supérieur régional des PP Blancs, vient s’installer dans la maison de communauté de Badala. Il y est rejoint, le mois suivant par le P. Henri Verstraete, premier prêtre paroissial affecté au secteur de Badala. Le P. Verstraete y restera jusqu’en 1985, assisté  à partir de 1971 par un autre prêtre, puis en 1974 par sœur Jacqueline Piron. En 1986, l’abbé Jean Marie Traoré est nommé à la tête d’une équipe maintenant composée de trois prêtres et de trois sœurs.

Journées de formation et « thèmes d’année » jalonnent une pastorale dont une difficulté parmi d’autres, est d’atteindre des paroissiens qui sont fort dispersés dans l’espacer, étant donné les nombreux quartiers qui peuplent à présent la rive droite. Voici, à titre d’exemple, les deux thèmes retenus entre 1980 et 1982 : « Appelés à vivre en communauté chrétienne de quartier » « la communauté chrétienne  engagée à vivre l’évangile dans les réalités du quartier et du lieu de travail ». En même temps, quatre journées de formation ponctuaient l’année 1981 : « comment construire soi-même des foyers améliorés ? » « Les communautés chrétiennes de quartier » « Quelle communauté pour prier et vivre en chrétien ? », «  les réalités musulmanes et le dialogue de tous dans la vie ».

Dès 1972, huit groupes de quartier s’exercent à comprendre comment le passage d’un simple regroupement confessionnel à la « communauté chrétienne » ou communauté de base ne s’opère qu’en approfondissant le sens de l’Eglise, peuple de Dieu, signe et moyen de la véritable unité.

Le 1er novembre 1973 se tenait une réunion préliminaire pour la mise en place d’un comité paroissial à Badalabougou. A cette occasion, M. Daniel Konaté s’exprimait dans ces termes : « La session nationale des laïcs , tenue à Bamako du 26 au 30 août 1973, a particulièrement mis l’accent sur le Comité paroissial, qu’elle considère comme étant la structure de base la mieux adaptée, parce que favorisant une participation réelle et efficace des laïcs  à l’évolution de l’Eglise locale ». De ce fait, le comité paroissial se présente comme lieu privilégié de dialogue et de partage des responsabilités, lieu de réflexion de discernement communautaire pour une authentique édification d’église.

Promotion féminine et santé

En 1976, chaque quartier est doté d’une « caisse pharmacie ». L’initiative de ce service visait à secourir les malades en mettant à leur disposition, sur place, des médicaments de base : nivaquine, aspirine, ganidan, pansement pour les plaies. L’opération fonctionne dans un esprit coopératif, impliquant une participation financière à l’achat des médicaments, une gestion intelligente et des conseils sanitaires appropriés. Accessible à tous les habitants du quartier, ce genre de « caisse-pharmacie » atteste que la charité du Christ ne concerne pas que les chrétiens.

 

A partir de 1974, les femmes se réunissent pour parler des problèmes d’hygiène qu’elles ont à affronter. Un seul centre de promotion féminine  (CPF) est alors en activité. Or beaucoup de filles, renvoyées de l’école, restent chez leurs parents auxquels elles posent de sérieux problèmes. Que faire ? Les rassembler à Badalabougou est impensable pour des raisons de transport. D’où la décision de multiplier les emplacements. Ainsi, en plus de Badala-sema qui existait déjà, furent créés six CFP : à Sabalibougou, Daoudabougou, Niamakoro, Nanyanbougou, Sogoniko et Falajè. Cette organisation devient fonctionnelle en octobre 1980. Chaque centre se veut au service du quartier, pour contribuer au développement social, culturel, économique de la femme malienne. Il constitue un lieu où la communauté paroissiale se met visiblement à la disposition du pays, en vue de la promotion de la femme dans le respect de sa personnalité. Fonctionnant dans un esprit de créativité, d’entraide amicale, de solidarité, d’ouverture, il ne se limite pas seulement aux cours de coupe, de tricot, de couture, de cuisine, d’alphabétisation, ou de perfectionnement dans la lecture, mais il entend aborder tous les problèmes qui intéressent la jeune fille et la femme aujourd’hui : hygiène, santé, planification familiale, valeur nutritive des aliments, habitat, ameublement, intégration dans la société…Au bout du compte, le Centre se veut un lieu de rencontre, où femmes et jeunes filles apprennent à mieux se connaître, à échanger leurs expériences.

1982- marque le début d’un « service d’ordonnances » pour les malades qui, faute de moyens, ne peuvent se procurer les médicaments prescrits.

Rencontre de Dieu dans le service des autres.

« Aimer son prochain comme soi-même » est le second commandement inséparable du premier, qui consiste à aimer Dieu de tout son cœur. Il s’agit d’un impératif communautaire autant qu’individuel, et les activités paroissiales tentent, en se diversifiant, de se fondre dans un tel creuset de charité. En 1982, chaque communauté de quartier organise, en son sein, une équipe de « conseillers familiaux ». Ceux-ci ont pour tâche de prendre part aux premières  démarches de demande en mariage (don des colas), de garantir les engagements pris dans les mariages mixtes (entre communauté chrétienne et communauté musulmane), de suivre fraternellement ces foyers, de promouvoir l’entente dans les couples en difficulté, de faire découvrir aux jeunes la profonde valeur du mariage chrétien lors de week-ends de formation et d’échange régulièrement prévus au temps de Pâques. Le service de telles équipes, exige compétence, patience, prudence et franche collaboration.

Le mois de juin 1983, voit la création de deux comités SECAMA, correspondant aux deux communes du secteur, cependant qu’est instituée la pratique d’une « journée-bilan » dont l’objet est de faire le point sur l’année pastorale écoulée.

La communauté chrétienne de Badala, comme les autres, est confrontée à bien des défis, dont quelques uns peuvent ainsi s’énumérer :

Eloignement des quartiers les uns par rapport aux autres, d’où la nécessité de nombreux déplacements qui ne facilitent  pas un suivi attentif de la catéchèse ; les catéchistes sont insuffisamment formés, et les enfants ne viennent pas régulièrement aux séances catéchétiques.

Il faudrait élaborer, définir et diffuser une pastorale des baptêmes d’enfants, de la préparation des chrétiens au mariage (notamment dans le cas des mariages mixtes), des situations polygamiques.

Les méfaits de l’alcool sont évidents : comment y faire face ?

Les nombreux problèmes de survie (chômage, petits salaires, soldes différées..) rendent particulièrement difficiles l’existence quotidienne, qu’il s’agisse de l’existence familiale ou du cheminement paisible des communautés chrétiennes.

Un autre défi adressé aux paroissiaux de Badala est celui d’un juste œcuménisme dans leur vie quotidienne, non seulement vis-à-vis des chrétiens protestants, avec lesquels les relations se sont améliorées depuis un certain temps, mais par rapport à l’islam ambiant. Dans l’ensemble, s’exerce entre catholiques et musulmans une grande tolérance et un respect réciproques des personnes. Les événements familiaux (baptêmes, mariages, décès) sont occasions de partage. On a même vu chrétiens et musulmans se donner la main pour construire leurs lieux de culte.

 

Succession des Equipes Apostoliques de la Rive Droite

1969-1971              P. Francis Verstraete, seul permanent

1972-1974              P. Verstraete P. Joseph Giraudet

1974-1976              P. Verstraete, Abbé Bernard Lassalvy, Sr. Jacqueline Pron

1976-1980              P. Verstraete. Guiseppe Giacon. P. Joseph Varenterghen, Sr.

                                   Jacqueline Jiron

1981                         P. Verstraete Sr. Jacqueline Jiron

1982-1983              P. Verstraete, P. Jan Van Haandel. Sr. Jacqueline Piron, Sr. Maria Schmid.

1983-1985              Les mêmes + Sr. Pilar Vigil.

1985                         Les mêmes + Abbé Jean Marie Traoré

1985-1986              Ab. Jean M. Traoré, P. Van Haandel, SS J. Piron, maria Schmid, Pilar Vigil

1986             Ab. Jean M. Traoré, P. Henri Cavrois, P. Hervé descours, Sr. Jacqueline Piron, Sr. Maria Schmid, Sr. Marcelle Gaborit.

 

LAFIABOUGOU

Avant 1966, seulement sept familles chrétiennes vivaient dans ce quartier : pour la messe, elles se rendaient à la cathédrale ou à la chapelle du Badialan. Ce fuit l’année où l’on construisit un local comprenant une modeste chapelle et une maison que vint habiter une communauté des petites sœurs du Sacré Cœur. Certains chrétiens se joignirent aux sœurs pour la liturgie du dimanche dans la chapelle ; quand la messe ne pouvait y être dite, faute de prêtre permanent, ils participent à la célébration eucharistique qui la remplaçait. Par la qualité de leur accueil et leur continuelle disponibilité, les petites sœurs du sacré cœur peuvent être considérées comme les fondatrices d’une vie paroissiale à Lafiabougou

La construction d’une communauté chrétienne

Dès les années 1968-1969, une légion de Marie avait été créée par le P. Landon : prière hebdomadaire, visites dans les familles et dans les hôpitaux constituaient, pour les légionnaires, des tâches primordiales qui se poursuivent aujourd’hui.

 

En 1973, arriva l’abbé Fauvel, qui mit en place le premier comité paroissial, et participe beaucoup à l’organisation locale du SECAMA, tant par ses conseils de pasteur que par les aides financières obtenues par son intermédiaire. Grâce à lui se forma, en 1975, une équipe de la CEC dont le premier responsable fut M. Thomas Lazare Keïta.

 

Pour mieux vivre au sein du voisinage leur vocation de prière et d’amitié, en partageant son existence quotidienne, les petites sœurs du Sacré Cœur, avaient quitté en 1974, le local paroissial. Elles cédèrent alors cette place à Thérèse et Clotilde, deux filles du Cœur immaculé de Marie, dont la communauté s’est ensuite renforcée par l’accueil d’autres sœurs de cette congrégation diocésaine.

 

A partir de 1977, l’abbé olivier continue avec le même élan, l’œuvre de son prédécesseur. Il organisa une équipe liturgique de jeunes qui assure l’animation des messes. Il faut encore noter qu’ici les premiers catéchistes ont été des jeunes. Ce fut aussi l’époque des débuts de Kizito et de la JOC. Au fil des années, la communauté chrétienne grandissait, au point que pour la messe du dimanche, la moitié des participants devaient rester en dehors de la chapelle. Il fut alors décidé de construire une véritable église, où, pour la fête de Noël 1979, tous pouvaient aisément se réunir dans la joie.

Jeunes chrétiens et jeunes chrétiennes

Appelé à devenir responsable panafricain de la JOC, l’abbé Olivier fut remplacé en 1981 par le P. Serge Berthon. Celui-ci favorisa beaucoup l’épanouissement de la vie paroissiale, dont la convivialité s’enrichit par l’apport de deux mouvements de jeunes. Ce fut d’abord l’instauration du cèsiri- ton (« société du mettons-nous au travail »), créé le 23 octobre 1983 : un groupe de jeunes chrétiens s’assemblent au service de l’Eglise, prennent en charge la liturgie et l’organisation d’une chorale. Les jeunes  femmes ne furent pas en reste, car, répondant à une initiative des sœurs africaines, elles formèrent un groupe qui porta plus tard le nom de tèriya-ton (« société de l’amitié »). Le but de cette association chrétienne féminine est de développer l’esprit d’amitié, d’entraide et de promotion de la femme. Comment, au passage, ne pas saluer avec reconnaissance, une telle réalisation. ?

 

KOROFINA

A l’heure actuelle, ce secteur paroissial englobe une population de quelques 175.000 habitants, dont 1.400 baptisés et 150 catéchumènes. Son territoire recouvre la commune 1 de Bamako, ainsi que la campagne environnante sur la route de Koulikoro, jusqu’à Tienfala.

Enoncées brièvement, les conditions du travail pastoral sont les suivantes :

Un prêtre à temps complet, trois sœurs, deux prêtres donnant un coup de main

Vingt-cinq catéchistes bénévoles ;

Cinq centres de promotion féminine (250 femmes,4 responsables et 4 monitrices) ;

Huit comités de SECAMA, coiffés par un comité paroissial participant aux projets « puits Banconi », atelier des aveugles, cabinet dentaire…

Deux groupes de Légion de Marie, CEC, CEC-U, MMTC, Amis de Kisito, chorale.

Il vaut la peine de relater chronologiquement l’histoire de ce développement.

 

1972    La Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) achète un terrain à Korofina-Nord, pour y implanter sa Mission Régionale. Le choix s’est porté surs ce quartier calme et un peu isolé, afin de permettre en même temps un accueil des Pères fatigués ou malades. Ce sont les PP. Antoine Paulin, régional, et Bob Gertman, assistant, qui s’y installèrent les premiers.

Quelques chrétiens sont dispersés dans les quartiers environnants, qui dépendent du secteur paroissial de Missira animé par le P. Landon. Le Régional et son assistant acceptent d’assurer un certain service paroissial dans le secteur, sous la responsabilité pastorale de Misira. Une vingtaine de fidèles se réunissent alors dans le « salon » des Pères pour la messe dominicale : il s’agit principalement des familles de Louis Sangaré, Dominique Tounkara, Vincent Mounkoro, Georges Traoré, Alphonse Sangaré…

1975    B. Gertman est remplacé par le P. Ascensio Iguarran comme assistant du Régional.

A partir de ce moment, la maison va se trouver vite entourée par l’explosion démographique des quartiers spontanés de Bankoni, Fadjiguila, Doumanzan, Boulkassoumbougou, et le lotissement très rapide de korofina et Diélibougou. Chassés de la brousse par la sécheresse, et du centre-ville par la cherté des locations, les plus pauvres affluent dans les quartiers spontanés et commencent un mouvement qui ne se ralentira qu’en 1988, avec le lotissement de ces quartiers. En même temps, Korofina et Diélibougou voient affluer une population de fonctionnaires et de commerçants qui s’installent sur les nouveaux terrains lotis.

1978    L’équipe régionale se renouvelle. Le P. de Champagny est nommé Régional, et le P. Joseph Stamer assistant. Un peu plus tard, le Frère Joseph Staubli leur est adjoint comme économe régional. C’est avec cette équipe de trois qu’un nouveau secteur pastoral va réellement démarrer. Un peu plus tard encore, arrive le P. Bertram pour se reposer à Korofina, où il assure quelques services paroissiaux.

1980    Détaché du secteur de Misira, Korofina est érigé en secteur paroissial autonome dont le Régional des PP. Blancs devient responsable. On compte alors environ 500 chrétien.

Le premier « conseil paroissial » est mis en place, avec Louis Sangaré comme président, cependant que s’installe le premier bureau du SECAMA, dirigé par Alphonse Sangaré. La messe dominicale est maintenant célébrée dans la cour de la maison régionale, où un petit hangar a été aménagé à cet effet. Le secteur se structure, et voit l’ébauche de six communauté de quartier : trois à Bankoni, une à Fadjiguila, une à Diélibougou, et une à Boulkassoumbougou. Dans l’intention de promouvoir une action sociale, on décide de construire dans les quartiers, des centres polyvalents qui puissent servir la promotion féminine, et devenir lieux de rassemblement pour les communautés chrétiennes de quartier.

1982    Le premier de ces centres ouvre en octobre, à Banconi-Salembougou

En novembre, arrive le P. Jean –Pierre Depauw, spécialement chargé du ministère paroissial sous l’autorité du Régional ! Les communautés de quartier se développent, et un bulletin de liaison à peu près bimestriel est lancé, contenant des thèmes de réflexion et des commentaires surs les testes liturgiques des dimanches.

1983    Ouverture du centre de Bankoni-Dinaguénébougou

Mise en place d’une ébauche de comité de gestion

Développement du SECAMA, démarrage du projet « puits Bankoni »

 

1984    C’est l’année où les communautés de quartier commencent vraiment à se prendre en charge. La catéchèse est réorganisée en fonction des quartiers, lesquels, ont leurs catéchistes pour les enfants et pour les adultes. L’action socio-caritative se structure : chaque quartier a son président, son animateur, son responsable des célébrations, son comité d’animation des centres de promotion féminine. Les réunions sont hebdomadaires ou bi hebdomadaires.

En décembre, suite à l’acquisition d’une concession, de la paroisse quitte la maison régionale des PP Blancs et s’établit dans ses propres locaux. Une église provisoire y est construite, la maison est transformée en bureaux. La première célébration dans cette église est celle de la messe de Noël.

 

1985    En conséquence du déménagement de l’année précédente, une nouvelle communauté de quartier se crée : celle de Korofina, détachée du groupe Fadjiguila-doumanzana devenu trop grand. En même temps, le catéchuménat  se développe considérablement.

L’équipe régionale est renouvelée : les PP de Champagny et Stamer sont remplacés par le P. Villié, régional, et le P. Happe, assistant.

1986    Ouverture du centre de Babouyabougou, à Korofina-sud. Mise en place définitive du Comité de gestion ou « conseil économique ».

Le 1er novembre, Mgr Sangaré vient bénir l’église, placée sous le patronage de St Kizito.

1987    Le remembrement de Bankoni entraîne la destruction du centre de Salembougou, dont les activités sont transférées à korofina –Nord, dans un nouveau local en construction.

Une congrégation religieuse, les Sœurs de la Divine Providence de Saint jean de Bassel, accepte de venir s’installer dans le secteur. Celles-ci, au nombre de trois, arrivent le 22 septembre et gagnent aussitôt Faladjè pour l’apprentissage du bambara pendant six mois.

En octobre, on ouvre le centre de korofina-nord, où une bibliothèque en voie d’aménagement devrait fonctionner dès le courant de l’année prochaine. Ce même mois, l’autorité régionale laisse au P. Depauw, l’entière responsabilité pastorale du secteur.

1988    Pâques de cette année marque un tournant pour la vie du secteur, avec le début du travail des sœurs dans les domaines de la promotion féminine, ainsi que de la catéchèse des enfants et des adultes.


 

2. PAROISSES HORS BAMAKO

 

KATI

Au temps de Mgr Toulotte, vicaire apostolique du Sahara et du Soudan, le P. François Ménoret, fonde en août 1987, la mission de Kati, où il reste lui-même peu de temps. La date officielle d’ouverture correspond à l’arrivée sur place, le 18 décembre 1897, des PP Eveillard et Mahiet, accompagnés du Fr. Gonzague. Ils sont invités par l’administration militaire à s’installer près de son hôpital, à Hérèmakono (Nord-est du camp). Le 18 décembre 1898, une équipe des SS Blanches les rejoints et s’emploie aux soins de l’hôpital.

 

Comme les missionnaires pouvaient s’y attendre, les traditions religieuses locales, imprègnent toute la vie du peuple, et la situation de départ fut très peu gratifiante pour ces porteurs d’un nouveau message. En dépit de leur dévouement, des services rendus, des visites effectuées tant à Kati que dans les villages environnants, (tels, à l’époque, Bamako, et koulikoro..) leurs fidèles des dix premières années se composaient surtout d’étranger et d’enfants baptisés en danger de mort.

 

Quelques heurs et malheurs d’une paroisse nonagénaire

 

1900-1905  La première installation matérielle comprenait une quinzaine de cases à toit conique, ainsi qu’un début de verger. Les Pères conserveront cette place jusqu’en 1910, bien qu’elle soit loin du centre de Kati.

 

1906             -Année particulièrement difficile : disette et fièvre jaune. L’anticléricalisme français bat son plein, et l’on dénigre publiquement les Pères.

              - Les essais agricoles de pommes de terre  et de bananes fournissent quelques ressources à la mission  (mais échec pour le café…)

              - les ouailles sont fort peu nombreuses. Des enfants (d’abord 3 dont un baptisé, puis 5) accompagnent les Pères dans les tournées. On compte 12 néophytes à Kati, 12 à Koulikoro et une trentaine à Bamako. Quant aux chrétiens existants, ce sont pour la plupart des employés ou des ouvriers étrangers à la place, attirés par les chantiers et peu enclins à une pratique religieuse.

 

1907    - Les villages de Kamblé, Farafiè et Pièbougou manifestent un intérêt pour la mission. N’Tonimba aussi fait bon accueil aux Pères.

              - Un ménage s’installe près de la mission, qui héberge les sept premiers écoliers.

 

1909    Visant une autosuffisance de leur établissement, les Pères empruntent en novembre, une somme de 2.000 Francs à la Maison Morel et Prom, qui accepte le remboursement en pommes de terre.

 

1910    - Devant s’éloigner du camp militaire, les missionnaires ont enfourché leurs ânes et, en quête d’un nouveau lieu, se sont rendus à Kati Koro chez Morimoussa Diarra, alors chef de village. « Cherchez vous-mêmes, leur dit-il, un endroit qui vous convient, et informez-moi par la suite ». Le choix se porta sur un site élevé, dans la partie nord du village, sur la route de Kolokani. «  Je ne

vous conseille pas cet endroit, remarque Morimoussa, car c’est le bosquet sacré (ntomotu) des jeunes gens, un lieu hanté de « jinèw ». En dépit de cet avertissement, le choix fut maintenu, et les jeunes durent déplacer leur bosquet  sur Dialakoro kin ( l’actuel Banankin). Outre le don de ce site, Morimoussa allouera aussi à ses hôtes, des terres de culture : «  Quand on donne une place d’habitation à quelqu’un, on se doit de lui offrir aussi des terres pour sa survie. Prenez donc, à cet effet, les bas-fonds situés au nord-est de votre nouvel emplacement ».

Les PP Coquerel, Bernard, Toulet et Danban, opèrent le transfert de la mission dans le nouveau domaine de 23 ha concédé par Morimoussa Diarra, à une demi-lieue de l’emplacement précédent. Le 1er mars, , les missionnaires s’installesnt dans une maison de 30m baâties en trois mois (8 pièces avec véranda).

Construction de deux cases-chapelles à Sikoro et Pièbouogu. Les jeunes qui s’y présentent sont malmenés par les « vieux ».

Bonne saison des pluies : récolte de 2.200kg de pommes de terre (l’exploitation se diversifia par la mise en culture de légumes et de fruits tels que bananes, mangues, oranges, mandarines. En 1924, le P. Verdouk parvint à bénéfice net de 10.000 francs)

 

1911    - Bamako possède  désormais sa chapelle, visitée toutes les semaines.

              - l’internat scolaire se développe : 21 pensionnaires, dont deux sont baptisés cette année, suivent quatre heures quotidiennes de classe, et font quatre heures de travail manuel  pour assurer leur subsistance.

 

1912    - Deux groupes  de chrétiens sont établis au pourtour de la mission : d’une part des hommes plus ou moins itinérants à l recherche de travail, d’autre part des paysans stables qui ont même décidé de cultiver une terre en commun, un jour par semaine »pour aider à la propagation de la foi ».

 

 - Le 24 juillet, le feu détruit la toiture de la résidence des Pères.

1914-1918 - La guerre mondiale ne va pas sans répercussions sur le travail quotidien. Les Pères restent à deux et changent trop souvent, au gré des aléas de la mobilisation ; ils ferment l’internat (dont les pensionnaires repartent en famille), et sont pris à plein temps par la visite des villages. On note le zèle des catéchistes : Marcel, Cyr Pierre, Marie-Augustine, suppléant à l’absence des missionnaires. Douze anciens élèves sont eux-mêmes mobilisés.

 

Les événements de Zanbougou et Nkoumbi avec la résistance de Diosé, créent un climat d’insécurité.

Au 30 juin 1976, on compte 190 chrétiens (dont 39 à Kati) 31 catéchumènes et 26 postulants

 

1921    Mgr Sauvant, qui succède à Mgr Lemaître, devient Vicaire apostolique de Bamako, mais s’établit avec son Procureur à Kati (jusqu’en 1928)

 

1923    Peu à peu s’est développée dans les villages, une activité catéchétique : le fidèle le plus instruit remplit maintenant auprès de son entourage, le rôle de catéchiste, sans recevoir aucune rétribution. A Kati même, trois catéchistes sont rétribués pour le temps qu’ils consacrent à cette tâche (Marcel Sangaré, Véronique Kané et sa sœur cadette Anna) ; deux veuves pieuses se sont mises au service de la mission, non seulement pour l’accueil de femmes arrivant de la campagne, ou celui d’écoliers sans logis, mais pour des visites aux familles.

 

-Vingt sept villages sont évangélisés. On compte 202 chrétiens et 32 catéchumènes. Plusieurs       nouveaux lieux deviennent réceptifs à l’annonce de la Bonne Nouvelle ; le retour des anciens combattants contribue à une plus large ouverture des villages. Parmi les catéchistes, les femmes ne sont pas les dernières en fait de dévouement à la fois chrétienne.

 

Le poste de Bamako, avec koulikoro, est détaché de Kati.

Nouvelle chapelle à Ntouban, où habitent 27 baptisés.

Depuis l’année précédente, l’exploitation du jardin (dont s’occupe le Fr. Maxime), fait vivre  le poste.

Le tribunal chrétien (un juge et deux assesseurs), fonctionnait depuis 1976, mais cette année marque sa reconnaissance statutaire par le Gouverneur.

1er octobre : la portion de voie ferrée Thiès-Kayes, terminée, met Kati à 40 heures de Dakar et à 11 jours de Paris !

La rentrée scolaire 1923-24, groupe l’effectif satisfaisant de 18 élèves, dans l’espoir que l’école « devienne une pépinière de catéchistes et de prêtres ».

 

1924              A Noël, arrivée du P. Courteille avec six séminaristes : ils demeureront ici jusqu’en 1930.

 

1925              On dénombre 130 chrétiens à Kati, 140 dans les villages, et un total de 79 catéchumènes.

              - l’école compte maintenant 25 élèves, mais étant donné que celle-ci n’est pas habilitée à délivrer de diplôme, les enfants ne pourront jamais poursuivre leurs études à l’école supérieure officielle.

              - Arrivée d’une mission protestante

 

1926    Dix huit baptêmes d’adultes entre Pâques et noël.

 

1927    - Année très dure, grande disette. Kati accueille cependant ses premiers élèves catéchistes.

              - Le feu détruit les dépendances de la mission, entre résidence et séminaire.

              - Mgr Sauvant par pour l’Europe. Il ne reviendra pas.

 

1928    - Une douzaine de familles habitent autour de la mission. Dans cinq villages, les chrétiens se réunissent matin et soir pour prier.

              - On connaît bien le problème des filles de catéchumènes promises à des polygames. Début d’une caisse dotale ou de « rachat ».

 

1929    - Au mois de mai, Faladiè est détaché de kati, et le séminaire ne tardera pas à s’y rendre sous la conduite du P. Sabeau.

 

1930- La construction de l’église est achevée. Le bâtiment de l’ancienne chapelle est utilisé pour des logements.

 

1933             Premier bâtiment scolaire construit en matériaux définitifs.

 

1934    La multiplication des jardins villageois réduit la rentabilité de l’exploitation agricole de la mission ; le Fr. Maxime lance alors un élevage de porcs.

 

1937    - Le P. Guérin, curé depuis cinq ans part à Nzérékoré (Guinée) où il est nommé préfet apostolique.

              - Tous les agrumes ont crevé d’une maladie inconnue.

 

1938    En juin, fermeture de l’école de catéchistes

 

1943             Mgr Molin décide la construction du noviciat des filles soudanaises de Marie. Elles s’y installeront en 1946

 

1947    Deux sœurs africaines viennent régulièrement enseigner le catéchisme à la paroisse.

 

1950    - Deux ordres de difficultés sont signalés : l’un se rapporte au mariage (taux trop élevé de la dot et refus des filles de se marier en brousse) l’autre concerne le nombre restreint des catéchumènes pour tant de villages visités.

 

Le 27 août, la congrégation des filles soudanaises de Marie ouvre à Kati la Communauté Notre –Dame de Liesse, pour le service de la paroisse et l’accueil des petites aspirantes.

1951    - Séparation de l’école en deux établissements distincts, l’un où les sœurs blanches assurent l’enseignement des filles, l’autre dans lequel les garçons sont pris en charge par des maîtres sortants de Toussiana.

 

1954             Début de la « Légion de Marie »

 

1956              Ouverture de quatre « écoles catéchistiques »dans les villages. Dans ces écoles tenues par des catéchistes, les enfants s apprennent pendant deux ans les rudiments de la lecture et du calcul, ainsi que le catéchisme. Les meilleurs élèves continueront leur scolarité à l’école de Kati.

 

Vers les lendemains qui chantent…

A la veille de l’indépendance du Mali, la paroisse de Kati avait acquis son

actuelle configuration, dans laquelle s’efforce de progresser une communauté chrétienne vivante.

 

L’école dispense à présent un enseignement fondamental complet : deux groupes  (Aet B) pour le premier cycle  et un second cycle prolongeant le premier cycle du groupe A.

 

Des documents chrétiens se sont formés :

La Légion de Marie comprend quatre groupes à Kati et un à Ntoubana :

Sainte Monique rassemble des jeunes femmes désireuses de mettre en commun leur idéal  de mères et de familles chrétiennes. Elles constituent, en outre, une équipe d’animation liturgique très active.

Les amis de Kisito, proposent aux enfants du premier cycle, une formation humaine et spirituelle.

La CEC et l JAC, ont accompli leurs premiers pas

Une section du SECAMA rend de nombreux services, tout en fonctionnant avec le lot de problèmes que cet organisme socio-caritatif connaît dans d’autres endroits..

Un « Conseil » supervise et dirige les activités de la paroisse. Ses membres sont choisis de façon à représenter toutes les couches de la communauté chrétienne.

                                                                   

Fidélité du Souvenir

En 9O ans, la paroisse a vu se succéder de nombreux prêtres, au nombre desquels trente-trois déjà ont assumé la responsabilité de curé. Dix de ces prêtres sont inhumés à Kati

Antoine Rigouste                           + 1903 (28 ans)

Paul-Emile Goguey                       + 1908 (43 ans)

Paul Decottignie                            + 1923 (13 ans)

René Bazin                                      + 1925 (46 ans)

Emile Courteille                             + 1927 (57 ans)

Henri Baranger                              + 1934 (42 ans)

Léon Charvier                                + 1940 (33 ans)

Jacques Cusset                               + 1942 (35 ans)

Paul de Goesbriand                      + 1952 (42 ans)

Jean Baptiste Meiller                    + 1969 (59 ans)

 

Deux Sœurs des Filles du Cœur Immaculé de Marie, reposent elles aussi dans la terre d’une paroisse qu’elles ont servie avec amour.

Paul Marie Konaté                                    + 1972 (30 ans)

Solange Dembélé                          +  1987 (31 ans)

 

FALADIE

Situé en pays Bambara, dans la région dénommée Nciba, le village de Faladié fut fondé en 1783 par Binyèkolola Negeba Traoré, chasseur du Daban. C’est à partir de la paroisse de Kati que celle de Faladiè vit le jour. Depuis 1889, les villageois du Nciba voyaient passer l’un ou l’autre Père  venant de Kita, puis aprèps 1896, tel prêtre de Kati. Mgr Bazin  parcourut lui-même  la région en 1905. Mais il faut attendre le mercredi 27 février 1929 pour que se dessine l’implantation de la future paroisse de Faladiè.

Depuis quelques jours, le P. Tréca et Joachim Konaré (catéchiste de Kati, lui –même originaire du village de Kuntu-Torodo) visitaient le Nciba, où Mgr Molin envisageait une fondation missionnaire, devant inclure séminaire et école de catéchistes. Ce mercredi, Na Dosama les accueillit au village de Faladiè, dont Na Maaribuukoro était le chef depuis treize ans. Ils passèrent la nuit sur place, et de promenèrent le lendemain dans les localités environnantes. Puis, ils regagnèrent Kati sans avoir pris de décision ni communiqué à personne la raison de leur visite. Cependant, Faladiè leur avait semblé un endroit particulièrement propice pour implanter la mission projetée.

 

De fait, la foi chrétienne les avait précédés dans ce lieu. En 1918, Nowele Traoré, un villageois de Faladiè, était parti à la recherche de son frère aîné, à Kita là-bas, il fut accueilli par un chrétien nommé Jean Baptiste ; lui et sa femme s’attardèrent pendant une dizaine d’années à Kita, où l’un et l’autre découvrirent la religion de l’évangile. Au cours d’une maladie, Nowele reçut le baptême sous le nom d’Henri, et sa femme aussi fut baptisée Odile. En 1927, tous deux regagnent leur village. Telle fut la première famille chrétienne de Faladiè. Henri et sa femme y témoignèrent de leur foi parmi leurs frères. Odile elle-même  baptisa Suzanne, Gabrielle et Angèle, les trois premières filles dont les noms furent ensuite inscrits sur le registre des baptêmes de Faladiè. Un tel début de chrétienté est lourd de sens…

Le 3 mai 1929, le P. Tréca retourne à Faladiè par la route de Basabougou, afin de proposer aux notables qu’une mission catholique s’installe au village. Ceux-ci acceptèrent la proposition avec plaisir.

Dès ce mois de mai, le P. Verlaguet et le Fr. Maxime rejoignent sur place le P. Tréca ; tandis que leur maison se construit, ils sont hébergés par Gwanye et Kèmènci. Voici ce qu’à l’époque écrit le P. Tréca : « Nous avons visité pas mal de villages. Le P. Verlaquet est allé visiter les cantons de Daban et de Nyogona. Nous avons été reçus très bien partout. Certains villages, prévenus de notre visite par le chef de village de Faladiè, nous ont envoyé des cadeaux à l’avance . Nous espérons, avec l’aide de Dieu, que la religion chrétienne se répandra à Faladiè, et qu’il en sortira des prêtres. »

Un travail polyvalent

Mgr Molin, on l’a dit, prévoyait l’installation d’un séminaire et d’une école de catéchistes dans le Nciba. En effet, le 9 janvier 1930, le séminaire fut transféré de Kati à Faladiè, où s’établit le P. Sabeau, accompagné de neuf séminaristes. L’année suivante, ouvrait l’école de catéchistes pour laquelle le P. Tréca avait appelé de Kati Jean Marie Samaké comme premier instituteur. Aujourd’hui, plusieurs vieux chrétiens de la paroisse comptent parmi les anciens élèves de cette école.

 

En décembre 1933, sur la demande des Pères, le jour de marché de Faladiè fut fixé au jeudi. L’année précédente, deux ans avant sa mort, le chef du village Maaribu Tarawele, demandait le baptême, qu’il reçut sous le nom de Jean. Pour la fête de Pâques 1935, on célébra le baptême de cinq autres candidats parmi les quels Marcel Tarawele, toujours vivant parmi nous en 1987

 

Fin septembre 1941 : alors que les instituteurs se faisaient rares au temps de la deuxième guerre mondiale, les sœurs blanches sont venues s’installer à Faladiè pour enseigneur à l’école des catéchistes, qui devint école primaire en 1944 et leur fut confiée. Un an après le décès du P. Tréca à Alger en 1945, elles acceptèrent de prendre en charge le dispensaire que la mission avait construit.

 

L’année 1943, marque le début des travaux pour la construction d’une nouvelle église, qui fut bénie par Mgr Molin le 29 janvier 1950. Deux mois plus tard, celui-ci obtenait que sa démission soit acceptée, et il vient habiter Faladiè, où les séminaristes bénéficient de son enseignement, cependant qu’il réalise plusieurs travaux, notamment sur la langue bambara.

 

Le recensement administratif de 1948 dénombrait au village 698 habitants, dont 130 Dioula. Les Pères de la mission prirent en 1953, l’initiative d’organiser une coopérative locale pour l’achat des arachides.

 

Emigré à Bamako, en 1958, le séminaire de Faladiè peut s’enorgueillir d’avoir, en vingt-huit ans, formé douze prêtres parmi lesquels quatre évêques : Mgr Sangaré, Mgr Sidibé, Mgr Cissé, Mgr Dao. Les locaux du séminaire trouvèrent un fort utile emploi en abritant une école de bambara fréquentée par tous les nouveaux et nouvelles missionnaires devant faire l’apprentissage de cette langue. Le premier à en prendre la direction fui le P. Guérin, auquel succèda le P. Balenghien, puis le P. Bailleul, et présentement le P. José Morales

 

Au mois de Juillet 1971, une équipe de sœurs de Saint Vincent de Paul, de Belgique, est venue remplacer celle des Sœurs Blanches : juste avant leur arrivée, un nouveau dispensaire, une nouvelle maternité et un centre social venait de se construire.

 

Le 19 avril 1975, l’Abbé Jean-Marie Traoré a été ordonné prêtre à Faladiè. La paroisse a donne aussi trois religieuses : les sœurs Marie Louise Sangaré, Jean Paul Diarra, Bernadette Diarra. Pour compléter le tableau par des chiffes, ajoutons qu’en 58 ans il y a eu 2.961 baptisés à Faladiè, dont 281 reposent déjà dans la terre de leur village. 234 mariages ont été bénis dans la paroisse, et 1.372 personnes ont reçu la confirmation. Douze catéchistes assurent actuellement l’instruction religieuse à quelques cinq cents catéchumènes adultes. Ainsi, s’est vérifié le pronostic du P. Tréca : « La religion chrétienne se répandra et fructifiera à Faladiè, jusqu’au point de donner des prêtres à l’Eglise.»

 

C’est un motif de joie de constater maintenant que la graine déposée au début, s’est développée et a porté beaucoup de fruits. Dieu a béni le travail et la sueur des catéchistes, des sœurs, frères et pères qui ont labouré le champ paroissial de Faladjè. L’évangélisation de cette région manifeste l’œuvre de Dieu à travers ceux qui nous ont précédés dans la maison du Père : Mgr Molin, le P.Tréca, Joachim Konaré, le P. Cormerais, le P. Goësbriand, le P. Kamara, l’abbé Gaston, Modeste Traoré de Bankuma, Etienne Traoré de Bamako, et tous les autres…Que Dieu leur donne la vraie récompense !

 

Le travail continue

L’équipe pastorale actuelle s’efforce de continuer et de développer le travail déjà réalisé. La paroisse comprend désormais sept secteurs géographiques, dont chacun est devenu une cellule d’animation chrétienne. Dans chaque secteur, une journée de retraite prépare aux fêtes de Noël et de Pâques, et des messes mensuelles sont célébrées, à tour de rôle, dans les différents villages. Ces rencontres servent aussi à régler les problèmes spécifiques de chaque secteur. L’option pastorale consiste surtout à aider les communautés chrétiennes de la région à prendre elles-mêmes en charge les responsabilités variées qui se présentent.

 

Les sœurs, dont l’une consacre son plein temps à la catéchèse, dirigent un dispensaire, une maternité et un centre social. Ces œuvres sociales  importent beaucoup au rayonnement chrétien dans le Nciba. Tous s’accordent à reconnaître le dévouement et la compétence non seulement des religieuses, mais aussi de tout le personnel qui travaille au dispensaire, à la maternité et au centre social. La sœur présente dans la catéchèse est surtout active auprès des enfants et des femmes : son champ d’action s’étend à la préparation des jeunes filles à leur mariage. ;

 

Les catéchistes demeurent sans conteste la cheville ouvrière de la paroisse. Ils sont douze, dont trois semi-permanents, et cet effectif suffit à peine. Les communautés sont invitées à trouver chez elles les personnes capables d’aller à Ntonimba pour y recevoir la formation de catéchistes. L’instruction des chrétiens et des catéchumènes est régulièrement assurée dans trente sept villages. Il s’agit là d’une action difficilement chiffrable : le nombre des baptêmes d’adultes, à Pâques, peut dans une certaine mesure indiquer l’importance du travail qu’accomplissent les catéchistes.

 

Ceux-ci animent la prière de leur village, mais, pour ce faire, ils ne sont pas seuls. D’autres animateurs choisis par leur communauté s’y ajoutent, et portent à une trentaine sur l’ensemble de la paroisse, le nombre des chrétiens qui s’acquittent de cette fonction. Des sessions d’alphabétisations, de formation chrétienne et liturgique leur sont assurées, à raison de deux ou trois  par an entre les mois de novembre et de mai. Durant la dernière décennie, un effort considérable a été fourni pour la construction de chapelles de village, afin de rendre plus dignes les célébrations dominicales.

 

La jeunesse Agricole Croyante (JAC) regroupe un nombre important de jeunes, qui s’y sentent à l’aise et acceptent de s’engager au nom de leur foi dans la vie de leur village. Peuvent en faire partie, et en font partie effectivement des chrétiens, des musulmans et d’autres restés fidèles aux traditions de leur religion locale. Avec les autres villageois, et en accord avec les notables, ils travaillent à la construction de barrages et de retenues d’eau, à l’alphabétisation à des activités de santé et d’hygiène villageoise. Des journées de formation, organisées mensuellement, visent à les stimuler et les aider.

 

Deux jeunes de Faladjè sont actuellement au grand séminaire Saint Augustin, un autre étudie au séminaire moyen Pie XII. Une jeune fille est aspirante chez les sœurs de Kati, deux autres ont manifesté leur désir d’aller la rejoindre.

Quant à l’école paroissiale, elle compte à présent quelques 500 élèves de la première à la neuvième année. Dix sept professeurs y assurent l’enseignement, suivi avec un sérieux  et une assiduité remarquables : les résultats des examens en font foi. La plupart des enseignants se chargent aussi de la catéchèse scolaire ; ils le font dans un esprit de service, en acceptant de recevoir eux-mêmes une formation qui les y prépare.

 

Enfin, la paroisse de Faldjè entend, d’une part maintenir ma cohésion de ses secteurs, d’autre part s’associer à un mouvement de collaboration inter paroissiale. Par exemple la retraite annuelle des catéchistes les concerne tous, les retraites de carême données dans différentes paroisses sont préparées et données par un même prêtre.

 

Ainsi chemine patiemment, dans la foi, l’espérance et l’amour, une évangélisation par  laquelle notre paroisse s’efforce de répondre à l’appel des Bambara de la région.

 

Liste des Supérieurs de la Paroisse de Faladiè depuis sa fondation

 

1929-1945              P. Tréca                    1964                         P. Plénier

1945-1948              P. Kamara                1964-1973              P. Richard

1948                         P. Fondeur              1973-1975              P. José

1948-1950              P. Travers                1974-1975              P. Laconte

1950-1951              P. Mancheron        1975-1976              Abbé Gaston Traoré

1951-1952              P. Guérin                  1976-1978              P.Pedro

1953-1955              P. Dognin                 1978-1979              Abbé Michel Christol

1955-1956              P. Cavrois                 1979-1986              P. Kermasson

1957-1964              P. Kermasson          depuis 1986                        P. Richard

 

 

GOUALALA

Goualala : un village perdu dans le Ba-Sidibé ! Pourquoi ce choix ?

Le souci d’annoncer la Bonne Nouvelle avait poussé les PP. Thomas, Dubernet, et Garlantezec à parcourir la contrée du Wasulu  en novembre 1912. Le P. Thomas rappelle ceci : « Nous ne sommes pas allés à Goualala, mais à Djarani, nous n’en étions qu’à 6 ou 7 Km ». La partie malienne du Wasulu comprend quatre provinces : Ganan, Guanyaka, Diallonfula, Ba-Sidibé. Dans la région, le miel coule, les vaches sont nombreuses. Ce pays « bobo-oulé » avait déjà retenu l’attention des autorités

 

Le 3 octobre 1934, deux missionnaires circulant en vélo se présentaient au marigot temporaire coulant à l’est de Goualala ; quelques femmes y lavaient leur linge. Effrayées  par ces Blancs à barbe, elles partent donner l’alarme dans le village. Mgr Mollin et le P. Théveron venaient reconnaître les lieux, et saluer comme il convenait les notables du village en leur faisant part du projet de fonder chez eux une mission.

 

Pour obéir à Rome, le Vicaire Apostolique a voulu, par le choix de ce lieu, établir une mission dans un peuple encore peu évangélisé : les wasulukè. Se basant sur les statistiques, Mgr Molin avait constaté que Goualala était le village qui rassemblait le plus grand nombre d’imposables. Plusieurs quartiers le composaient : Dign, Kodyou, Féléko, Samsi, Founébala, Kissako, sans compter des hameaux de culture durant l’hivernage. Bounounko était moins central, trop près des cantons bambara. Yanfolila était minuscule, avec une population malade et rare. Le choix n’était donc pas si étrange.

 

L’implantation Missionnaire

Mercredi 21 novembre 1934 :

« Son Excellence Mgr Molin, parti hier matin de Bamako avec les Pères du Réau, Supérieur du nouveau poste de Goualala, Plénier, venu du Sahara, et le Frère Godefried, arrivent ici en bicyclette, après avoir passé la nuit au campement de Yanfolila. Le catéchiste Julien Sidibé les accompagne. Deux autres confrères sont restés à Yanfolila pour recruter les hommes nécessaires au portage des caisses. En arrivant au village, on salue les anciens assis sur le gwala. Ceux-ci se disent heureux de nous recevoir. En attendant l’arrivée des porteurs au campement, que l’on nettoie aussitôt, Mgr et le P. Plénier partent reconnaître des hauteurs qui bordent le village au nord : il y a là beaucoup de latérite, et c’est chaud. Les premiers porteurs venant de Yanfolila, à peine une vingtaine, sont ici à midi. C’est un jour peu propice pour s’installer : le chef de village nous dit qu’une femme vient de mourir et qu’elle doit être enterrée. De fait, à dix mètre  de notre case, on creuse une fosse. Cependant, vingt-neuf porteurs repartent à Yanfolila. De retour le soir, ils n’en rapportent aucun mot des deux confrères demeurés à Yanfolila…Le cuisinier, sa femme et son enfant (une famille chrétienne)  sont venus, mais comme il n’y a rien encore, on re goûtera ce soi à la cuisine indigène.

 

En octobre 1937, une école de garçons est ouverte. Parmi les premiers élèves : Mori fils de Sotigi et de Penda Sidibé.

 

Les premiers baptêmes sont célébrés en 1940 : François Sangaré, Marcel Doumbia, et sa femme Maria, Paul et Joseph Sidibé. Le 1er juin 1941, Sotigi Penda Mori Sidibé est baptisé sous le nom de Julien Marie Joseph.

 

21 février 1952 : ouverture du dispensaire dont la construction vient d’être achevée, à partir d’un hangar métallique de 50m² acheté deux ans auparavant dans ce but par l’Administration.

 

1953- les Pères cèdent leur maison à une équipe des ‘Filles soudanaises de Marie » qui arrive à Goulala le 16 octobre. Ils emménageront deux ans plus tard dans une nouvelle demeure, construite par le Frère Godfried.

 

  • L’école des filles commence à fonctionner, avant qu’un bâtiment spécial lui soit affecté en 1956.

1963    - 11 mai inauguration d’une maternité villageoise

              - Lenkoda construit une chapelle couverte de tôles

1965    - Construction de la chapelle de Dyégénina

1968-69 La mission est équipée d’électricité et d’eau

1969    - Dalaba se dote d’une nouvelle chapelle.

              - Inauguration de la nouvelle maternité etd’une salle chirurgicale ( pour onchocercose)

              27 avril 1980 : bénédiction solennelle de l’église de Goualala par Mgr Sidibé. Les premiers coups de pioche avaient été donnés en mars 1978

1981    - Construction d’une nouvelle maison pour les sœurs, tandis que la chapelle de Dalaba, démolie en raison des travaux du barrage de Sélingué, est rebâtie sur le site du nouveau village.

 

1982    - L’Association des Parents d’élèves de Yanfolila, construit deux salles de classe.

              - « Helvétas » effectue à Goualala plusieurs s forages, dont l’un permet d’approvisionner le dispensaire-maternité, les Pères et les Sœurs (chez lesquelles l’éclairage par énergie solaire est installé cette année).

 

Les Sœurs à Goualala

En date du 4 octobre 1949, Mgr Molin écrivait : « vous savez que j’avais prévu l’installation d’une communauté de filles soudanaises de Mari sur votre concession, dans l’angle nord-ouest de celle-ci (du côté du cimetière). Comme les Sœurs tiendront le dispensaire, il conviendra donc de bâtir celui-ci à proximité. »

 

Ce fut une grande journée que la venue des Sœurs à Goualala, le vendredi 6 octobre 1953. Paries le matin même de Bamako, elles font une courte halte à Ouéléssébougou, puis à Bougouni pour saluer les autorités ; elles s’arrêtent à Ntentou pour le repas de midi, et arrivent au village sous une averse de pluies. Les Gualalakès ont sorti leur tam-tam pour les recevoir. Les journées qui suivent sont occupées par l’installation de la communauté, qui nécessite aménagements et modifications du plan préétabli. Les PP Guérin et Carrière, ainsi que la Mère Joseph –Marie, sont là pour prévoir et pour arranger au mieux les Sœurs, dont les activités commencent sans tarder. Témoin ce programme établi pour elles dès le 26 novembre :

 

Classe du CP1, cours aux filles de l’école ménagère :

                        Lecture, dictée, morale ……………………                                   Sr Antoinette

                        Dispensaire…………………………………….                         Sr Jeanne d’Arc

                        Sacristie, cours de couture de repassage de

                        Lessive aux filles de l’école, toute la matinée           Sr Anna

                        Dispensaire, aide à la sacristie, études

                        D’infirmière deux fois par semaine………..                 Sr Joséphine

                        Formation des grandes filles, surveillances

                        Des écolières durant la récréation,

                        Surveillance de la classe des petites……….                 Sr Marie Ange

                        Visites aux familles des enfants et aux

                        Malades de Goualala, mardi et jeudi après midi     Sr Anna

                                                                                                                      Sr Joséphine

                                                                                                                      Sr Marie- Ange

 

Les vocations issues de Goualala

Né vers 1927, Julien Marie Joseph Mori Sidibé, fils de Sotigi et de Penda Sidibé, est baptisé le 1er juin 1941 (parrain : François Sangaré) Sous-diacre à koumi, le 3 octobre 1956, il est ordonné prêtre par Mgr Molin à Bamako, le 30 avril 1957. Evêque de Ségou en 1974, il fait sa première visite d’évêque à Goualala le 1er janvier 1975.

Vincent Couloubali, né le 17 mars 1952 à Nyénéguala, fils de Benoît  et Elisabeth Koné, baptisé le 19 mars par le P. Colinet, est ordonné prêtre à Kankan le 9 mai 1981

Timothée Diallo, d’Elie et Julienne Kondé le 20 août 1959 à Lenkoda, devient prêtre l’année même où se célèbre le centenaire de l’Eglise malienne.

 

Trois vocations religieuses honorent, en outre, la paroisse :

Cécile Konaté, fille de Jérôme Konaté et de Marie Sidibé, avait été  baptisée le jour de sa naissance, 12 novembre 1942, par le P. Plénier. Elle fait sa première profession en 1962 et prononce ses vœux perpétuels le 4 septembre 1971. Avec une douce patience, elle sert malades et femmes à Guéné-Goré, à Kati, à Goualala et à Pel, où après cinq années de dévouement, Dieu la rappelle à lui le 1er novembre 1972.

Modyère  Marie Véronique Sidibé, devenue sœur Jeanne –Célestine, nous donne aujourd’hui témoignage de plus de 25 ans de profession.

Marie –Pascale Sidibé, née le 25 février 1961 et baptisée, le 31 mai suivant, par le P. Plénier, fut confiée aux Sœurs par son père Sogon Sidibé, lorsqu’il perdit son épouse Diagosan, mère de Marie-Pascale. Celle -ci s’est maintenant engagée au service du Seigneur.

 

Pour servir le pays

A Goualala comme ailleurs, l’Eglise s’efforce de travailler à la promotion et à la libération de l’homme. Attestant la valeur de la prière (« Ce Père-là, je n’ai jamais vu quelqu’un prier comme lui ! »), elle invite ses fidèle au monde de Dieu en les appelant à se mobiliser pour que ce mode-ci soit autre.

Dès sa fondation, la mission de Goualala créa une école, mais il fallut plus de dix ans pour vaincre les réticences de beaucoup de parents, et arriver vers les années 1950 à dépasser la centaine d’élèves, parmi lesquels une vingtaine de filles, dans ses débuts, l’école devait fonctionner avec les moyens du bord, qu’il s’agisse des bâtiments ou du personnel enseignant. Le premier moniteur envoyé de Bamako n’arriva qu’en 1946. La mission ouvrit un deuxième cycle privé.

Si l’on fait une petite enquête dans les villages alentour, on est assez impressionné de constater le nombre d’anciens élèves de Gouala qui ont fait leur chemin dans la vie, et qui aujourd’hui, à travers tout le Mali, servent leur pays dans les postes les plus divers : école, santé, administration, sécurité.

 

Un autre front de lutte pour l’Eglise a toujours été celui de la santé. Là encore, au moment de sa fondation, la mission de Goualala ouvrait un centre médical, d’abord pris en charge par les Pères, puis tenu par les Sœurs de kati à partir de 1953, année de leur arrivée au village. Aujourd’hui, dispensaire et maternité fonctionnent avec un personnel entièrement malien : une religieuse infirmière, quatre aides-soignants non diplômés, une matrone rurale diplômée et une matrone traditionnelle. La contrée du Wasulu est connue comme foyer d’onchocercose et de lèpre. A présent, l’action du dispensaire de Goualala touche une quarantaine de villages, et tous s’accordent à reconnaître que l’état de santé de la population s’est amélioré.

 

Le troisième front de développement où la présence et l’action missionnaire ont été régionalement déterminantes, c’est la culture des arbres fruitiers, ainsi que le passage à une certaine mécanisation des instruments agricoles. La culture de l’oranger, peu pratiquée il y a trente ans, s’est largement répandue au-delà de Goualala. Des camions d’oranges s’en vont à présent du Ouasoulou vers Bamako. Quand aux mangues, leur variété ne se compte plus, grâce à la pratique de la greffe. Et si désormais le maïs fait concurrence au mil, c’est en partie grâce eu petit matériel agricole (charrues adaptées, semoirs, charettes) qui permettent aux cultivateurs de fumer leurs champs et d’exploiter une pluls grande surface avec moins de peine.

 

Liste des PP. et FF. Affectés à la Paroisse de Goualala depuis sa fondation :

1934        P. X. du Réau- P.G. Plénier- Fr. Godefried         1955     Fr. Zacharie,P. Mich-P. Delisse

1935       P. G. Bouvier                                                  1957     P. Heymès, P. Landon

1936       Fr. Dominique, P. Fontanié                               1959     P. Bouteille, P. Barreteau

1937        Fr. Dionysius, Fr. Frobert                                1961      P.Richard Van Doorslear

1938       P. Duchêne                                                    1963     P. Emile Devieux, P. Nicoleau

1939       P. Bizard, P. Dufresne, P. Cusset                     1967     P. Juillet

1942        P. Hecquet, P.Harle                                        1971      P. Leconte, P.Vanrenterghem

1946        P. Accocebery                                                           1973     P. Prat-Marcat

1947        P.R. de saint –Cyr, abbé Antoine Diarra           1974     P. José Moralès,P. Wim Schakenraad

1950       P. Louis Colinet, abbé Gaston Tarawelé                       1979     P. Descours

1953       P. Noël                                                          1980     P. Paulin

1954        P. Brayeur                                                    1981      P. Oskar Geissier

                                                                                  1984     P. Pierre Brignol

 

OUELESSEBOUGOU

Les trois paroisses de Bougouni, de Goualala et de Ouéléssébougou, couvrent tout le secteur sud du diocèse de Bamako. Aujourd’hui, Ouéléssébougou est un arrondissement situé sur le grand axe routier Bamako-Sikasso-Abidjan, à quelque 80 km de la capitale. En plus de Ouéléssébougou, la paroisse inclut une partie des arrondissements de Keleya, de Kourouba et de Sanankoroba. C’est une population essentiellement bambara et rurale, donc un milieu assez homogène.

 

La première annonce de l’Evangile s’est faite à partir de Bamako, sur l’initiative du P. Camille Cormerais. Grâce à sa petite Citroën, il pouvait se rendre rapidement et sans trop de fatigue à Ouéléssébougou, avec un catéchiste et deux bicyclettes. A partir de là accompagné de Francis Sangaré, le catéchiste, il visitait systématiquement les villages en bicyclettes. Cent quinze localités font ainsi prospectées. Le P. Cormerais expliquait à l’assemblée des notables, la raison de sa présence, et leur proposait d’envoyer chez eux un homme capable d’instruire dans la foi chrétienne ceux qui le désiraient.

 

Nous sommes en 1934. Un certain nombre de villages répondent favorablement à l’appel du Père, et en décembre, une soixantaine de jeunes hommes se retrouvaient à Kati où pendant trois mois, ils reçurent une première initiation chrétienne. Le 1O mars 1935 cinquante-quatre obtinrent une médaille signifiant qu’ils devenaient les premiers catéchistes de leurs villages, eux simples catéchumènes.

 

Fondation de la Paroisse

Le 18 septembre 1936, Mgr Molin avait annoncé la prochaine fondation de la nouvelle paroisse, et nommé pour cette mission les PP. Bizard et Hecquet, ainsi que le F. Dominique. Dès le 9 novembre, après autorisations obtenues du chef de village, du chef de canton et des autorités coloniales, le vicaire apostolique érigea la quasi-paroisse Saint François-Xavier de Ouéléssébougou, avec église au dit lieu et un territoire détaché des deux quasi paroisses de Bamako et de Goualala.

 

L’arrivée des trois missionnaires à Ouéléssébougou date du 10 novembre 1936. Ils commencent par camper quelques jours dans le pied à terre aménagé pour le P. Cormerais, au centre du village, puis s’installent à quelques 250 m de là, au sud-est, entre la route de Bamako-Bougouni et un marigot ». Installation provisoire, dans un ensemble  de cases rapidement construites par le Frère sur l’emplacement de l’actuelle église.

 

Sans attendre, le Fr. Dominique fit construire, près du marigot qui longe le terrain de la mission, un grand four (7,6Om de long, 5,10m de marge ; 4,30m de haut) capable de cuire 20 à 25.000 briques par fournée. Cela permit de commencer les fondations d’un bâtiment vers la fin d’août 1937. En avril 1938, la communauté emménageait dans un logement en dur. Entre temps, Dominique avait aussi entrepris  un jardin potager, des plantations d’arbres et la construction de trois cases-chapelles dans les environs à Férékoroba, Tamala, Mana, signes à la fois évidents et fragiles d’une présence chrétienne.

 

Les conditions initiatives du travail sont bien résumées par ce témoignage du P. Bizard, qui date du 29 novembre 1936 : « Nous devons nous borner pour le moment à entretenir le mouvement lancé par le P. Cormerais. Il a fait un travil considérable : carte précise du pays, recrutement et instruction de catéchistes bénévoles, tournées nombreuses et pénibles ».

 

La mission au fil des ans.

En 1938, le P. Camille Cormerais a quitté Bamako pour devenir responsable de la paroisse. C’est alors que le futur Père François Diallo y fait un stage avant d’être ordonné prêtre chez les PP Blancs en juin de l’année suivante.

Voici quelques réflexions écrites par le P. Cormerais en 1945 ; elles sont révélatrices des conditions et du style de la première évangélisation :

« Le milieu évolue sensiblement à l’heure actuelle : ce qui permet de parler plus ouvertement et de s’affirmer sans crainte de tout compromettre. Nous en avons la preuve dans les causeries de mise au point faites dans de nombreux villages, soit devant les vieux, soit devant la population réunie sur la place. Non seulement on obtient un succès facile en signalant l’escroquerie et l’immoralité des marabouts ambulants, mais des vieux osent même parler en public de l’inanité des fétiches, ce qui, il y a peu de temps encore, aurait pu leur coûter très cher ? Nous avons ouvert une brèche dans le paganisme social, le grand obstacle  à l’établissement du christianisme.

 

Déjà au Banan (Zone orientale, maintenant rattachée à la paroisse de Bougouni) où  plusieurs de nos catéchumènes avaient été menacés de mort s’ils refusaient de prendre par à l’initiation au fétiche « do », nous avons obtenu officiellement du chef de canton que personne ne serait initié de force. Il y eut pression secrète, et plusieurs se soumirent à la volonté de leurs parents, mais certains jeunes gens résistèrent jusqu’au bout.

 

Pour arriver au baptême, nos bambaras doivent abandonner les coutumes qui créent l’unité du village autour du fétiche, et permettent au chef – il faut bien le dire- de maintenir l’ordre et une certaine moralité. Ce sont les fétiches qui légifèrent, et ce sont eux qui punissent. Or, se soustraire à ces coutumes, c’était en fait prononcer sa propre condamnation à mort, et ce qui est pire attirer sur sa famille des vengeances terribles. »

 

 Dix ans après sa fondation, la paroisse compte 63 baptisés : 40 hommes, 7 femmes et 16 enfants. En 1956, c’est-à- dire au bout de vingt ans, les baptisés sont au nombre de 371. Cinq ans plus tard, au lendemain de l’indépendance du Mali, ce nombre tourne autour de 500, mais le vent de l’indépendance a fait fondre assez rapidement l’effectif des catéchumènes dans beaucoup de villages. La paroisse a cependant déjà poussé de solides ramifications dans une vingtaine de localités.

 

Aujourd’hui, le registre des baptêmes de Ouéléssébougou contient environ 2.000 noms. Plus du tiers de ces chrétiens de sont établis ailleurs ; il en reste quelque 1.300 sur place, dont un millier dispersés dans une quarantaine de villages.

 

Quelques réalisations :

Contribution de la paroisse à la formation des catéchistes :

Le 1er novembre 1945, s’ouvrait dans la paroisse, une école de catéchistes qui rassemblait des jeunes de Ségou, de Bamako, de Goualala et bien entendu, de Ouéléssébougou. Elle fonctionna deux ans, et rouvrit en 1951 avant d’être transférée à Faladjè, d’abord partiellement (1955) puis complètement  (1958).

Cela pour rappeler que dès le début de la mission, la formation de catéchistes,

 fut considérée comme une tâche de la plus haute importance.

 

Une école d’enseignement fondamental

En 1962, les Pères se rendent compte qu’une école paroissiale permettrait d’assurer une éducation propice aux enfants chrétiens des villages. Mgr Leclerc, attentif au fait qu’une école officielle fonctionne déjà depuis 1925 à Ouéléssébougou, souhaite que l’école de la paroisse soit désirée, c’est-à-dire demandée par la population elle-même, et pas seulement par les prêtres. A la suite de quoi, le conseil paroissial entreprend un travail de sensibilisation auprès des pères de famille. Une lettre est alors adressée au Comité d’Arrondissement pour solliciter que la Mission ouvre une école, parce que « l’école actuellement existante n’arrive pas à recevoir tous les enfants qui désirent l’instruction ». Le Comité transmet la demande à Bamako, et le Commandant Kalifa Traoré annonce à l’abbé David Traoré, le 23 janvier 1963, que c’est chose acquise.

 

Pour la rentrée d’octobre 1963, l’école privée de Ouéléssébougou ouvre ses portes à 65 élèves, dont la majorité se compose d’enfants musulmans, ( il en a toujours été  de même par la suite). Entre 1966 et 1982, l’établissement comprenait une cantine scolaire, pour faciliter la scolarisation des enfants des villages. A partir de 1981, la paroisse a obtenu l’autorisation d’ouvrir un second cycle, venant compléter l’enseignement de premier cycle dispensé jusqu’à cette époque.

 

Dispensaire et maternité

Dès le début, les responsables de la paroisse se sont souciés de la santé : un Père assurait le service du dispensaire construit en septembre 1937, avec briques cuites et toit de tôle.

En mai 1951, ce dispensaire est pris en main par Mlle Lanier, une infirmière venue de France. C’est alors que trois religieuses maliennes, des Filles du Cœur Immaculé de Marie, sont envoyées à Ouéléssébougou pour deux ans, afin de se former aux soins de santé, et se préparer ainsi à l’ouverture d’un dispensaire dans la paroisse de goualala. Mademoiselle Lanier regagne la France en 1957. A la suite d’une pétition adressée au Ministre de la santé par le groupement bamakois des originaires de Djitoumou, (le Djitoumou couvre l’aire de Ouéléssébougou), la paroisse cède le dispensaire à l’Administration à compter de 1958.

Il faudra attendre 1968 pour qu’on parle d’une implantation des Sœurs de Saint Vincent de Paul d’Opwijk. Au commencement de cette année, leur Mère Générale rend visite à la paroisse. Le 1er janvier 1970, quatre Sœurs se mettent au service de la maternité  et du dispensaire publics de Ouéléssébougou. Deux ans plus tard, elles font construire une nouvelle maternité et un nouveau dispensaire, lesquels furent remis officiellement à l’arrondissement le 7 novembre 1973. Outre leur travail quotidien, à Ouéléssébougou, les Sœurs étendent leur activité à un certain nombre de villages environnants : visites régulières aux formations sanitaires de base, campagnes de vaccinations ou de nivaquinisation. Des stages d’infirmiers et infirmières ont souvent lieu à Ouéléssébougou.

 

Centre Social

En 1969, la Congrégation des Sœurs d’Opwijk a construit les bâtiments d’un centre social, remis au gouvernement l’année suivante. Les premières activités, conformes au programme des centres sociaux de l’époque, concernaient sur place des femmes mariées, ainsi que des jeunes filles illettrées ou envoyées de l’école. Progressivement, l’influence du Centre s’est élargie à la population rurale des environs de Ouéléssébougoou, et amplifiée dans une animation rurale féminine. Les activités d’animation sont à présent assurées par des monitrices qui reçoivent une formation permanente au Centre.

 

Bilan d’un cinquantenaire

Les cinquante ans d’existence de la paroisse ont fait l’objet d’une célébration solennelle, présidée par Mgr Luc Sangaré. Ce fut les 7, et 8 février 1987, l’occasion d’une grande fête qui, au-delà des paroissiens, rassembla nombre de chrétiens originaires de Ouéléssébougou et maintenant établis ailleurs, ainsi que toutes les autorités locales et bien des amis non chrétiens. La communauté chrétienne de Ouéléssébougou et des villages avait su se mobiliser, non seulement pour organiser un tel rassemblement (ce n’est pas une petite affaire de préparer logement et nourriture pour un millier de personnes !) , mais  pour prendre conscience de ses racines, et affirmer sereinement son identité chrétienne aux yeux de tous.

 

Depuis trois ans, quelques 350 dogons, dont beaucoup de catholiques, se sont installés sur le territoire de la paroisse, au sud de keleya, à Banantumu et dans quelques villages alentour. Près de Ouéléssébougou, des chrétiens protestants sont présent à Mana et de livrent à un sérieux travail de formation. La paroisse se doit de réserver à tous un accueil fraternel.

L’animation pastorale s’est sectorialisée, afin de permettre que les laïcs exercent de plus en plus leur responsabilité  au sein  des communautés qui rassemblent les chrétiens de plusieurs villages. Chacun des huit ensembles ainsi constitués a son chef de secteur et ses responsables de la catéchèse, de l’entraide fraternelle (SECAMA). La formation de ces responsables est entretenue et poursuivie par des rencontres régulières à Ouéléssébougou, ainsi que par sessions ou stages diocésains tenus au centre catéchétique de N’Tonimba. La responsabilité de l’entrée en catéchuménat repose maintenant sur le secteur, qui prend en charge les catéchumènes et les propose ensuite pour une formation plus intensive donnée à Ouéléssébougou, où elle se conclut par le baptême.

Pendant toute l’année, ont lieu à Ouéléssébougou, des stages de catéchèse, et une fois par an, un stage d’alphabétisation en bambara à destination des enfants, jeunes gens et jeunes filles des villages. Quant à la catéchèse scolaire, elle repose sur les maîtres et des femmes catéchistes bénévoles.

Dans le monde rural, la JAC, qui entre 1957 et 1964, avait déjà dynamisé un certain nombre de jeunes villageois, a repris depuis trois ans plusieurs activités : rencontres de réflexion sur l’existence quotidienne à la lumière de la foi chrétienne. On y traite d’alphabétisation, de méthodes de cultures et de plantations, d’hygiène des villages, de barrages… Les comités SECAMA de chaque secteur ont géré la répartition de l’aide alimentaire reçue ces dernières années ; ils gèrent aussi les fonds provenant de l’extérieur en vue de subventionner partiellement l’achat de matériel agricole (charrues, semoirs, charrettes, bouettes.)

 

En bref, la priorité pastorale est de conduire les communautés de secteur à devenir de plus en plus responsables de l’entretien et de la communication de leur foi, de leur vie de prière personnelle et communautaire, du partage et de l’ouverture missionnaire qui doivent caractériser tous les fidèles de Jésus Christ.

 

BOUGOUNI

Dès la création du poste de Goualala, en 1934, les Pères viennent à Bougouni tous les mois, pour célébrer une messe dominicale à l’intention des quelques chrétiens européens ou libanais qui y résident. Pour faciliter ces visites mensuelles, le P. du Réau comptait utiliser une voiture, mais l’achat  du véhicule n’eut pas de suite, celui-ci tombe en panne  à Faragouaran, et y restera dans l’attente d’un autre acquéreur. C’est donc en vélo que, le samedi matin, un prêtre par de Goualala pour arriver vers midi à Bougouni : déjeuner chez le commandant, circulaire pour avertir les chrétiens, et messe du dimanche à la résidence où se rendent quelques fidèles. Le retour avait lieu le dimanche soir, à moins que la tournée continue dans le Banimonotié, le Nafaldougou, le kouroumamini ou le Bolou…

 

 

Fondation de la Paroisse

C’est en 1952 qu’on commence à envisager l’établissement d’une mission à Bougouni, chef-lieu de cercle dont l’aspect d’est rapidement modifié depuis cinq ans, avec le goudronnage de l’axe Bamako-Sikasso. A cette époque, le cercle comptait 200.083 habitants répartis dans 796 villages. Bougouni-centre comprend déjà quelque 2.000 personnes, au nombre desquelles une trentaine d’européens, c’est un centre urbain en puissance, avec les services administratifs du cercle (administration générale, santé, juge de paix, enseignants), quelques magasins tenus par des européens ou des Syriens, un gîte d’étape militaire, un restaurant et tout récemment venu un cinéma.

De l’avis unanime, fonder un poste à Bougouni s’impose, et pour répondre au désir des quelques chrétiens présents, et pour faire le trait d’union avec les missions de Sikasso, Sinzana, Béléko, Ouéléssébougou, Goualala.

Autorisés à occuper le « gîte d’étape », les PP Noël et Delisse viennent s’installer à Bougouni le 27 octobre 1953. Voici la description de leur habitat :

« Un vaste terrain, limité au nord par la route Bamako-Sikasso, à l’ouest par la route de Bamako- Kankan. Les autres côtés sont bornés par des terrains vagues. Plusieurs bâtiments en banco, pas mal délabrés, sont dispersés sur ce terrain. L’ancien bâtiment des officiers (trois chambres, deux appentis, véranda circulaire, sol cimenté) est destiné à servir de maison de communauté. Près de là, une espèce de tonnelle, mess des officiers, qui sera probablement utilisée comme chapelle. Pas une porte au bâtiment. Il faut monter la garde, car une bande de jeunes gangsters fait des siennes depuis quelques temps. « Francis Sangaré, menuisier établi au quartier Mecker, catéchiste des temps héroïque, va mettre des portes à la maison quand, le 31 octobre, une magnifique tornade montre que le toit de paille ne vaut rien, et qu’il faut aussi s’en occuper.

 

Moyennant quoi, l’inauguration officielle de la chapelle est fêtée le 14 février 1954. Sont présents : le P. Michel et l’abbé Gaston Traoré ( de la mission-mère de Goualala) ainsi que d’autres proches : PP Fontané, Cavrois, Journeux, Kermasson, Brayer, Mlle Lanier. Deux catéchistes, Michel Coulibaly de Ouéléssébougou et Mathias Toé de Kolongotomo, servent la messe du P. Noêl. A la fin du mois suivant, le P. Bevand, de Ouéléssébougou, introduit à bougouni le catéchiste Gratien Samaké aves sa famille.

 

Il faut bâtir….

En mai et juin 1954, le Fr Goedfried couvre d’un toit de tôles la maison de communauté. Quatre  ans plus tard, le Fr Martin Schuller vient construire une salle de réunion avec deux bureaux et une église paroissiale. En 1959

 

La fête de Pâques fut un petit triomphe pour la mission de Bougouni : sa nouvelle église qui élève fièrement sa croix vers le ciel est archicomble par la seule présence de nos kalandenw et des chrétiens : ceux-ci ont vu leur nombre s’accroitre de 17 adultes, et le soir de Pâques, Monseigneur Leclerc accompagné du Vicaire Général, le P. Léridon, venu pour la bénédiction de la nouvelle église, donne la confirmation à 51 chrétiens.

 

Le 15 octobre 1962, M. Edouard Traoré, ouvre une école dans la salle de réunion de la paroisse, qui accueille 60 élèves  dont 25 filles. Au fur et à mesure des besoins, plusieurs bâtiments scolaires seront construits sur le terrain paroissial, en particulier un internat pour les enfants des villages.

 

La population de Bougouni attendait l’ouverture d’un jardin d’enfants par les Sœurs pour octobre 1965. Mais le projet tarde : en 1971, on achète un terrain jouxtant la mission, et la construction du bâtiment prévu s’achève qu’en 1982. Quant aux Sœurs, elles sont toujours attendues…

 

La vie de la Mission

Au moment où se fonde la mission, la région de Bougouni passait pour un pays bambara païen. On s’aperçoit alors qu’en réalité l’islamisation de certaines zones se poursuit depuis un quart de siècle, surtout en provenance de la Côte d’Ivoire et de Kankan. Dans l’un des cantons du cercle, la moitié des villages possède sa mosquée ; dans un autre, ce sont les deux tiers.

La première communauté chrétienne de la paroisse est surtout composée de fonctionnaires et de quelques commerçants libanais. Plusieurs chrétiens sont originaires du lieu : les Sangaré, (Ignace et Moïse) venus de Dissan, les Doumbia (Camille et Léon) de Nienegela. D’emblée, l’action paroissiale porte ses efforts à la fois sur Bougouni centre et dans les aires rurales environnantes.

 

Parlons d’abord de qu’est devenue l’activité urbaine.

La ville de Bougouni compte aujourd’hui, près de 200 baptisés sur une population d’environ 18.000. A part quelques familles issues de Ouéléssébougou, la majorité de ces chrétiens viennent d’ailleurs, et ne sont là que provisoirement en raison de leur travail : fonctionnaires, enseignants, employés de la CMDT (une grand usine d’égrenage et d’emballage du coton  est implantée à Bougouni). La communauté paroissiale compte un certain nombre de Bobo et quelques dogon. Une société de forages d’origine suisse (Helvetas) est établie à Bougouni depuis dix ans, de même qu’un relais sectoriel du programme de lutte contre l’Onchocercose en Afrique de l’Ouest (OMS). La ville possède son hôpital, qui date du temps de la colonisation, et depuis peu son lycée.

 

La paroisse, avec ses activités, est de plus en plus l’affaire des laïcs : un prêtre n’est même pas toujours là le dimanche pour présider l’Eucharistie. La catéchèse des enfants est assurée par les enseignants, jusque dans un village situé à une douzaine de km du centre où l’un d’entre eux maintient le contact et a commencé la formation de quelques catéchumènes.

 

Une équipe liturgique prend en charge les célébrations dominicales, une chorale contribue à la célébration des fêtes. Une équipe SECAMA, pouvoir aux problèmes d’entraide et de secours d’urgence. Les femmes chrétiennes ont constitué un groupement très actif pour la préparation des fêtes et une certaine animation de quartier : année mariale, mois du rosaire.

 

Il y aurait largement place, si c’était possible, pour un aumônier qui consacrerait tout son temps à l’éducation des jeunes dans la foi : en plus de l’école fondamentale de la paroisse. Bougouni compte quatre écoles fondamenta     les dans les quartiers, et un lycée de 300 élèves, ce qui signifie une importante population scolaire.

 

Quant aux chrétiens des villages : voici quelques éléments de la situation. 

Le groupe le plus important, environ 300, réside à quelque 80 km de Bougouni, dans une région dite « Banan », à peu près coextensive, à l’arrondissement de Dogo. La première évangélisation du Banan s’est effectuée à partir de Uuéléssébougou dès l’année 1938, notamment avec le P. François Diallo. Après la fondation de Bougouni, le Banan a été rattaché à la nouvelle paroisse, car l’arrondissement de Dogo dépend du cercle de Bougouni. En 1970, l’Archevêque est venu bénir une nouvelle implantation à Siratoumou, près de kola, où le P. Noël , curé de la paroisse, avait obtenu l’autorisation de construire chapelle et résidence.

 

D’une manière générale, les chrétiens ne sont pas groupés dans quelques localités préférentielles, mais dispersés dans de nombreux villages, éloignés les uns des autres. La paroisse a réparti l’ensemble de ces villages en quatre secteurs, pour favoriser et susciter des rencontres entre chrétiens et une certaine prise en charge de leur propre existence communautaire. En effet, à l’exception de l’arrondissement de Dogo, la présence chrétienne dans les autres arrondissements (Kolondiéba, Faragouaran, une partie de Keleya) se réduits à quelques familles de fonctionnaires disséminées ici et là.

 

Rappelons enfin que la paroisse de Bougouni voisine avec celles de Sikasso, et de Diou, qui sont distantes de plus de 200 km, c’est dire qu’il reste au Mali de grands espaces disponibles pour l’annonce de l’Evangile.

 

 

KOLOKANI

Officiellement fondée le 6 janvier 1965, et placée sous le patronage de Notre dame de l’Epiphanie, la paroisse de Kolokani est une filière de faladié. Dès 1929, le P. Tréca fréquentait les rives du lac Wenya. Vingt ans plus tard, le P. Bizard parcourait la région des rives droites du Dla et du Baoulé, où furent bénies en 1956 les deux églises de Jiwoyo et de Fasa, construites sous sa direction. C’était le départ d’un catéchuménat. En 1957, deux catéchistes, Marcel Kulubali et Paulin Traoré, s’installaient à Fasa pour l’hivernage ; Marcel y restera, et Paulin par ensuite s’établir à Jiwoyo.

 

Le 5 avril 1958, les premiers catéchumènes de jiwoyo, Paukl Diarra et Jean Diarra, reçoivent le baptême à falajè. Pour Pâques 1959, ce fut le tour de Fasa, avec Michel Diarra et Jean Marie Diarra en 1960, Michel Kulubali. Les femmes ne restaient pas en arrière : dès 1960, deux dames âgées de Fasa, Denise et Delphine, devenaient les premières chrétiennes de la future paroisse de kolokani.

 

Pareils débuts n’ont pas été sans difficultés. Bien des catéchumènes devaient se cacher des vieux pour aller préparer leur baptême à Falajè. De retour chez eux, ils se voyaient privés de nourriture s’ils ne travaillaient pas le dimanche, soupçonnés d’entraîner tous les malheurs s’ils travaillaient le lundi, accusés de trahir le chemin de leurs pères quand ils refusaient de participer aux cérémonies traditionnelles  (par exemple, à celles du komo)… A force de patience, ils ont su peu à peu acquérir droit de cité, en s’aidant les uns les autres à cheminer dans un juste respect de leurs aînés, maîtres des coutumes locales.

 

A Kolokani même, habitaient quelques chrétiens, fonctionnaires ou commerçants. Depuis 1956, le P. Kermasson leur rendait régulièrement visite et célébrait pour eux la messe au campement administratif.

 

Implanter une paroisse

75 km séparent Falajè de Kolokani, et pour parcourir cette distance, les pluies alors abondantes obligeaient souvent à traverser le Dla à la nage. Cependant, le catéchuménat progressait (35 adultes baptisés à Jiwoyo et à Fasa entre 1958 et 1964) et la ville de Kolokani comptait quelques chrétiens. Dans ces conditions, Mgr Sangaré, Archevêque de Bamako, demanda au P. Kermasson de prospecter la contrée du Bèlèdougou, en vue de choisir le lieu où pourrait être fondée une nouvelle mission.

 

Après avoir sillonné la région depuis wolodo jusqu’à Dubabugu, de Banamba jusqu’à Morkoya, et visité quelque cent villages, le P. kermasson conclut que le mieux était de s’installer à Kolokani, chef-lieu du cercle, même si ce site occupait  une position excentrique par rapport aux communautés déjà existantes.

 

Voila comment, le 6 javier 1965, les PP Kermasson et Pouvreau vinrent s’établir à Kolokani, dans une demeure louée au Dr Sow. Sans perdre de temps, le Fr. Schuller se met à l’œuvre pour construire leur maison, dont une salle servira de chapelle jusqu’en 1987.

 

Méritent ici mention quelques dates qui ponctuent le développement de l’action paroissiale :

 

1966              Verger –potager à Jiwoyo

1967              Bibliothèque mise en service à Kolokani

1968              Le P. Giraudet rejoint l’équipe paroissiale

1969             groupement de pêche à Wényan

28 mars 1970         Une grande première fêtée par tous les paroissiens : les catéchumènes qui jusque là, devaient préparer leur baptême  à Falajè, le feront désormais à Kolokani, où les préparations au baptême se succèdent alors d’année en année, groupant de 15 à 46 adultes.

 

1970, marque le début d’une opération puits qui durera jusqu’à ce que, avec le progrès de la sécheresse, il devienne évident à partir de 1978 que des retenues d’eau (barrages) sont plus rentables.

 

1973-1974              La grande sécheresse et la famine qui s’ensuit, appellent une action caritative qui deviendra le SECAMA.

 

1977                         Des jeunes commencent à aller à Falajè et à Ouéléssébougou, où ils se forment à la technique des retenues d’eau , et s’initient à la JAC.

 

1980                         La paroisse atteint une soixantaine de villages ; il s’avère nécessaire de l’organiser en six secteurs, dont les responsables formeront le « conseil paroissial » à compter de 1984.

 

Pour annoncer la Bonne Nouvelle

 

En 1969, le catéchisste Marcel Kulubali rejoint Kolokani ; sa foi et son zèle en font  un apôtre sans lequel la paroisse ne serait pas devenue ce qu’elle est. Parmi les jeunes baptisés  surgissent, à partir de 1972, des catéchistes dont plusieurs travaillent bénévolement avant d’aller se former à N’Tonimba : ainsi, Pierre Diarra de Sirado, Michel Sidibé, Raphaël Kané, Bernard Kulubali, Nicola Diarra de Fassa, Modeste Diakité de Waradugu, Moïse Diarra de Wonpana, Bernard Diakité de Wényan. Ce dernier mourut en 1977 à N’Cebugu, et son enterrement scella l’origine d’une communauté chrétienne  dans ce village. Citons encore les noms de Michel Kulubali de Sikoroni, Etienne Traoré (devenu moniteur à N’tonimba depuis 1986 pour une durée de quatre ans), Abraham kulubali (fidèlement bénévole à Faraninda  depuis 1980). Dans les dernières années, sont entrés en fonction Léon Diarra de Fassa, Modesste à Kuluba, Paul à N’Cibugu, Michel Bugu Kané à Dafina, et bientôt sera à pied d’œuvre, la dizaine de catéchistes actuellement en formation.

 

Pour la fête de l’épiphanie, 1973, huit ans après la fondation de la paroisse, quatre sœurs Blanches s’installent à Kolokani, dans la maison construite pour leur communauté par le Fr. Schuller. A Sœur Gloria Garcia Rueda est confiée la direction de la maternité de la ville. Sœur Marie Thérèse Ollier travaille bénévolement au centre social ; sœur Maria Schmid dirige le jardin d’enfants ouvert par la paroisse ; sœur Janie Dutilh s’engage dans la catéchèse. Les Sœurs se retirent de la maternité en 1980, et du centre social quatre ans plus tard. Le jardin d’enfants est fermé en 1983, car le nombre trop restreint d’inscrits ne permet pas d’en assumer les frais. En 1980, arrivent les Sœurs Marie Madeleine Mérot et Pierrette Pelletier, toutes deux infirmières. Avec l’équipe médicale, elles coopéreront à l’instauration des soins de santé, à la formation des matrones et des aides-soignants sur toute l’étendue du Cercle. Elles assurent, en outre, des cours pratiques d’éducation sanitaire lors des divers stages de formation programmés dans la paroisse.

 

Longtemps, l’église de kolokani fut considérée comme une église de célibataires. Les anciens disaient : « c’est bien pour nos enfants », et cela jusqu’au jour où le chef du village de Jininjè, Pierre Traoré, décida de recevoir le baptême. Depuis, il n’est plus rare d’accueillir des hommes d’un certain âge, et surtout des femmes souvent mères de jeunes chrétiens. Parmi elles, beaucoup disent avoir entendu la Parole au temps de leur jeunesse, et l’avoir gardée jusqu’à ce jour. En 1974, prit corps un mouvement des femmes de la paroisse, qui demandèrent elles-mêmes que la préparation au baptême s’effectue dans leurs villages. A l’initiative du P. José Morales et avec le concours de l’abbé David Traoré, eut lieu en 1981, un rassemblement général des femmes qui mit en évidence, aux yeux de tous, l’importance et le dynamisme de leur mouvement. A Pâques 1987, autant de femmes que d’hommes recevaient le baptême.

En 1979, le P. Oskar Geisseler, constatant le nombre insuffisant des catéchistes, entreprit la formation d’animateurs de la prière » (batemyèmogow), chargés de la célébration du dimanche dans leur village. L’année suivante marque l’inauguration d’une semaine de stage à l’intention des femmes de catéchistes : cette semaine a lieu deux ou trois fois par an. Et chaque année, depuis 1981, une semaine est consacrée à la préparation des couples au mariage.

La segmentation de la paroisse en secteurs a nécessité la construction de lieux de culte plus spacieux que les premières chapelles. Ainsi s’édiffièrent progressivement des églises à jiwoyo (1979), Sikoroni, Sirado, Fasa. En 1984, chacun des six secteurs, disposait d’une église assez vaste poru y accueillir les paroissiens de ses villages. Ceux-ci, à leur tour, eurent à cœur de bâtir leurs propres chapelles : à partir de 1985, la paroisse leur fournit les tôles, du toit , ainsi que l’huisserie des portes et fenêtres, à charge pour la communauté de faire les briques et de rémunérer les maçons responsables de la construction. Quand le P. Kermasson revient en 1986 pour prendre le relais du P. Balduz, huit chapelles villageoises sont couvertes de tôle, et bientôt vingt deux autres l’auront été progressivement.

 

Reste le centre paroissial de kolokani, où les cérémonies un peu nombreuses se déroulaient encore, l’année dernière, à l’ombre des arbres. Dès avant 1970, des fonds avaient été prévus pour la construction d’une église, mais ils servirent à nourrir les enfants pendant la famine de 1973-1974. Les travaux n’ont pu commencer qu’en 1986, sous la conduite de maçons italiens, parents et amis du P. Aldo Giannasi, et avec l’aide de jeunes délégués par les six secteurs.

 

Voici comment l’expansion des communautés chrétiennes continue lentement, mais sûrement, sur la lancée imprimée dès le début par les Pères fondateurs, et le catéchiste Marcel Kulubali (qui vient de prendre une retraite bien méritée). L’évangélisation se poursuit de village en village, en 1986, une pointe a été poussée vers le Nord est de Didiéni. La paroisse espère et prépare la relève : elle compte déjà une de ses filles parmi les novices de Kati. Nous donnons à la page suivant les noms des prêtres et des religieuses qui ont l’honneur d’avoir contribué à l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ dans le Bélédougou.

 

Prêtres ayant travaillé à kolokani depuis la Fondation de la Paroisse.

 

P. Kermasson                     1965-1967              Revenu en 1986

P. Pouvreau                                    1965-1978

P.Giraudet                           1968-1970              décédé en 1987

P. Giannasi                          1970-1972              revenu en 1981

Abbé Lassalvy                     1972-1976

Abbé Christol                      1976-1977

P. Geisseler                         1977-1980

P. Morales                           1980-1983

P. Bonfanti                          1980-1984

P. Balduz                              1984-1986

P. Lecomte                          1985-1986

Père Bailleul                                    depuis 1987

 

Sœurs religieuses au Service de la Paroisse à compter de 1973

Gloria Garcia Rueda                     1973-1978

Marie Thérèse Ollier                    1973-1978

Maria Schmid                                 1973-1978

Janie Dutilh                                     1973….

Arantzazu Lopez                           1978-1980

Huguette Regennas                      1978-1981, revenue de 1983 à 1985

Lucienne Grosjean                                   1978-1980

Marie-Madelein Mérot               1980-….

Pierrette Pelletier                          1980…

Helga Moil                                       1981-1983

Antoinette Gagnon                       1981-1984

Adoracion Bolivar                         1986-….

Marie José Blain                            1986-1987

Marguerite Bouley                       1987

 

 

QUELQUES PORTRAITS

 

André TRECA

 

Fils d’Henri Tréca et de Constance Proyart, André naquit le 26 août 1881 à Douai. Après ses études secondaire au Collège Saint jean de sa ville natale, il entra à Issy où il prit la soutane et reçut la tonsure. Puis dès 1902, il se rendit à Binson  (Marne), séminaire de philosophie des Pères Blancs. Ce déplacement a laissé un souvenir indélébile dans la mémoire du jeune homme. Son Père avait tenu à prendre le train avec lui, pour le présenter au Supérieur du séminaire. Tout à coup, un tamponnement d’une violence extrême se produisit, qui causa de nombreuses morts ou blessures graves. Le wagon dans lequel avaient pris place nos deux voyageurs fut ouvert par le choc à la partie supérieure, et chacun d’eux de trouva projeté dehors, l’un à droite, l’autre à gauche de la voie encombrée de débris. Le premier sorti de son étourdissement se mit à la recherche de son compagnon, qui lui aussi n’avait éprouvé que de légères contusions. Inutile de dire les actions de grâce qui jaillirent du cœur des deux rescapés ; ils ne manquèrent pas non plus d’interpréter cette protection comme un nouveau signe de la vocation apostolique d’André. Et, en attendant de reprendre leur itinéraire si brusquement interrompu, ils de dévouèrent aux soins des sinistrés.

 

Au terme d’une année passée à Binson, André Tréca revêtit l’habit des PP. Blancs le 4 octobre 1903, au noviciat Saint Marie de Maison –Carrée. Il prononça son serment le 28 juin 1906 à Carthage, et fut ordonné prêtre le 29 juin de l’année suivante. Durant ses études, au scolasticat de Carthage, le P. Tréca, esprit ouvert, s’intéressait  à de multiples questions, qu’il exposait ensuite avec conviction et ampleur. Suivi par quelques confrères, il prit l’initiative de fonder le « Cercle Lavigerie », qui tenait des réunions les jours de promenade et pendant les moments libres. Cette institution permit d’approfondir des problèmes de politique coloniale et d’action missionnaire, et aussi – car c’était un des buts envisagé –d’acquérir ou de développer la facilité d’élocution devant un public parfois ingrat, sinon railleur.

 

Il apprit avec joie sa nomination pour le Soudan, région dont il était bien informé pour avoir lu assidûment  et commenté, pendant plusieurs années, la revue Afrique française.

 

Après quatre mois à Ségou, il travaille à Patyana (1908-1910), puis à Kayes (1910-1911) et à Kati en 1912. Le 11 novembre de cette même année, il rejoint la maison-mère pour la grande retraite ? De retour au Soudan en 1913, il se fixe à Kati où il devient Supérieur en 1916. En 1920 on l’envoie à Lille où il doit s’occuper de « recrutement ». Deux ans plus tard, le voici de nouveau à kati, dont il s’absente  en 1926 pour venir prendre part au chapitre général. En 1927, un cour passage en France précède sa nomination de maître des novices à Sainte marie (Maison Carrée). Cet épisode dura un an, au bout duquel le P. Tréca retrouve le Soudan avec joie.

 

Le 3 mai 1929, il s’installait à Falajè, centre d’un champ d’apostolat encore vierge. Les Bambara du Bélédougou, guerriers énergiques, indépendants, très attachés à leur coutume, et résistant victorieusement depuis toujours à l’islam, promettait un apostolat difficile. Mais le fondateur du nouveau poste était l’homme qu’il fallait dans pareille situation. Grand, svelte, à peine grisonnant, à l’approche des 50 ans, il présentait à ses ouailles toutes les qualités naturelles capables de les impressionner. Botté, éperonné, la gandoura largement relevée et serrée aux hanches, il parcourait le pays sur un cheval magnifique,  ce qui lui donnait belle allure et le prestige d’un grand chef. Ses 22 ans d’expérience apostolique, tous les avantages subis aux temps héroïques du Soudan, lui avaient façonné une âme de vieux bambara. Il avait un visage toujours impassible malgré  les contretemps, une gravité de parole digne des vieux sage et un don merveilleux de ne rien brusque, de voir attendre, de sembler ne pas remarquer les oppositions et les mangues d’égards. Eléments humains qui pouvaient aussi servir la diffusion de l’évangile.

 

A peine arrivé, laissant à ses subordonnés le soin des installations matérielles, il consacra son temps à pendre contact avec la population. Le P. Tréca  avait ses méthodes à lui, appliquées avec persévérance envers et contre tout. Placé au centre d’un district d’environ 90.000 âmes, il le visita entièrement, sans pour autant se disperser sur toute l’étendue de la paroisse. Il préférait la stratégie de la tache d’huile. Aussi fit-il porter son effort sur le village et ses environs  immédiats. Il gagna vite la sympathie des vieux, qui l’eurent toujours en grande vénération, et lui confièrent d’emblée leurs enfants. Dans l’école rudimentaire de Faladié, on ne suit jamais lire couramment, mais on apprit le catéchisme, et il en sortie bientôt un noyau de jeunes chrétiens. Les parents furent  assez déçus et fâchés de ces conversions, mais n’osaient pas formuler de réclamations ni retirer leurs enfants, tant était grand le prestige du Père Supérieur.

 

Les travaux perpétuels que nécessitaient l’installation du poste, puis celle du séminaire, lui fournirent le moyen d’approcher de nombreux ouvriers. Son comportement vis-à-vis d’eux, était plus celui d’un catéchiste que d’un chef de chantier : le travail accompli importait moins que l’assiduité aux instructions du soir.

 

C’était un homme d’autorité : il exigeait plutôt qu’il ne demandait, et ne revenait jamais sur une décision prise. Moyennant quoi, sa longanimité était grande, mais gare à ceux qui mettaient sa patience à bout ! Son prestige personnel lui permettait de réunir les néophytes et de compléter leur instruction quand il le voulait, aussi longtemps qu’il voulait.

 

 En communauté, le P. Tréca était un compagnon charmant, que ses dons d’intelligence et son cœur rendaient vite sympathique aux jeunes. Homme de curiosité inlassable, et de large culture, grand bouquineur, devant l’éternel, il se tenait à l’affut de toutes les nouveautés. Homme  d’exquise, politesse, il offrait en public un modèle de tenue, avec un beau mépris pour toutes les contingences matérielles. Tous ceux qui l’on connu, se souviennent du geste de prince avec lequel il présentait à ses hôtes, les produits quelquefois infâmes de son cuisinier. C’était à cet égard , le type de l’intellectuel…Prodigue en délicatesse, il s’ingénie à faire plaisir à ses confrères. Il avait le don d’éluder les questions brûlantes et de dirimer les querelles. Il souffrait très profondément des mauvais procédés employés à son égard, mais sa patience, souvent mise à l’épreuve, demeurait inaltérable. Il ne répondait ordinairement que par un mot d’éloge ou une parole aimable, il fallait vraiment que la mesure fut comble pour qu’il consentît à s’épancher. Caractère très personnel, il se fait volontiers, en dernière analyse, à son jugement. Ses décisions étaient exécutées avec persévérance, les traditions instaurées par lui prévalaient envers et contre tout.

 

 

Le P. Tréca est mort à la clinique du Boulevard de Verdun, à Alger le 6 Août 1945. Arrivé en juin à Maison-Carrée, il devait être opéré d’un ulcère d’estomac. Il s’y préparait en se remontant physiquement, car son corps était presque exsangue. L’intervention conduite par un praticien de valeur, n’offrait pas  de danger par elle-même, mais les forces s’écoulèrent tout doucement. A mesure que l’organisme se dégradait, l’âme, totalement soumise à la volonté de Dieu, s’affinait dans la souffrance, à la grande édification  de tous ceux qui approchaient ce mourant. L’inhumation eut lieu le 7 août au cimetière de Maison-Carrée.

 

PROSPER KAMARA

Les premiers séminaristes maliens ont été groupés en 1919, sous la tutelle du P. Courteille. C’était une école itinérante : les élèves suivaient leur maître au gré des nominations. De ce groupe initial, Prosper Kamara fut le premier prêtre, ordonné le 29 juin 1936. L’année même où se fondait la mission de Ouéléssébougou d’où dépendait Bogoro, village d’origine de la famille Kamara dans le Kéléyadougou ;

Du petit séminaire de Kati, qu’il acheva en 1929, Prosper Kamara passa aux études philosophiques et théologiques chez les PP. Blancs en France, puis à Carthage en Tunisie : c’est là qu’eut lieu son ordination par Mgr Lemaître, primat de Carthage, ancien vicaire apostolique du soudan (entre 1911 et 1920). Voici un savoureux commentaire de cet événement à nul autre pareil : un noir de la colonie était capable de dire toute la messe en latin, et sans faute ! le nouveau prêtre était sollicité dans toutes les paroisses métropolitaines et coloniales !.

 

Revenu au pays, le P. Kamara est d’abord affecté à Ségou. Il y restera deux ans. Il s’occupa des jeunes, les forma à la musique grégorienne. Il orienta plusieurs d’entre eux vers le séminaire ; il les soutenait et les encourageait fraternellement dans leur vocation. Il déploya un grand zèle  à évangéliser les villages. Sa simplicité pleine de bonhomie lui attirait les cœurs et son bureau était toujours envahi de jeunes ou d’adultes. Sur son visage se lisait un bonheur d’être prêtre qui affermissait les chrétiens et les catéchumènes dans leur foi.

 

Le séjour à Ségou fut coupé entre 1938 t 1940, par une affectation à kati, où il se préoccupe d’avoir des cadets dans le sacerdoce. Ce bon chasseur, sportif capable de lancer une équipe de football, fut un temps aumônier des Sœurs africaines et poursuivait de nombreuses tournées dans les villages.

 

Les années 1943-1945 voient Prosper à Bamako. Puis, ce furent Faladié, Bougouni et Ouéléssébougou. Qui parmi les adultes de ce dernier lieu, ne se rappelle s’être assis bien souvent près du « vieux » installé dans son hamac, au petit bois de  « sunsun » près de l’église ?

 

Le 25 juin 1961, on avait fêté son jubilé, et le 28 août il était parti à Ségou  pour y faire une retraite. Il devait regagner Ouéléssébougou au bout de la semaine. Le dimanche matin 3 septembre, le P. Descours le trouva mort dans sa chambre.

 

Tous ont été fort émus par cette disparition soudaine, car leur Père Kamara était très aimé, sa patience inaltérable en avait fait le prêtre de ceux qui désiraient rencontrer  un vrai confident, un homme capable d’alimenter une sagesse africaine de nouvelles nourritures qui, au lieu de la contredire, la vivifiaient. Sa gaieté rendait agréablement légère la vie de communauté. Sa piété  à l’égard de la Sainte Vierge était édifiante. Son dernier Supérieur, le P. Noël, ajoute, « c’est un charmant confrère et un prêtre exemplaire qui nous a ainsi quittés.. »

 

PAUL- MARIE MOLIN

Fils d’agriculteurs, il est né le 1er mai 1885 à Saint- Martin- en –Haut, près de Lyon. Dès le temps de son petit séminaire, puis au grand séminaire d’Aix en Beaujolais, il se montra élève intelligent et travailleur acharné. Entré au noviciat de Maison-Carrée, dans la société des Pères Blancs, il poursuivit ses études à Carthage et fut ordonnée prêtre en 1911.

 

Il exerça d’abord la tâche de professeur à Carthage, puis à Sainte-Anne de Jérusalem, et cette carrière d’enseignant fut interrompue par sa nomination de Vicaire apostolique de Bamako. Ordonné évêque le 21 octobre 1928, à Lyon, il devient responsable d’un immense domaine et allant du Sénégal à la Haute Volta, et du Sahara jusqu’à la forêt guinéenne … son métier de professeur représentait une autre expérience que celle de la pastorale missionnaire ; de cela il avait vivement conscience, et une sorte d’humble timidité affectait ses relations avec ses confrères présents sur place bien avant lui.

 

Durant 22 ans d’épiscopat, Mgr Molin accomplit un travail gigantesque, en œuvrant à la fondation de nouveaux postes et de préfectures apostoliques, à la création de séminaires et du noviciat des « Filles soudanaises de Marie » Son souci majeur était la formation d’un clergé et de religieuses autochtones. A cet égard, rien ne lui paraissait trop dispendieux en moyens ni en personnel. Il répétait qu’il ne fallait jamais penser au coût de la formation d’un prêtre, et il affectait aux séminaires de jeunes missionnaires, afin que ceux-ci touchent aussitôt du doigt l’importance d’une formation de clercs.

Ayant demandé et obtenu sa retraite d’Evêque, le P. Paul –Marie Molin s’établit à Faladiè en 1950 : il redevint alors professeur de séminaire, et composa plusieurs ouvrages forts utiles aux bambarissants.

C’est à Faladiè qu’il mourut en 1967.

 

CAMILLE CORMERAIS

Né le 18 janvier 1894, à treize-Septiers en Vendée, Camille entra en philosophie au séminaire de Binson en 1912. Il devait commencer son noviciat chez les PP. Blancs en 1914, mais mobilisé dès le début de la guerre, il vécut de longues années dans les tranchées. Il eut beaucoup de mal à se remettre d’une très  grave blessure  et ne put rejoindre Maison-Carrée  qu’en 1919. Après son ordination, en 1923, il fut d’abord affecté en France à des tâches d’enseignement où il excella, mais sa santé en fit les frais. IL dut prendre un temps de repos à Thiba, puis fut envoyé en 1929 au vicariat de Bamako. Il arrive à Kati le 12 octobre ; on le trouve en décembre à Ségou, et l’année suivante, il est nommé à Bamako.

 

Son zèle pour visiter les villages du matin au soir ne connaissait pas de limites. Il mangeait ce que les gens lui offraient, et à pied ou à bicyclette. A cette époque, on faisait les tournées en vélo, portant avec soi un équipement réduit : une caisse-chapelle, quelques livres, sa literie et une trousse de pharmacie. C’était épuisant.

 

Devenu curé de la paroisse de Bamako en 1935, il réussit à promouvoir un renouveau de vie chrétienne et à moderniser les méthodes de ses auxiliaires. Il était avec eux du matin au soir, et les réunissait périodiquement pour réfléchir avec eux sur les activités à entreprendre  dans la paroisse. Il avait des dons remarquables d’organisateur et savait gouverner en bon Supérieur, doux et ferme à la fois. Le Vicaire apostolique, Mgr Molin, le tenait en haute estime, au point d’en faire son homme de confiance et de se référer volontiers à lui en le citant : « le P. Cormerais a dit ceci ou cela » …

Le P. Cormerais travaillait souvent tard dans la nuit pour se perfectionner en bambara. De temps en temps, il se rendait au séminaire de Falajè  pour rencontrer son frère Jean-Baptiste, qui en était le supérieur, et aussi pour y travailler. Plus d’une fois, ses confrères l’ont trouvé, le matin endormi sur ses libres, assis à sa table, la lampe encore allumée. Il avait passé une partie de la nuit à lire ou à écrire, et avait été surpris par le sommeil. Ceux qui essayèrent de suivre son rythme ont vite été découragés, ou se sont « crévés ».

Pendant qu’il était curé de  Bamako, il préparait aussi la fondation de Ouéléssébougou, à 75 Km de distance. Il s’y rendait régulièrement, ne se souciant guère, au cours de ses déplacements, de la nourriture ni de la fatigue. Aussi, dès juin 1936, dut-il rentrer en France pour se reposer.

A son tour, en janvier 1938, il devint supérieur de Ouéléssébougou, après quelques mois passés à Bamako. Bientôt, ce poste fut connu comme une mission pilote, et son supérieur comme une missionnaire hors ligne, dont l’avis faisait autorité.

Il s’est donné sans compter à l’évangélisation du Djitoumou. Dans ses tournées de huit à quinze jours, il rassemblait les catéchistes de chaque village, pour les instruire par des cours soigneusement préparés. Il ne prenait qu’un repas quotidien, le soir, et sa grande austérité faisait d’autant plus impression qu’il supportait allègrement une infirmité du bras, consécutive à sa blessure de guerre dont il souffrait encore souvent. Le P. Cormerais a fortement marqué me Djitoumou. Les chrétiens de cette région le considèrent comme leur père dans la foi. Il leur annonça l’évangile, tout en essayant de les maintenir à l’abri de la « civilisation occidentale » c’était peut –être une utopie, car toute éducation en vase clos est exposée au rejet..

A ouéléssébougou, le P. Cormerais fonda une école de catéchiste. C’était un apôtre exigeant  pour lui-même  et les autres : il voulait que les catéchistes deviennent à leur tout des apôtres à la foi invincible. Leur formation se faisait uniquement en bambara, et il travailla avec obstination pour enrichir et multiplier les textes sur la catéchèse.

 

Après la seconde guerre mondiale en 1947, le P. Cormerais n’en pouvait plus. Deux mois de repos à Kati ne donnèrent aucun résultat, le système nerveux étant complètement épuisé. Son départ s’imposait, en octobre, il devait renoncer au « Soudan » pour toujours ? Deux ans plus tard, il fut nommé au musée de Carthage. Là-bas, durant ses moments libres et malgré de fréquentes migraines, il continuait à travailler pour le diocèse de Bamako et ses catéchistes. Il publia quatre volumes de médiations sur les temps liturgiques, un sur les grandes fêtes, une traduction des Actes des Apôtres, un récit sur les martyrs Baganda, le tout en bambara évidemment.

 

Entre 1958 et 1964, d’autres affectations le maintinrent en Afrique du Nord, mais son mauvais état de santé motiva alors un retour définitif en France, où il murut en pleine conscience à la fin de mai 1979.

 

BRUNO MICHEL

Il est arrivé au Mali en septembre 1952, après une année de séminaire à Issy-les-Moulineaux (diocèse de Paris) suivie de la filière « Pères Blancs » en Afrique du Nord : noviciat à Maison-Carrée (Algérie), théologie et service militaire en Tunisie, ordination sacerdotale à Carthage en 1952. Bruno était issu d’une famille originaire des Alpes (dont un aïeul Dalloz est connu pour ses livres de droit et sa revue de jurisprudence), mais installée à Paris où son père était ingénieur électricien de haut grade. Trois influences paraissent décisives dans sa jeunesse : sa famille, nombreuse, unie et profondément chrétienne, le scoutisme, qui l’a marqué pour toujours par ses exigences, sa méthode d’éducation, l’enthousiasme ouvert aux jeunes, la montagne, à la quelle il a toujours aimé se mesurer en affrontant ses difficultés.

 

D’abord nommé à Ouéléssébougou pour y apprendre la langue bambara, il est envoyé au bout de six mois à Gwalala, dans le Ouassoulou. Après un an de séjour, il est appelé par Mgr Leclerc à Bamako, où ses dons d’éducateur , vite remarqués , le font affecter aux œuvres de jeunesse, en particulier à l’école primaire de la mission et dans le scoutisme . Il s’aperçoit vite que l’examen d’entrée en sixième conduit à des études littéraires auxquelles tous les élèves ne sont pas aptes ? D’ailleurs, les places sont limitées, et beaucoup restent « sur le carreau » à la sortie de la sixième. D’où l’idée d’initier ces enfants au travail manuel, en les orientant vers divers certificats d’aptitude professionnelle. Soumis à Mgr Leclerc, un tel projet passe difficilement au feu vert, à cause  de ses implications financières : en fait c’est sur la passerelle d’un avion emportant Mgr Leclerc vers la France que le P. Michel arrache pratiquement l’autorisation de « faire quelque chose «  à condition qu’il ne demande aucun subside et se débrouiller par lui-même.

Qu’à cela ne tienne, sa ténacité personnelle, de bonnes relations familiales, ainsi qu’une occasion providentielle lui permettent d’acquérir un beau terrain sis à Niaréla (l’actuel Centre Père Michel), mis en vente à bas pris par un commerçant de Sikasso. En bordure du terrain, existé déjà un bâtiment qui en 1956, abriera les premières classes et le bureau du directeur. Bruno construira  peu à peu le reste avec ses élèves, en s’efforçant d’occuper simplement le pourtour du terrain, afin de laisser une aire suffisante pour le sport et les jeux, qui tenaient beaucoup de place dans son système d’éducation. Par exemple, lui-même entrainait chaque jour le « décrassage « matinal.

Les débuts sont, bien entendu, héroïques : les premiers lauréats du CAP sauraient mieux que quiconque en raconter les fameuses aventures et l’esprit. Il faudrait s’adresser, pour cela à des hommes tels que Sékou Sidibé et son ami Alfred Sidibé, tous deux techniciens à l’Energie du Mali. Avec certains autres des toutes premières années, ils pourraient mettre en commun un savoureux florilège de « bons souvenirs » (Monsieur Sékou Sidibé est président de l’Amicale des Anciens).

Le P. Michel n’a pas seulement « fondé » le centre, il partageait les tâches d’enseignement avec quelques jeunes professeurs, lui-même n’étant souvent en avance que d’un cours sur les élèves, car lui aussi devait apprendre. En outre, il gérait l’internat (intendance, surveillance), entraînait les jeunes aux différentes disciplines sportives et aux loisirs, en partant camper  chaque Week-end avec les volontaires. Autant dire qu’il ne lui restait guère de temps pour lui-même, sauf celui qu’il prenait sur son sommeil pour prier tôt le matin.

 

Il faut insister sur l’esprt de foi qui a soutenu le travail et l’œuvre du P. Michel, et qu’il a toujours voulu communiquer à tous, chrétiens et non chrétiens. Il fut ajouter que directeur fondateur du Centre Profession, le P. Michel était en même temps directeur national et diocésain de l’Enseignement Privé catholique (sans aucune équipe de travail, pas même un secrétaire) c’est à ce titre  qu’il ouvrit dans son Centre de Niaréla, une classe de sixième classique pour laquelle il avait réussi à obtenir de l’administration française, une autorisation vainement sollicitée parla mission depuis des années. L’année suivante, (1958-1959), les tout premiers élèves de ce second cycle pouvaient déménager vers hamdallaye, et poursuivre leurs études dans les premiers éléments de ce qui devait devenir plus tard le séminaire Pie XUU, puis le Lycée Prosper Kamara. Bruno habitait alors en face de la cathédrale, où il avait sa communauté et conservait son statut de vicaire. Son seul moyen de transport à l’époque une moto 250cc.

Par la suite, il déménagea à Niaréla dans une maison qu’il avait achetée à M. Lazare  Coulibaly (ancien syndicaliste, ancien ministre, beau-père du célèbre historien Joseph Ky Zerbo). Il acheva  la construction de cette demeure qu’habite aujourd’hui la communauté des PP Salésiens. Dès lors le Centre Professionnel devint l’œuvre unique du P. Bruno Michel qui fut relayé dans ses autres occupations de vicaire et de directeur de l’Enseignement Catholique. A plusieurs reprises, ses supérieurs ont voulu lui adjoindre l’un ou l’autre compagnon, des frères, notamment dans l’idée qu’un jour ce groupe formerait une communauté capable d’assurer la relève, et qu’une aussi belle œuvre ne reste pas l’œuvre d’un seul. L’expérience fut un échec, car personne ne pouvait suivre Bruno ni dans sa conception du travail, ni dans la rapidité de ses intuitions, ni dans le rythme d’exécution…En plus de son acharnement à la tâche, il était en effet le type même de l’intuitif. Les « conseils » ou réunions diverses le rendaient muet, et lui semblaient pertes de temps. C’est en pleine vie, au milieu des garçons et de leurs problèmes qu’il réfléchissait, recherchait et attendait le jaillissement des solutions. Cette difficulté à partager avec ses confrères lui a été souvent reprochée. Il a fait de louables essais, mais sa nature intuitive et son action reprenaient vite le dessus.

 

Les premières promotions rassemblaient des jeunes : les élèves entraient au Centre à 14 à  15 ans, juste après les six années du premier cycle. Le terrain, pédagogique était donc moins aride que plus tard, lorsque les candidats se présentèrent âgés  de 18 à 20 ans. Les élèves venaient de tous les horizons géographiques et religieux. Cependant, le directeur privilégiait volontiers les enfants recommandés par des paroisses éloignées, telles Mopti, San, Sikasso, Kayes…Il suivait attentivement l’éducation chrétienne des catholiques, et veillait en même temps avec grand succès à la fraternité entre les différentes confessions religieuses. Il n’a jamais participé à des « colloques » sur les relations islamo-chrétiennes, ne s’est guère documenté non plus dans les ouvrages parus  à ce sujet ; on peut néanmoins assurer que cette fraternité existait au Centre de façon remarquable : tous les grands aînés musulmans peuvent en témoigner encore actuellement. A cet égard, mentionnons par exemple l’Amicale des Anciens créée en France par des musulmans : elle continue de les rassembler , chaque mois d’octobre autour d’une messe demandée pour le repos de l’âme du Père …Une telle amitié entre gens si différents, durable bien au-delà des années d’études, en dit long sur la manière dont elle s’est forgée dans la vie. 

 

Comment définir la méthode pédagogique du P. Bruno Michel ? Sa meilleure définition est peut-être de l’assimiler à celle du chef scout dans un grand campement. Un chef, mais aussi comme dans le scoutisme, un « grand frère », qui vivait au milieu des jeunes, jour et nuit, semaine après week-end, vacances souvent comprises (travaux au Centre, virées à travers le Mali, camps, etc.). Le chef maintenait ainsi son monde dans l’amitié, autant que dans l’ordre et dans l’esprit religieux. Il obtenait des élèves n’importe quoi, dans la discipline au travail, dans la générosité au jeu et au sport, dans la solidarité et l’amitié fraternelle.

En fin d’études, régnait une émulation et une motivation de taille : le directeur récompensait les premiers par un stage à l’étranger, en France notamment où il avait su se ménager beaucoup de bienveillance dans les milieux industriels. Il y envoyait ses meilleurs candidats pour une formation supérieure. Non content de les confier à des entreprises ou à des organismes sociaux, il se rendait souvent en France à l’époque des vacances, pour faire avec eux un camp de montagne, et vérifier que tout marchait bien. Quelques uns de ces stagiaires sont restés à l’étranger, où ils continuent de se réunir entre eux, mais la plupart ont regagné leur pays où ils constituent une élite dans le monde du travail et de la technique : leur conscience professionnelle, leur compétence, leur courtoisie les ont fait longtemps préférer à d’autres sur les chantiers, voire pour des postes supérieurs.

Le  ton changea au fil du temps, lorsque, par la force des choses, (ou la baisse progressive des niveaux), l’âge d’entrée à l’école s’éleva. Ceux que le P. Michel recevait à 18 ans et plus, et qu’il n’avait pas éduqué depuis l’enfance, commençait à lui échapper, et même à lui tenir tête. Sans doute, parmi d’autres facteurs,  sa lassitude – car lassitude il y eut-vint –elle de là. Dans ces conditions, l’offre qui lui fut faite par Mgr Berlier, évêque de Niamey, de venir l’aider à ouvrir un centre Professionnel semblable chez lui, représenta peut-être pour Bruno, la perche qu’il cherchait en 1977, et qu’il a saisie immédiatement pour retrouver un second souffle.

 

On connait la suite : l’enthousiasme et l’acharnement à recommencer quelque chose (avec, au reste, des anciens de Niaréla, comme pour en perpétuer l’esprit), à la mise en route de l’œuvre, et le décès brutal du P. Michel en plein effort, au moment où il allait conduire au succès une première promotion nigérienne.

« Si le grain ne meurt… »

 

DAVID TRAORE

Né à Ségou en 1922, David est entré au petit séminaire de Faladiè en septembre 1939. Il appartient  à la première génération des prêtres maliens, puisque son ordination date de mai 1950, dans sa ville natale. Homme de foi, et de grande culture, il a marqué de sa profonde spiritualité les milieux dans lesquels il a  vécu.

Après avoir servi à Faladiè, puis à Bamako, il fut admis  à l’université catholique de Lyon où il entreprit de brillantes études sociologiques.

De retour au Mali, il est nommé vicaire, puis curé de la paroisse de Bamako. Directeur national de l’enseignement privé catholique du Mali, puis professeur à l’Institut catholique de l’Afrique de l’Ouest (ICAO) à Yopougon et à Abidjan (Côte d’Ivoire). L’abbé David Traoré  est ensuite envoyé en mission à Conakry, auprès de l’église sœur de la République de Guinée. Revenu à Bamako, il est nommé animateur de l’apostolat des laïcs et responsable des émissions catholiques à la radio - diffusion nationale.

Doué d’un sens pastoral exceptionnel, David Traoré était souvent sollicité psr les églises d’Afrique de l’Ouest pour donner des conférences sur des thèmes variés, allant de la religion  à l’anthropologie culturelle et la sociologie. Plusieurs ouvrages qu’il a écrits, restent non édités.

Dans les années 50, l’abbé David Traoré avait activement milité au sein du conseil de la Jeunesse sous la République Soudanaise. Au festival Africain des jeunes, tenu à Bamako en 1958, il a joué un rôle de premier plan.

Le lundi 11 mai 1987, à 16 heures, le Seigneur a rappelé à lui cette grande figure du clergé malien.

 

ETIENNE BALENGHIEN  

Les débuts de la vie missionnaire d’Etienne sont bien conformes à un certain modèle classique chez les PP.Blancs. En septembre 1951, âgé de vingt-cinq ans, il débarque à Dakar et prend le train pour Kayes, son premier diocèse. Il se met à l’étude du bambara, d’abord à Kita, puis à Guéné-Goré pour une initiation pastorale auprès des anciens, avant d’appartenir dès 1953 à l’équipe fondatrice de Sagabari. Doué d’une très bonne mémoire et d’un esprit analytique, il s’exprima rapidement en bambara et en malinké, parvenant à surmonter sans difficulté les différences dialectales d’un lieu à l’autre. A Sagabari, il passait son temps au village ou bien en tournées, à l’affût d’incessants contacts. Sa patience et sa bonté lui conciliaient une sympathie qui le mettait à l’aise avec tous, et son inlassable endurance faisait le reste.

Après sept ans, il fut encore choisi pour une fondation, celle de Nioro du Sahel. Complet changement de milieu qui l’entraîne vers l’apprentissage du soninké, langue parlée par l’ensemble de la population. Etienne ne voulait pas, en effet, se laisser accaparer par la petite communauté chrétienne bambaraphone, car le guidait d’abord cette parole du Christ : « comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Il se sentait envoyé pour tous. Le temps de Nioro ne d ure qu’une année, mais ce fut assez pour qu’il s’imprègne de la culture soninké.

Cette disponibilité à rencontrer l’autre, à respecter ses manières de faire et de dire sont responsables d’une nouvelle nomination, en 1961, comme directeur du Centre d’Etudes linguistiques, de Faladiè. Là, les missionnaires nouvellement arrivés, viennent apprendre le bambara, se familiariser avec le pays et ses habitants, et ils trouvaient dans le P. Balenghien, un maître qui poursuivait lui-même ses études dans l’approfondissement d’une inculturation linguistique et humaine déjà expérimentée pendant dix ans. D’où la qualité d’éducation dont il était capable.

Libéré du CEL en 1970, Etienne va pouvoir se consacrer à ce qu’il sent comme un appel du Seigneur : à partir de ce qu’il a appris et vécu, travailler à la promotion humaine de tous ceux qui l’entourent, païens, chrétiens et musulmans, œuvrer à la « mission profonde » de l’Eglise (cf Gaudium et spes, 42,3). Il propose alors ses services à la « Direction Nationale de l’Alphabétisation Fonctionnelle et de la Linguistique Appliquée » (DNAFLA) ; il y participe à la rédaction de textes d’alphabétisation et de post –alphabétisation, au lancement du journal Kibaru, rédigé en bambara sous sa responsabilité pendant douze ans. Diverses missions de recherche s et d’évaluation dans le domaine de l’alphabétisation conduisent Etienne sans un certain nombre de voyages à l’étranger. Ayant atteint en 1981 l’âge de 55 ans, temps du départ à la retraite dans la fonction publique malienne, il accepte la demande qui lui est faite de prolonger pendant deux ans son service comme contractuel : bel hommage rendu à l’efficacité de son travail, ainsi qu’à sa discrétion.

Au reste, 1983 marque seulement un tournant dans la continuation de ses activités : des ONG, la CMDT (Compagnie Malienne pour le Développent des Textiles) l’ODIPAC (Office Intégré des Produits Arachidiers et Céréaliers) sollicitent sa participation à des sessions d’alphabétisation. Il est engagé comme collaborateur extérieur  à la rédaction du journal Jèkabaara (CMDT et ODFIPAC) : un numéro était en préparation sur le bureau d’Etienne au début de juin 1988, quand celui-ci fut contraint de vite gagner l’hôpital. Depuis quelques années, il travaillait aussi avec un groupe d’amis publiant une revue culturelle malienne :jamana. Il  en assurait la mise en forme dans réduit obscur, où il pianotait sur Macintosh à longueur de journée. Il alla même trop loin dans son acharnement aux labeurs, et y perdit la santé. Après deux jours, à l’institut  Marchoux, il s’éteignit doucement, discrètement comme d’habitude, le 2 juin dernier.

Cette  vie de missionnaire laisse un grand souvenir. De style peu commun, elle s’inscrit exemplairement dans l’orientation donnée par le Concile Vatican II. Etienne a répondu à un appel, et s’est battu pour qu’on lui permette de réaliser sa réponse. Mais ce grand indépendant, qui ne refusait jamais un service, venait à bout de toute opposition par son sourire et sa bonne humeur. Il eut le courage de défendre sa conception du travail missionnaire, et celle-ci l’intégra dans un milieu où peu de prêtres catholiques sont devenus des familiers. Une  présence aussi diverse que nombreuses en a témoigné, le jour de son enterrement à Bamako.

              « Sa grande modestie, sa grande discrétion ; le respect des autres ; une grande délicatesse dans les relations frisant une certaine timidité. En fait, la retenue et la réserve du vrai paysan  bamanan.

Ce bourreau de travail était un ascète, un homme dur avec lui-même, plus dur avec son corps. Un homme cependant très sensible à tout ce qui se passait autour de lui : les misères et les injustices. « Jamana. 19 août 1988 »

Pour un missionnaire, peut-on espérer meilleur témoignage ?

 

4- LES INSTITUTIONS MISSIONNAIRES

LES PERES BLANCS

(Société des Missionnaires d’Afrique)

Dans ses débuts et pour plus d’un demi-siècle, l’histoire de leur présence au Mali se confond avec une implantation ecclésiale dont on se saurait les séparer.

L’événement fondateur date de 1866 : c’est l’année où Mgr Lavigerie devient archevêque d’Alger, et accepte cette responsabilité comme une porte ouverte sur le continent africain. A sa demande, il est nommé « délégué apostolique du Sahara et du Soudan ». En quête d’apôtres, il fonde en 1868, la Société des Missionnaires d’Afrique, pour laquelle il ouvre un noviciat.

Premières Missions

Les PP. Alfred Paulmier, Philippe Ménoret et Pierre Bouchard sont envoyés à Tombouctou en 1875 ; ils partent en caravane et sont massacrés au sud d’El Goléa, le 20 janvier 1876.

Une deuxième caravane,  avec les PP. Louis Richard, Alexis Pouplard et Gaspard Morat connaît le même sort en 1881, au sud de R’Dames.

Charles Lavigerie, nommé cardinal en 1882 et rappelé à Dieu dix ans plus tard, n’aura pas vu la première implantation sud- saharienne, mais il laisse derrière lui les Pères et les Frères « Blancs », avec des consignes précises :

              Vous êtes pour l’Afrique, allez évangéliser par le témoignage et la parole. Vous vivrez en communautés internationales. Soyez proches des gens, apprenant leur langue et vivant simplement. Préparez la relève  pour céder la place et aller de l’avant !

Il demande aussi une attention spéciale aux croyants de l’Islam (La Société des Missionnaires d’Afrique est née au contact de l’islam) : « faire naître confiance et amour là où il ya méfiance et hostilité, même s’il faut y mettre cent ans. »

 

A la suite du Cardinal Lavigerie

1892 Mgr Toulotte est nommé vicaire apostolique du Sahara et du Soudan, territoire  qui comprend le Mali actuel (sauf la région de Kayes), le Sahara, la haute –Volta, le Niger, la Guinée, le Ghana et le Dahomey. A Kayes – depuis janvier 1888 – et à Kita (janvier 1892) sont installés  les Pères Spiritains.

1895 – Arrivés en Caravane par le fleuve Sénégal, les PP Eveillard et Ficheux fondent Ségou au début du mois d’avril.

  • De la même caravane se détachent les PP. Hacquart et Dupuis, qui fondent  Tombouctou le 21 mai.
  • David Traoré, sera l’une des premières baptisées.
  •  

1896- La veille de Noël, les PP Eveillard et Hébrard ainsi que le Frère Raymond fondent Bouye (Brouadou-kissidougou). Ba Marthe Kamara, mère de l’abbé Traoré, sera l’une des premières baptisées.

1897- En août, fondation de Kati par le P. François Ménoret

  • En septembre, les Pères Spiritains ouvrent l’orphelinat de Dinguira.

1898- Mgr Hacquard succède à Mgr Toulotte dans la charge de vicaire apostolique.

1899 – Fondation  de Banantoumou (près de Ségou), le 19 janvier.

 

1900- Fondation de Koupélé en pays mossi , le 5 février.

  • Ce même moi, fonsation de Fada N’gourma par les PP. Duouis et Templier. Ce poste est fermé en 1901, sur ordre Supérieur ; il sera repris en décembre 1936 par les pp, Rédemptoris.
  • Pour Noël, fondation de Kouandé (Dahomey) qui fin mai 1901 est pris en charge par les PP des Missions Africaines de Lyon.

1901 – 15 mai et 29 mai ; deux décrets de Rome remodèlent les limites territoriales d’une part entre PP. Blancs et PP. Spititaines ( Boué en Guinée passe sous la juridiction spiritaine, tandis que Kayes , Dinguira et Kita entrent dans l’orbe de Ségou), d’autre part entre PP. Blancs et PP. des Missions Africaines  ( à ceux-ci est désormais confié le Nord –Dahomey).

17 juin : fondation de Ouagadougou par le Père Templier

19 juillet : un décret de Rome sépare la préfecture apostolique du Sahara du Vicariat apostolique du Soudan.

Mgr Bazin succède à Mgr Hacquart , décédé  à Ségou le 4 avril.

Au mois de décembre , les PP. Blancs s’installent  à Kita, à Kayes , à Dinguira.

1902 fondation de Patyana , le 7 novembre.

(Entre 1902 et 1919, les refus administratifs puis les quatre années de guerre mondiale ont empêché toute nouvelle fondation. Courant 1913, Dinguira sera déplacé à Kakoulou, dont le climat est meilleur et la population plus nombreuse)

1910 -Mgr Lemaître succède à Mgr Bazin , décédé à Kayes le 30 nopvembre.

1919- En mai, fondation de Manga, au pays mossi.

1920- le P. René Bazin fonde Minankofa, le  8 mai.

1921- Décret romain du 1er août. « Vicariat apostolique de Ouagadougou » est séparé du vicariat apostolique du Soudan, lequel devient Vicariat apostolique de Bamako. Celui-ci comprend le Mali actuel  (Soudan français d’alors), la partie de la Guinée desservie par les PP. Blancs , la région de Bobo-Dioulasso et le pays samo.

 

Mgr Sauvant succède à Mgr Lemaître, nommé à Carthage.

1922- fondation de Mandiakuy  ( ce qui occasionne la fermeture de Kakoulou)

           Fondation de Sikasso (mise en veilleuse ensuite, entre 1929 et 1949).

1923- Fondation de Bamako  ( la première pierre de la Cathédrale sera posée le 21 février 1925 par Mgr Sauvant, en présence du maréchal Pétain).

1924 -25 janvier : le P. René Bazin fonde Siguiri

1927- Un décret romain du 15 janvier crée la préfecture apostolique de Bobo –Dioulasso, séparée de Bamako .

Mr Molin sussède à Mgr Sauvant, il est le premier évêque résidant à Bamako, (la résidence de Mgr Sauvant était à Kati).

1929- le P. Tréca fonde Faladié

1934- Fondation de Gualala

1936- Fondation de Ouéléssébougou.

-La préfecture apostolique de Bobo-Dioulasso ouvre le poste de Karangasso ave le P. Lorentz

1937- Décret romain du 9 mars : la Préfecture de N’zérékoré est séparée de Bamako. Nomination de Mgr Guérin à N’Zérékloré.

1939- Fondation de Béléko

1942- Décret de Rome le 9 juin : la préfecture apostolique de Gao-Nouna est créée, avec Mgr Lesourd comme préfet ? (En 1974 aura lieu la séparation de la partie voltaïque, et Mgr Leclerc deviendra préfet apostolique de Gao en 1949)

1945- Fondation de Gao

1946- Fondation de Kolongotomo

1947- Décret de Rome , le 12 juin, : la préfecture apostolique de Sikasso est séparée de Bobo-Dioulasso, et Mgr de Montclos en est le premier préfet apostolique. La préfecture apostolique de Kayes est séparée de Bamako, avec Mgr Courtois comme préfet apostolique.

1948- Fondation de Goudam (poste fermé en 1955)

1949 – le 1er janvier, réouverture de Sikasso-ville

              A Bamako, Mgr Leclerc succède à Mgr Molin, démissionnaire.

1956 Bamako devient archevêché

1962 Mgr Luc Sangaré est nommé archevêque de Bamako , et Mgr Leclerc devient premier évêque du diocèse de Ségou, créé cette année.

1963 Kayes et Sikasso deviennent évêchés

1964 San, qui était « missio jui juris » depuis le 10 avril 1962, devient un diocèse

1965 Mopti devient évêché.

 

Le paysage d’aujourd’hui

Avec l’établissement des six diocèses, les structures de l’Eglise malienne sont désormais affermies et la mission impartie aux PP Blancs se poursuit dans de nouvelles conditions. Après avoir dû faire face à tout, ils représentent maintenant une famille religieuse  parmi d’autres, et ils peuvent aspirer à des tâches plus particulières, telles que première évangélisation et formation des responsables. Depuis bientôt  un siècle, beaucoup d’entre eux sont venus travailler au Mali, certains  durant quelques années, d’autres pendant trente ou quarante ans. Cinquante-quatre de ces missionnaires reposent en terre malienne. 162 pères Blancs  étaient présents au Mali en 1967 : ce fut leur effectif maximum dans ce pays, où ils sont aujourd’hui 108.

Pour sa part, le diocèse de Bamako compte actuellement 23 pères et 2 frères ? Un certain nombre d’entre eux sont présents dans les divers secteurs paroissiaux et dans les services généraux de la capitale. Une équipe dessert la partie du diocèse dite « zone sud », qui recouvre les trois paroisses de Ouéléssébougou, Bougouni et Goualala. Deux autres équipes travaillent dans la « zone nord » l’une à Faladié, l’autre à Kolokani. C’est aussi dans le diocèse de bamako que se situent la Maison Régionale des Pères Blancs (au quartier Korofina, depuis 1972) et le Centre d’Etudes de langue bambara à (Faladié). Ce centre accueille les nouveaux arrivés, prêtres, frères et Sœurs, pour les initier à la langue bambara, ainsi qu’à la connaissance du Mali et de ses habitants.

 

 

LES SŒURS BLANCHES

La fondation des sœurs Missionnaires de Notre-dame d’Afrique, couramment appelées « sœurs blanches », date de 1869. Les premières d’entre elles vinrent au Mali en 1847, et au cours des années, leur action se diversifia dans nombre de services : écoles maternelles,(jardin d’enfants) écoles primaires (premier cycle), établissement professionnels ou secondaires, maisons de formation religieuse ( séminaire, noviciat). Dans le domaine proprement catéchétique, elles participent à la formation religieuse de jeunes et d’adultes, hommes et femmes. Elles sont présentes dans plusieurs formations sanitaires : maternités, dispensaire, Institut Marchoux de Bamako. Certaines se consacrent à l’animation sociale : centres ménagers pour femmes, centres de promotion féminine, centre des « Rencontres africaines ». Enfin, la Légion de Marie bénéficie de leur aide.

 

La chronologie suivante, si laconique soit-elle, laisse entrevoir l’importance de leurs activités, sans cesse amplifiées depuis leur arrivée à Kati, à la fin du siècle dernier.

 

KATI

1897    Sur la demande du Supérieur Général des PP. Blancs, Mère Salomé et son conseil acceptent d’envoyer quelques sœurs au « soudan ». Le 25 août, huit d’entre elles s’embarquent à Marseille, et le 18 septembre, Mère Joséphine avec les Sœurs Théophane, Cyrilla et Donatien , prennent possession du petit pavillon construit pour elles à l’hôpital militaire de kati, tandis que leurs compagnes s’installent à Ségou.

1904 – Les Sœurs doivent quitter l’hôpital, et le poste de Kati est fermé l’année suivante.

1946-1970- Les Sœurs Blanches se succèdent à la tête de la jeune congrégation des Filles soudanaises de Marie (devenues ensuite « Filles du Cœur Immaculé de Marie » Kati est entre de bonnes mains : la relève est assurée…

 

BAMAKO «  Poste »

1930    Le 4 septembre, une communauté de Sœurs Blanches, s’installe à Bamako pour ouvrir une école. Peu d’élèves la fréquentent. Une école pour les Européens s’ouvre également, elle ira en se développant.

1931- Un dispensaire est ouvert dans la cour des Sœurs.

1953- Début d’une école maternelle pour les petits Bamakois. L’école des garçons est séparée de celle des filles. Ouverture du Cours Jeanne D’Arc, qui abrite les élèves de 6ème et inaugure une classe de perfectionnement (premier pas vers l’instauration d’une section ménagère).

1955 : Ouverture du Centre « rencontres africaines », permettant réunions et rencontres avec les jeunes filles.

1956- les filles occupent les locaux d’abord prévus pour les garçons à l’école du fleuve, cependant, que ceux-i sont installés à la paroisse, dans les locaux du patronage.

Un jardin d’enfants commence avec 80 filles.

1959- les Sœurs de sainte Clotilde prennent la direction du cours secondaire, désormais appelé Notre Dame du Niger ; Les Sœurs Blanches travaillent avec elles.

1963- Début d’une section commerciale (secrétariat et comptabilité) ai Cours Jeanne d’Arc.

1964- Une Sœur Blanche remplace un prêtre à la direction du jardin d’enfants

1965- Fermeture de la section ménagère du Cours Jeanne d’Arc

1966- Une sœur blanche est nommée responsable nationale de la catéchèse des enfants.

1968- La Sœur jardinière d’enfants collabore à la formation des élèves jardiniers d’Etat.

1976- L’école du Fleuve passe sous la direction des Filles du Cœur Immaculé de marie.

1979- A son tour, le jardin d’enfants est désormais dirigé par une Sœur FCIM.

1980- Les Sœurs Blanches fêtent cinquante ans de présence dans la paroisse de Bamako.

 

 

DJIKORONI

1935- Dans le début des années 30, un congrès mondial de la santé décide la construction de plusieurs instituts pour soigner la lèpre. Bamako est choisi comme centre pour l’un de ces instituts. L’inauguration de l’institut Marchoux a lieu le 31 janvier 1935 ; les Sœurs Blanches font partie du personnel, mais ne disposeront de leur actuelle maison qu’en 1958.

1970- A partir du début de février, un village post-cure s’établi dans la localité  de Samanko.

1972 Huit Sœurs Blanches de Djikoroni s’installent à Samanko, le 14 septembre. Elles y resteront quelque sept ans.

 

FALADIE

19416 Le 22 septembre, quatre Sœurs Blanches arrivent à Faladié pour répondre à une demande de Mgr Molin, qui souhaite leur aide dans l’enseignement destiné aux petits séminaristes.

Elles se répartissent entre l’école et le dispensaire.

1948- L’école est confiée aux Sœurs.

1954- les jeunes séminaristes iront désormais à Nasso pour les dernières classes.

1955 L’école des catéchistes s’ouvre à Faladié. Les Sœurs surveillent la cuisine.

1965- ouverture d’une école ménagère.

1971 Le relais des Sœurs Blanches est pris par les Sœurs de Saint Vincent de Paul d’Opwijk.

 

 

BADALABOUGOU

1970    Badala est né de la nécessité d’essaimer de Bamako-Centre, dont la maison est devenue trop exiguë. De plus, « la communauté veut être une présence d’Eglise dans le quartier et vivre un style de vie proche de celui des gens qui nous entourent ». Trois sœurs s’installent à Badalabougou le 15 Août.

1971    Dès la rentrée, les Sœurs assurent la catéchèse à Bamako-centre, pour la formation chrétienne des enfants des écoles paroissiales, des quartiers de la ville et des enfants européens.

1987    La communauté comprend maintenant quatre sœurs : une pour les centres de promotion féminine, deux pour la catéchèse et l’animation spirituelle, une pour la direction du Cours Jeanne -D’Arc.

 

KOLOKANI

1972    L’ouverture du poste de kolokani a lieu trois jours avant noël. Une sœur prend son service à la direction de la maternité de la ville, une autre se consacre à la catéchèse des enfants, une troisième rend visite aux villages environnants, et y organise la catéchèse  à destination des femmes.

1973    Un jardin d’enfants débute, avec 85 élèves. Il cessera ses activités en

Ayant formé des matrones, ainsi que des femmes capables de prendre en charge le centre social, les sœurs se tournent actuellement vers une double direction :

  • Contribuer aux tâches pastorales, en ville et dans les agglomérations d’alentour
  • Mener une action sanitaire en collaboration avec les structures gouvernementales.

 

FILLES DU CŒUR IMMACULE DE MARIE  (F.C.I.M.)

Au début de 1934, Mgr Molin, aidé de deux autres Pères Blancs, fonde à Kati, la congrégation des Filles Soudanaises de Marie. Voici ce qu’il écrit, dix ans plu tard : «  je ne résiste pas au plaisir de vous dire la joie que j’ai éprouvée en constatant que les novices et postulantes ont enfin compris la vie religieuse, et qu’elles y sont attachées. Les trois novices, les plus anciennes feront leurs premiers vœux le 10 mai 1945. Quand je leur ai annoncé cette nouvelle, elles ont manifesté leur joie aussitôt. J’espère que nous aurons bientôt des sœurs indigènes pour soigner les malades et surtout pour faire la classe aux filles »

Mais, pour que la joie du fondateur puisse ainsi s’exprimer, celui-ci dut surmonter d’énormes difficultés. Il lui fallut éduquer patiemment la mentalité des parents qui admettaient le sacerdoce pour un garçon, mais jugeaient impossible que, renonçant à la maternité physique, des filles puissent se consacrer à Dieu. En quinze ans d’efforts, qui ne ménageaient  ni peine, ni dépenses, Mgr Molin réussit à asseoir sur des bases solides, cette jeune congrégation, qui en 1970, changea son nom en celui de « Filles du Cœur Immaculé de Marie » : (FCIM)

 

Les cadets de Mgr Molin dans l’épiscopat insistent maintenant, comme il le fit naguère sur l’importance essentielle de cette vie religieuse.

 

Mgr Luc Sangaré :

              « Soyons également convaincus, qu’il manquerait à cette église, une bonne partie de son éclat, et qu’elle ne pourrait pas accomplir toute sa tâche divine, s’il n’y avait pas parmi ses membres, des jeunes filles courageuses, qui se livrent, par la pratique des conseils évangéliques, au service exclusif de Dieu et des hommes.

 

Mgr Jean Marie Cissé :

              « L’existence de la congrégation des FCIM, est un signe de la foi et de l’amour des premiers évangélisateurs et évangélisés, et elle constitue un appel pour l’Eglise d’aujourd’hui ».

«  Congrégation de vie apostolique, les FCIM représentent une chance, une espérance pour l’Eglise d’aujourd’hui. »

 

 

Jalon d’une histoire

14 janvier 1934 :   fondation à Kati

8 juillet 1934          première entrée au postulat

13 mai 1937                       premier jour du noviciat

1939,                        Le 3 avril, une sœur novice quitte le noviciat et reprend sa place à l’internat. Grande surprise parmi les enfants et les chrétiens. On doit leur expliquer que le noviciat est un temps de recherche, et que l’on peut en sortir sans faute.

1943              Mgr Molin décide la construction d’un bâtiment pour le noviciat.

1946                         La première communauté s’installe à Kati, dans une maison inachevée.

 

1949              Les constitutions de la congrégation font l’objet d’un décret d’approbation, daté du 31 mai. Le 11 août, Mgr Molin délègue ses pouvoirs à une « supérieurs générale déléguée » : Mère Joseph-Marie, sœur blanche.

 

1950              Terminée, la maison de Kati devient, à compter du 27 août, « Notre Dame de Liesse. »

 

1951              Pour la formation des sœurs, aux soins en dispensaire, une maison provisoire est ouverte à Ouéléssébougou.

 

1953              Les filles soudanaises de Marie, arrivent à Goualala.

 

1957              Guéné-Goré (diocèse de Kayes) accueille à son tour les sœurs. Malheureusement, cette communauté devra fermer en 1973.

 

1958              Pour l’enseignement secondaire des sœurs, une aile du lycée Notre-Dame  du Niger, est affectée à la communauté des religieuses étudiantes de Bamako.

 

1959              Une autre sœur blanche, Jeanne Hélène, succède à mère Joseph-Marie comme supérieure générale déléguée.

 

1962              Les étudiantes émigrent de Notre-Dame du Niger à N’Tominkorobougou, quartier nord-ouest de Bamako où se fonde pour elles une nouvelle communauté.

 

1963              Départ au diocèse de Mopti : fondation de la communauté de Pel en pays dogon.

 

1968              Départ au diocèse de San, avec la fondation de Tominian, au pays bô

 

1970              Réunion du chapitre général de la congrégation. A la première des trois sessions composant ce chapitre est élue avec mandat de  cinq ans la première supérieures générale des Filles du cœur Immaculé de Marie : Sœur Marie Thérèse Camara.

 

1972              pour aider l’Eglise de Guinée, la congrégation envoie, pour une durée de plusieurs années, une équipe de sœurs à Kissidougou.

 

1975              Election de la deuxième supérieure générale, Sœur Rose-Henriette Keïta.

 

1978              Troisième chapitre général. On décide de changer le rythme des chapitres généraux : au lieu d’une période triennale, ils auront lieu tous les six ans. Sœur Rose-Henriette est reconduite dans sa charge pour six années.

 

1984              Quatrième chapitre de la congrégation, celui du cinquantenaire. Il  élit la troisième supérieure générale : Sœur Agnès Yanamba.

 

 

 

 

Epreuves et espoirs

Depuis 1945, époque des premières professions, années « pleines «  et années « creuses », se sont entremêlées au gré d’un dessein dont la congrégation vit patiemment le mystère. Les quinze dernières années ont été ponctuées par des entrées régulières, et marquées non moins régulièrement par les professions de femmes qui engagent toute leur existence au service de Dieu et de ceux et celles qui les entourent. Les sœurs en formation acquièrent des compétences professionnelles, la communauté chrétienne malienne prend conscience de ses responsabilités vis-à-vis de la vie religieuse et de son importance dans l’Eglise du pays.

 

L’espérance ne va pas  sans épreuves. Ainsi, le 7 novembre, sœur Paul Marie, en mission à Pel, est rappelée par le Seigneur ; en 1981n sœur Kisito, responsable nationale des Amis de Kisito, est tuée au volant de sa voiture. L’année dernière, 1987, sœur Solange Dembélé, rejoint la maison du Père. Autant de deuils durement ressentis dans toute la congrégation. Lors de tels départs, revient la prière : « Prends-nous pour ta gloire, et envoie-nous, Seigneur, des ouvriers pour ta moisson ».

 

C’est en 1958, qu’un premier groupe de sœurs, envoyées au lycée Notre dame du Niger, entreprit le cycle des études secondaires. A partir de cette année-là, les étudiantes ne cesseront d’investir petit à petit  les écoles de Bamako : Santé, Ecoles normales de premier et de second cycle, Ecole normale supérieure, Ecole des jardinières d’enfants, divers lycéens…Pour mieux remplir des ministères paroissiaux de catéchèse, et de liturgie, plusieurs Sœurs partent chaque année à Abidjan ou à Ouagadougou pour y travailler dans les instituts de formation à la pastorale.

 

On doit entendre avec recueillement ce témoignage de l’une d’entre elles :*

 

« Une femme mariée trouve son épanouissement dans son foyer. Elle prépare ses enfants pour affronter la vie et la société. Elle consolide ses rapports avec son mari dans la recherche d’un amour continuel soutenu par une bonne conduite. Une femme non mariée peut trouver elle aussi, un équilibre social, moral et professionnel. La foi permet aussi un épanouissement de soi. C’est une raison d’être, d’être bien avec soi, avec les autres. La fidélité à Dieu, c’est un peu comme la fidélité dans le mariage. Cela demande beaucoup de volonté. Dans les moments difficiles, je prie, je trouve ainsi la force et le courage. Dieu m’a appelée, il m’a fait confiance. Je répands sa parole. Il m’a choisie pour répandre son message et travailler à construite un monde meilleur ».

 

Aujourd’hui, les sœurs ayant fait profession (perpétuelle, ou temporaire) sont au nombre de 49. Se préparent à les rejoindre 9 novices, 6 postulantes, 27 aspirantes.

 

« FIDEI DONUM »

Ces deux mots latins inaugurent, on le sait, une lettre encyclique signée par Pie XII en 1957 : le pape invitait les diocèses du monde entier à encourager l’envoi de prêtres dans les régions où leur petit nombre ne pouvait répondre à la demande missionnaire. Il est notable que, l’année suivante, deux prêtres « Fidei donum »  arrivaient au service de l’Eglise du Mali.

Ces fidei Donum, « détachés »de chez eux pour un temps, ne sont pas d’une espèce autre que les missionnaires affectés définitivement au diocèse de Bamako. Du reste, le travail n’a de sens que dans une étroite collaboration avec eux :les uns et les autres sont complémentaires, et dans cette complémentarité

Les fidei donum ont pu depuis trente ans apporter leur petite pierre à la construction de l’Eglise locale. Par exemple, dans le domaine de l’ »Action Catholique « , dans la recherche d’un lien de qualité avec évêques, prêtres et sœurs du pays, ou dans l’approfondissement de la relation avec le diocèse d’envoi en France. Chacun de ces trois points pourrait appeler bien des développements. A propos du troisième, notons que le jumelage diocésain Bamako/Montpellier s’est en particulier traduit dans l’envoi de sept prêtres montpelliérains.

La plupart des fidei donum se sont insérés dans le ministère paroissial. Cependant, beaucoup ont été appelés dans une perspective de mouvements laïcs à fonder ou à développer. C’est ainsi qu’au Mali (et surtout à partir de Bamako), neuf ont eu à accompagner la JOC, huit la CEC, cinq la JAC, et trois  les Amis de Kisito. Plusieurs ont aussi œuvré ou continuent d’œuvrer dans l’enseignement des séminaires (huit) ou du lycée Prosper-Kamara (quatre).

Bref, trente et un prêtres Fidei donum en trente ans au Mali, cela paraît peu aux yeux des hommes, Mais la valeur de ce qui est signifié par cette présence ne dépend pas, aux yeux de Dieu, du grand ou du petit nombre. Aux côtés des membres des instituts missionnaires, elle demeure d’actualité, car des prêtres de passage » permettent de nouer des liens vivants et solides entre Eglises –sœurs, le diocèse d’accueil et le diocèse d’envoi, au sein de l’Eglise universelle de Jésus Christ.

La liste donnée à la page suivante fait état de plus de 140 années de travail jusqu’à présent données à l’archidiocèse de Bamako par vingt trois prêtres venus de diocèses français.

 

 

PRETRES FIDEI DONUM RECUS DANS L’ARCHIDIOCESE DE BAMAKO

NOMS

DIOCESE  D’ORIGINE

DATE PRESENCE

ANNEES

SEJOUR

COLLABORATION APPORTEE

 

 

 

 

 

Jacques BANIDES

Amiens

1958-61

3

JAC diocésaine

Albert BOLMONT

Saint -Dié

1958-63

5

CEC (paroisse de Bamako)

Etienne PITRE

Belley

1960-64

4

Lycée Prosper Kamara

Claude BERNOT

Saint- Dié

1963-66

3

CEC (paroisse de Bamako)

Charles VILLAUME

Saint-Dié

1963-

25

Paroisse –catéchèse-liturgie-Kati et Ntonimba- Vicaire Episcopal

Adolphe Marie HARDY

Nantes

1963-67

4

CEC (Paroisse de Bamako)

Yvan DOKITCH

Montpellier

1973-70

7

Moyen Séminaire Pie XII

Lycée Prosper Kamara

Hervé BONNAFE

Laval

1966-71

5

Moyen Séminaire Pie XII

Bernardin DUNATE

Bayonne

1963-

21

(avec interruption de 4ans) Petit et Moyen Séminaire Pie XII- Lycée Prosper Kamara- Paroisse de Bamako

Bernard COURTEILLE

Laval

1966-71

 

JOC (diocésaine et Nationale)

Pierre BUTAUD

Lyon

1966-70

4

CEC (Paroisse de Bamako)

Bernard LASSALVY

Montpellier

1967-76

9

Moyen Séminaire. Paroisse de Kolokani-Badalabougou

Lucien BOULIER

Montpellier

1970-72

2

Petit Séminaire de Koulikoro

François UGUEN

Quimper

1970-74

4

JOC (Diocèse de Bamako)

Claude FAUVEL

Rouen

1971-77

6

JOC diocésaine

Michel CHRISTOL

Montpellier

1974-83

9

JAC Paroisse de Falajè

Olivier GAIGNET

Luçon

1977-86

9

JOC diocésaine et nationale

Jacques DERMIGNY

Mis.Etr.Paris

1978-79

-

Prompt rapatrié sanitaire

Jean-Marie FORRET

Montpellier

1978-81

3

Lycée Prosper Kamara

Grd- Sém.de Koumi (Burkina)

 

Charles TEISSERENC

Montpellier

1983-

5

JAC -Paroisse de Faladié)

Yves LE MEUR

Quimper

1983-

5

JOC (diocésaine et nationale)

Bernard BOUCHET

Poitiers

1984-

4

Grand Séminaire

Michel Gaudiche

Rennes

1985-

3

Paroisse de Bamako CEC et Amis de Kizito

 

 

 

 

LES SŒURS DE SAINTE CLOTILDE

Leur congrégation fêtera bientôt son bicentenaire, puisqu’elle est née en Franc peu après la révolution de 1789, avec le désir de s’adonner à des tâches éducatives.

Une petite équipe de Sœurs vient à Bamako en 1959, pour donner une suite à l’école du Fleuve, ouvrir progressivement les classes d’un enseignement secondaire complet, et assurer l’internat des élèves boursières ; il leur fallait en même temps préparer des responsables qui puissent prendre en charge le lycée Notre Dame du Niger. Les Sœurs s’acquittèrent de ce travail pendant dix-neuf ans. Elles ont quitté Bamako en 1978.

 

Entre temps, une communauté de Sainte Clotilde s’était installée à Mopti, pour prendre la responsabilité du second cycle de Sévaré, mais ce projet n’eut pas de suite, et les quatre sœurs actuellement présentes là-bas œuvrent dans plusieurs secteurs paroissiaux : catéchèse, PMI bibliothèque, prisons.

 

PETITES SŒURS DU SACRE CŒUR

 

Leur fondateur est Charles de Foucauld, cet homme du désert, ami de Jésus et des pauvres, visage dont se poursuit dans l’histoire un rayonnement de joie et d’amour. Pourtant, sa vie semble un échec : aucun frère pour se joindre à lui, aucun résultat tangible de son apostolat parmi les Touareg. Son existence : de longues heures de solitude, de silence, d’adoration aux pieds de Jésus présent dans l’eucharistie de sa petite chapelle apparemment isolée de tout ? C’est là que son Seigneur devient peu à peu pour lui l’ami unique.

 

En même temps, frère Charles reste disponible à tous ceux qui viennent à lui, comme attirée par un amour qui l’habite ; il est abordable comme quelqu’un du pays, où il veut s’enraciner modestement, dans l’humilité.

 

Le premier jour de décembre, 1916, c’est la mort violente, inattendue : un grain qui tombe enfoui dans la terre            aride du Hoggar, un grain pour germer plus tard dans le monde entier.

 

NAISSANCE  DES FRATERNITES

 

Ainsi, le désert a fleuri, et plusieurs fraternités sont nées à la suite de Frères Charles : laïcs, religieux, religieuses, prêtres. Au nombre de celles-ci, les Petites Sœurs du Sacré Cœur.

 

« Faire régner Jésus et la charité, c’est la mission des petites sœurs du Sacré de Jésus, selon leur nom. Elles doivent faire régner Jésus et la charité dans leur cœur et autour d’elles. Leurs fraternités, dédiées au Sacré-Cœur de Jésus, doivent, comme lui, rayonner sur la terre et y « porter le fau ». Voici comment débute le règlement rédigé par Frère Charles, en 1902, pour les petites sœurs du Sacré-Cœur, qu’il a voulu fonder à côté des Petits Frères.

 

Dix-sept ans après sa mort, l’Eglise remet ce règlement à quelques femmes désireuses de se consacrer à Dieu dans une nouvelle forme de vie religieuse, orientée comme celle de Foucauld. En août 1933, elles se groupent près de Montpellier, au moment où cinq Petits Frères partent fonder en Afrique leur première fraternité.

 

A chacune d’entre elles s’adresse un même message : « Ton nom rappellera sans cesse que ta vie est offerte à Dieu et aux hommes, comme Jésus qui a livré sa vie jusqu’à la mort, par amour pour son Père et pour sauver ses frères. Comme Jésus, tu ne craindras pas d’aimer jusqu’au sacrifice de ta vie, s’il t’y appelle.» Telle fut l’origine de notre Fraternité.

 

Contemplatives dans la vie quotidienne

 

En 1948, l’Eglise approuve la charte qui constitue les Petites sœurs du Sacré Cœur en nouvelle religieuse. Cette charte est basée sur l’esprit (et non pas sur la lettre) du règlement de 1902, qui continue d’inspirer aujourd’hui la vie des Petites Sœurs. En effet, le souffle qui habite pareil texte a conduit Frères Charles depuis la Trappe jusqu’à Tamanrasset et entraîne aujourd’hui le mouvement des Fraternités dans trois directions solidaires : suivre Jésus, de Nazareth, le contempler dans l’eucharistie, vivre au milieu des hommes.  C’est pourquoi les Petites Sœurs mettent un accent particulier sur la gratuité de la prière, au cœur d’une vie quotidienne ordinaire.

 

Parmi les plus délaissés, les sans voix, les insignifiants aux yeux du monde, elles veulent partager à tous, à travers les gestes simples de chaque jour, la bonne nouvelle que Dieu les aime. Leur vie de religieuses se veut donc radicalement livrée à Dieu dans un contexte de banalité où rien d’autre ne se remarque, à  première vue que le signe de la communauté fraternelle. En règle générale, une telle communauté se compose de trois ou quatre Petites Sœurs, eucharistiquement rassemblées dans le mystère de la vie cachée de Jésus à Nazareth.

 

Il en va ainsi en Algérie (Assekrem), en Allemagne, en Bolivie, en Equateur, en Espagne, en France, en Italie, en Mauritanie, en Tunisie, au Mali…

 

En 1962, par l’intermédiaire de Mgr Tourel, évêque de Montpellier, Mgr Sangaré fait appel aux Petites Sœurs pour assurer à Bamako, selon le charisme du P. De Foucauld, une présence de prière et d’amitié dans le partage de la vie quotidienne, sans œuvre spéciale, mais gagnant leur vie par leur travail. C’est ce que est vécu depuis 1965 à Lafiabougou , d’abord dans l’actuelle maison des Soeurs de la paroisse, puis , à partir de 1973, dans une demeure du quartier. En 1981, l’une des quatre qui forment l’actuelle fraternité s’est établie non loin de là, à Konianbougou.

 

 

Les étapes de leur formation

 

 

C’est d’abord un stage d’au moins trois mois dans une fraternité, pour en découvrir la vie : temps de connaissance réciproque et de recherche, sans engagement de part et d’autre.

 

Vient ensuite l’époque du noviciat, qui a lieu, lui aussi, dans une fraternité assurant des conditions de vie normales (relations de voisinage, travail), une atmosphère suffisante de silence et de solitude avec Dieu. Ces deux années ont pour but essentiel d’aider la Petite Sœur à enraciner son existence dans la foi et la prière, d’unifier ses désirs dans l’amour de Jésus.

 

Le noviciat s’achève par des vœux temporaires : la petite sœur s’engage à vivre pour le temps qui la prépare à sa profession perpétuelle, toutes les exigences de la vie religieuse en fraternité. Cette période probatoire dure plusieurs années, durant lesquelles prennent place des études théologiques et bibliques adaptées aux personnes.

 

La petite sœur peut alors demander à prononcer des vœux perpétuels dans la Fraternité. Ce faisant, elle choisit de mettre définitivement ses pas  dans les pas de Jésus de Nazareth.

 

 

SŒURS DE LA CHARITE DE SAINT VINCENT DE PAUL D’OPWIJK

 

Cette congrégation diocésaine a é fondée en 1847 par le curé doyen Pierre Van Hemel, à Opwijk en Belgique. Mélanie Hofmans et Marie de Ham (devenues plus tard Sœur Jozefa  et Sœur Marie) formulent alors un double objectif apostolique auquel elles veulent dévouer leur existence :

  • Alphabétiser et éduquer chrétiennement les enfants de la classe ouvrière,
  • Donner des soins aux malades, ainsi qu’aux personnes âgées et démunies.

Peu à peu, d’autres jeunes filles viennent se joindre aux deux pionnières, et ainsi se forme un groupe de religieuses. Le cardinal Sterckx, Archevêque de Malines, leur donne en 1848 les constitutions des Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul de Louvain, constitutions approuvées par lui quelques années plus tôt.

 

Depuis 1874, Les Sœurs d’Opwijk se sont affiliées aux tertiaires de Saint François d’Assise. Plus récemment, en 1965, elles ont-elles-mêmes reçu l’affiliation de vingt compagnes, sœurs hospitalières de Saint Augustin de Merchetem en Belgique.

 

Au début de 1988, les Sœurs de Saint Vincent de Paul d’opwijk comptent 265 religieuses qui, pour la plupart, travaillent en Belgique. C’est en 1969 que Mgr Sangaré a fait appel à leur aide. En 1970, elles de mettent au service de la maternité et du dispensaire publics de Ouéléssébougou ; au-delà de cette présence, leur travail  concerne un nombre de villages environnants par des visites régulières aux dispensaires et maternités, par des campagnes de vaccinations ou de nivaquinisation. Une autre communauté est établie depuis 1971 à Falajè, où elle a relayé les Sœurs Blanches au dispensaire et à la maternité ; elle aussi en charge un centre social, et l’une des Sœurs consacre son plein temps à la catéchèse.

 

SŒURS DE LA CHARITE DE SAINT LOUIS

 

 

Cette congrégation, d’origine française, a été fondée en 1803 par Madame Louise –Elisabeth Molé (mère Saint Louis).

 

C’est à la demande de Mgr Luc Sangaré que quatre Sœurs vinrent du Canada, en septembre 1970, pour prêter main forte aux Sœurs de la Sainte Clotilde qui avait alors, en charge Notre –dame du Niger, c'est-à-dire, outre le lycée proprement dit, un second cycle fondamental et un pensionnat de filles. Les nouvelles arrivées, Lucille Bédard, Aline Dulac, Pierrette Girard et Agathe Vézina collaborent à l’enseignement du second cycle fondamental, mais en 1978, les Sœurs de Sainte Clotilde qui ne sont plus que trois doivent à regret rejoindre la France, laissant à Lucille Bédard la direction du second cycle fondamental, tandis que celle du lycée incombe désormais à un malien, Monsieur Jean Martin Togo. Quant au pensionnat, il avait dû fermer l’année précédente.

 

Voici comment, depuis 18 ans, la communauté des Sœurs de la Charité de St Louis s’acquitte d’une mission éducative auprès de quelque 240 jeunes à Bamako. Son souci, à travers l’enseignement, est d’œuvrer au développement d’une jeunesse apte à servir son pays, c’est en même temps de lui présenter l’amour de Jésus-Christ.

 

Pour cette famille religieuse, l’éducation de la foi est une priorité apostolique. Aussi, selon les possibilités, la Communauté bamakoise libère –t- elle à plein temps l’une ou l’autre de ses sœurs pour un travail pastoral : telle Marie B, aujourd’hui affectée à la catéchèse de Bamako-centre. Parallèlement à leur premier emploi, les Sœurs contribuent volontiers à l’animation de messes, de groupes de prière, lorsque ces services leur sont demandés.

 

LA FAMILLE SALESIENNE

 

 

La congrégation salésienne a été fondée par un italien, Jean Bosco (1815-1885). Suscité par Dieu pour servir la jeunesse, en particulier les apprentis et les ouvriers, saint Jean Bosco fut bien le fils de son temps, celui d’une société bouleversée par les débuts de l’industrialisation. Une telle réalité  a marqué sa vocation.

 

Toute son existence témoigne d’un rare charisme pour l’éducation des jeunes, surtout les plus pauvres et démunis. Sa méthode nourrie de foi, de raison et d’amour a produit des fruits extraordinaires pendant sa vie, et à travers l’histoire de la congrégation salésienne. Ses premiers collaborateurs (sui formèrent ensuite la première équipe salésienne), furent des garçons qui avaient d’abord partagé l’expérience de l’Oratorio di valdocco, l’œuvre de départ créée par lui à Turin.

 

Le développement de ce premier noyau appelait une structure : ce fut la congrégation salésienne reconnue par l’Eglise en 1874 avec l’approbation définitive des « Constituions et règlements de la Société de Saint François de sales ». Dès ce moment, commença une expansion remarquable des fondations : en France, en Espagne, dans toute l’Italie, en Argentine. A la mort du fondateur, 863 salésiens et 276 novices étaient répartis dans une quarantaine de maisons.

 

LA FAMILLE SALESIENNE AUJOURD’HUI

 

Les Salésiens  travaillent actuellement dans une centaine de pays de tous les continents ? Ils entendent fidèlement maintenir le charisme de leur fondateur dans une diversité de services éducatifs, adaptés aux lieux où il s’agit d’aider la jeunesse ouvrière et de proposer une formation aux plus démunis. A la fin de 1986, la congrégation comptait 17.160 salésiens, dont 10.827 prêtres et 579  novices.

 

La famille salésienne ne s’arrête pas là. Avec Marie-Dominique Mazzarello, Jean Bosco fonda aussi les Filles de Marie Auxiliatrice (salésiennes) dont les objectifs et le développement correspondent à ceux des Salésiens. L’institut des Filles de Marie Auxiliatrice est la deuxième congrégation féminine dans l’Eglise, avec plus de 17500 sœurs et 530 novices ;

 

Une troisième branche, celle des Coopérateurs salésiens, est venu s’ajouter aux deux précédentes. Elle résulte d’une idée originale de Don Bosco, idée proche de ce qu’on appelle aujourd’hui « laïcs consacrés ». Mais il fallut attendre le dernier concile du Vatican  pou que l’initiative puisse prendre corps. La branche des Coopérateurs salésiens est maintenant  en plein épanouissement.

 

Pour compléter le panorama d’une aussi grande famille, on doit mentionner l’existence de plusieurs autres congrégations surgies de la souche salésienne, ainsi que les millions d’élèves et anciens élèves, garçons, disséminés dans le monde entier. On ne peut oublier non plus les millions de personnes qui rencontrent l’esprit de Jean bosco  dans les 1.600 paroisses et postes de missions confiés un peu partout aux Salésiens.

 

LES SALESIENS EN AFRIQUE

 

Alger en 1891, Tunis deux ans plus tard, Egypte et Afrique du Sud en 1896, telles furent les premiers lieux africains d’implantations salésiennes. Certaines, plus tard, n’ont pu être maintenues.

 

Au Sahara, dans le sud du Zaïre, les salésiennes arrivèrent en 1911. Aujourd’hui, c’est leur seule province autonome en Afrique. Elle a son siège à Lubumbashi et compte 224 membres, parmi lesquels un groupe assez notable de Zaïrois

 

D’autres présences salésiennes dans divers pays africains furent moins  durables, en raison  de conjonctures sociopolitiques défavorables. En 1978, les fils de Don Bosco étaient présents dans une quinzaine de pays.

 

 Cette année 1978, marque un tournant dans l’histoire africaine de la congrégation. Un chapitre général achevait alors sa session, quand eut lieu l’intervention timide d’un prêtre Zaïrois, maitre des novices au Shaba. Celui-ci rappelle un rêve de Jean Bosco à Barcelone, en Espagne : dans ce rêve, un personnage fait tracer à Don Bosco, sur une carte du monde, une ligne allant de Pékin à Yalparaiso en passant par le centre de l’Afrique, et le personnage ajoute : « Un jour, tes fils seront répandu tout au long de cette ligne. » D’où la question finale du prêtre Zaïrois : « Quand est-ce que la Congrégation réalisera ce rêve de notre père ? »

 

Pareille question déclencha un vaste projet d’intervention prioritaire en Afrique, projet concernant Salésiens et Salésiennes en provenance d’Italie, du Portugal, d’Espagne, de Pologne, d’Inde, des Philippines, d’Amérique… Ainsi, le rêve de Don Bosco devient une réalité en 1979 pour le Libéria et le Cameroun, en 1981 pour l’Angola, le Bénin, la Côte d’Ivoire, et le Mali, en 1982 pour le Nigeria, le Togo, le soudan, en 1983 pour la Zambie, en 1986 pour la Sierra Leone et la République de guinée, en 1987 pour le Ghana. Quelques 500 Salésiens et Salésiennes ont ainsi été envoyés en dix ans, ce qui porte actuellement à 31 le nombre des pays d’Afrique habités par la famille de Jean Bosco.

 

Présence au Mali

 

A la demande des Evêque du Mali, la congrégation salésienne a répondu à travers sa Province espagnole de Valencia.

 

La première équipe, comprenant quatre prêtres, s’est établie à Sikasso en 1981, pour un service paroissial et une assistance aux jeunes. Presque simultanément, un groupe de trois prêtres s’installe à Touba, dans le diocèse de San, pour un travail paroissial dans les villages, où il s’agit de former des jeunes en catéchèse et en alphabétisation. En 1985, une communauté de quatre sœurs, vient renforcer l’équipe de Touba.

 

A Bamako, la présence salésienne date de 1985, avec la direction du Centre Père-Michel, en attendant d’autres activités dans le quartier où fonctionne cette école professionnelle.

 

SŒURS DE LA DIVINE PROVIDENCE DE -SAINT -JEAN -DE –BASSEL

 

Cette congrégation est un institut religieux apostolique reconnu de droit pontifical le 11 janvier 1943. Mais son existence est bien plus ancienne, puisqu’elle date de Jean-Martin Moyë, Vicaire à Metz dans l’est de la France, au siècle dernier. Frappé par le manque d’instruction et l’ignorance religieuse dans lesquels vivaient les pauvres gens de la campagne avoisinante, ce  prêtre forme vers 1820, le projet d’envoyer des chrétiennes dans les hameaux les plus abandonnées, pour éduquer et évangéliser les enfants, ainsi que des adultes en quête d’instruction.

 

Depuis 1826, année où la première école fut fondée à Vigy-Béfey en Moselle, l’histoire d’un projet aussi simple n’a cessé de s’amplifier :

 

1827  Installation de la maison de formation à Saint –Jean-de-Bassel, petit hameau de Loraine.

1866  Fondation au Texas (devenue congrégation autonome en 1883)

1868  Fondation en Algérie. En 1871, cette initiative tourne court, en conséquence de la guerre franco-allemande.

1879 Fondation en Belgique

1889  Fondation dans le Kentucky, en Amérique du Nord

1939  Implantation de communautés dans la région parisienne et à l’ouest de la France (exode des populations françaises de l’est à cause de la seconde guerre mondiale.)

1950  Fondation à Madagascar

1954  Béatification de Jean Marin Moyë

1958  Fondation en Allemagne, dans la Sarre.

1968  Fondation à Rome : cette même année, la congrégation se répartit en cinq « provinces » : France-est, Paris/sud-ouest, Belgique, Amérique, Madagascar.

1979  Fondation à la Grande Comore.

1980  Fondation à Mayotte.

1982  Fondation en Equateur (Amérique Latine)

1987  Fondation au Mali (Bamako-Korofina).

1988  Fondation au Ghana.

 

Deux extraits des Constitutions de l’institut expliquent le sens de sa présence

au monde : « Sœurs de la Providence, nous avons mission de vivre  parmi nos frères dans la foi en la providence, et d’être providence pour eux par les œuvres de miséricorde. C’est ainsi que nous participons à la mission d’évangélisation confiée par le Christ à son Eglise. »

 

« Dans une attention aux situations réelles, nous cherchons à découvrir les appels de la Providence, et à y répondre avec courage et créativité. Nous nous engageons dans les services apostoliques qui pourraient  le mieux nous permettre d’annoncer la bonne nouvelle, d’éduquer les pauvres, de les aider à promouvoir leur dignité humaine et à s’accomplir comme enfants de Dieu ».

 

LA FORMATION DES PRETRES

 

 

Petit et Moyen Séminaires

 

Préparer un chrétien à devenir prêtre, quand lui et les siens croient que Dieu l’y invite, est une grande entreprise. L’Eglise malienne s’est efforcée de la prendre au sérieux, comme le montre l’histoire de ses séminaires, petit, moyen et grand. Commençons ici par le commencement.

 

L’école presbytérale itinérante de Ségou (1919-1925)

 

Elle débute le 14 juin 1919 sous l’impulsion de Mgr Lemaître : «  Le P. Courteille, pendant les vacances, fera  autant qu’il pourra un peu de classe à quatre enfants qui manifestent  le désir de se faire séminaristes. Au moins pourront-ils, si le but n’est pas atteint, devenir de  futurs catéchistes instituteurs. »

 

Décision modeste et réaliste, puisqu’il s’agit d’une très petite école cléricale « volante » placée sous la responsabilité du P. Lemaire. Mais celui-ci, constructeur  et vicaire délégué, est obligé à de nombreux déplacements, parfois lointains. Qu’à cela ne tienne, les séminaristes le suivront dans ses pérégrinations : Ségou, Banankourou, Minanfofa, Kita…

 

Le 14 janvier 1923, les séminaristes, endossent pour la première fois, la tenue que Mgr Sauvant a fait venir à leur intention. A la fin de l’année  1924 ; la phase d’itinérance s’achève et le résultat en est le suivant : « Sur huit élèves qui ont passé par cette école, l’un devint catéchiste zélé ; deux autres des catéchistes instituteurs. Prosper Kamara sera prêtre à Carthage en 1936 ».

 

Séjour à Kati (1925-1930)

 

La fête de Noël 1924 marque un grand événement pour la mission de Kati : arrivée du Père Courteille et de six séminaristes. « Cette fois-ci, il s’agit bien d’un séminaire qui a trouvé sa stabilité, son autonomie, et possède son personnel spécialisé, et bientôt des locaux. « Durant l’année scolaire qui se poursuit, les élèves forment deux cours, avec chacun une heure de classe le matin, et une autre heure le soir.

 

L’année 1925-26 commence avec sept élèves partagés en deux cours, assurés successivement par l’unique professeur : deux en seconde, (actuelles 10è), les cinq autres en 7ème (premier cycle fondamental).

 

L’année suivante débute et se termine avec huit élèves.

 

Octobre 1928 : Dès son accession à l’épiscopat, Mgr Molin décide  le transfert du séminaire à Faladié, dans le « Bélédougou ».

 

Le Séminaire de Faladiè (1930-1958)

 

Pour la formation d’un clergé local, Mgr Molin ne lésinait pas sur les investissements. Il répétait souvent qu’il ne fallait jamais penser au coût de la formation d’un prêtre. L’effectif du séminaire passe à 15 en 1933, puis cinq ans plus tard, à 36. L’année 1948 marque le point culminant, avec 70 séminaristes. «  Pour ces jeunes qui sortaient de milieux païens, les obstacles se dressaient, presque insurmontables : se faire prêtre, n’était –ce pas trahir la race, le village, la famille, les ancêtres qui réclament une descendance ? «  C’est au P. Sabeau qu’il avait incombé d’installer à Faladié le séminaire ; arrivé le 6 janvier 1930, à pied, de Nègèla à Faladiè avec neuf séminaristes, il emménagea dans le nouveau bâtiment en avril 1930, et demeura supérieur jusqu’en novembre 1932.

 

Le Père Jean Baptiste Cormerais, qui lui succéda durant neuf années, en fut le véritable organisateur. Au prix d’un travail acharné, il dota la maison d’une solide infrastructure : « plantations de palmiers, de manguiers, grenadiers, orangers, papayers, font de se séminaire un petit paradis terrestre ».

 

1939-1945, Par suite de la mobilisation des professeurs, la guerre faillit porter un coup fatal à un établissement alors en plein essor. En outre, la mort du P. J.B. Cormerais, emporté par la fièvre jaune en 1942, fut une dure épreuve pour les séminaristes. Avec le P. Fondeur qui prit le relais et fit preuve d’un ferme savoir-faire, le calme revint peu à peu. Les cous préparatoires et la classe de 7è sont assurés par les sœurs (42 élèves en 1945, et 70 en 1948).

 

1951- le Personnel enseignant comprend un évêque retraité, quatre pères et un laïc, monsieur Lemonnier, qui mit pendant de longues années sa compétence au service des séminaristes. Cependant, pou économiser le personnel, les élèves de 3ème sont envoyés à Nasso (qui vient d’être fondé en Haute Volta).

 

1952- En juin, Faladié réduit ses activités à celles d’un pré-séminaire, dont la responsabilité fut confiée au P. Devieux, aidé de M. Lemonier. Les classes de 7è et de 6è rouvrent en 1955 sous la direction du P. Hecquet, mais en vue du futur transfert envisagé à Bamako. Pourquoi ce nouveau changement de résidence ? C’est que la création d’un séminaire-collège semblait la meilleurs solution pour résoudre certains problèmes, d’une part l’effectif restreint des élèves, d’autres part, la difficulté d’assurer la stabilité d’un personnel affecté à l’éducation de ce seul groupe.

 

Le séminaire Pie XII de Bamako

 

18 octobre 1958, les séminaristes déménagent de Faladiè dans une maison (dont la construction est encore inachevée) sur la colline de Hamdallaye. Sur le même terrain s’installera bientôt le collège Prosper-Kamara.

 

25 février 1959, grande joie pour tous : les nouveaux bâtiments sont bénis par le Supérieur Général des Pères blancs. Mgr l’Archevêque, présent à la cérémonie, proclame le nom du nouvel établissement : Séminaire Pie XII.

 

Année scolaire 1959-1960 le P. Henri Cavrois, alors curé de Bamako, est nommé responsable du séminaire collège. Durant cette année, les séminaristes et 140 collégiens externes suivent les cours des classes de 6è,5è,4è  (cycle français).

 

Mai 1960 – Début des travaux de construction du Collège Prosper-Kamara, sous la direction du F. Martin Schuller.

 

1961-1962  Le Séminaire est séparé du collège Prosper-Kamara

 

Mai 1962     Mgr Luc Sangaré, nouvel archevêque de Bamako, nomme l’abbé Gaston Traoré, un ancien de Faladiè, supérieur du séminaire, en remplacement du P. Cavrois. Dans les années suivantes, Pie XII prend son rythme de croisière. Désormais, les élèves du second cycle fondamental suivront les cours au séminaire. Ceux des classes de -10ème, 11ème et 12ème poursuivront leurs études secondaires au Lycée Prosper-Kamara ? Ainsi se résolvent des problèmes posés depuis 1919…

A la suite du P. Henri Cavrois, et de l’abbé Gaston Traoré, se sont succédés plusieurs supérieurs du séminaire : les PP. Jean Mouthon, Giuseppe Campanale, Joseph Vanrenterghen.

 

1968- A partir de cette année, les séminaristes qui suivent le cycle du lycée proviennent des six diocèses maliens. Seuls quatre diocèse (Bamako, Kayes, Ségou Sikasso) envoient les leurs à Pie XII pour le cycle fondamental, car la fondation du Séminaire Saint Paul  de Togo  ouvre à ceux de San et de Mopti un accès plus proche.

 

1er octobre 1971, les quatre diocèses dont il vient d’être question envoient désormais  leurs candidats au petit Séminaire de la Présentation, créé à Koulikoro. Pie XII devient alors moyen séminaire. Depuis cette date, les Supérieurs successivement nommés sont les abbés  Jean Marie Cissé,(en même temps proviseur du lycée Prosper Kamara jusqu’en 1976). Théophile Diallo, Jean Gabriel Diarra, Joseph Dakouo.

 

Octobre 1984 Ouverture du Grand Séminaire Saint Augustin à Sébénikoro (Bamako). Les bacheliers de Pie-XII  n’ont plus désormais à se rendre à Koumi (Burkina Faso) pour y poursuivre leur formation philosophique et théologique.

 

Petit Séminaire Notre Dame de la Présentation  (Koulikoro)

Le cycle fondamental des études (entièrement conforme aux normes du programme scolaire officiel) fonctionne donc à Koulikoro depuis 1971, pour les petits séminaristes, issus des diocèses de Bamako, de Kayes, de Ségou et de Sikasso. Un effectif de 254 jeunes est aujourd’hui passé par cette filière. Trois d’entre eux ont été ordonnés prêtres, dix se trouvent au grand séminaire, et vingt cinq font leurs études secondaires au moyen séminaire. Les 216 autres ont rejoint les rangs de leurs camarades du même âge, et pour la plupart continuent encore à étudier. Certains sont déjà bien assis dans les professions qu’ils exercent et dans les responsabilités qu’ils assument. Trois seulement, à notre connaissance, ont regagné leur village pour se remettre à cultiver la terre avec leurs parents.

 

Durant les 17 années de Koulikoro, sept prêtres ont œuvré à l’éducation des séminaristes. Dès le début, des laïcs ont été invités à y apporter leur concours. En 1988, l’équipe d’animation ne compte plus qu’un prêtre, Bernardin Dunate, entouré de quatre hommes mariés, vivant avec leur famille dans l’enceinte même du séminaire. Telle est une heureuse particularité de ce petit séminaire : à la formation des futurs prêtres maliens contribuent  des laïcs dont les engagements précédents attestent la valeur professionnelle, spirituelle et morale.

 

Quelques activités parascolaires offrent aux élèves l’occasion d’acquérir des connaissances et de s’exercer en jardinage, en élevage, en agriculture, ce qui , dans une mesure appréciable, assure un autofinancement partiel de la maison, grâce au travail de ses pensionnaires. Ceux-ci participent aussi au fonctionnement d’un petit atelier où s’effectuent pratiquement tous les travaux d’entretien et de réparation du séminaire.

 

L’expérience pédagogique de Koulikoro est bien celle d’une vie ouverte à l’avenir…

 

LE GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN

 

Pâques 1984

 

Les évêques du Mali et de Guinée s’adressent aux communautés chrétiennes pour leur annoncer la prochaine création d’un grand séminaire commun à leurs diocèses. Voici des extraits de leur lettre :

 

« Depuis quelques années, le nombre des jeunes (Maliens) qui se préparent au sacerdoce pour le service de nos communautés ne cesse de croître… Cet afflux des vocations, nous le retrouvons (aussi) dans les Eglises sœurs voisins de Haute Volta et de Guinée, à tel point que le séminaire de koumi s’avère désormais trop petit …le Burkina a déjà dû ouvrir un grand séminaire de premier cycle…

 

Le Mali et la Guinée estiment que le moment est venu pour eux aussi de créer leur grand séminaire de premier cycle… C’est donc en commun avec l’Eglise sœur de la Guinée que nous ouvrons à Bamako (provisoirement à Sébénikoro) à la rentrée scolaire  1984-1985, le Séminaire Saint-Augustin. »

 

La Première année

 

Initialement fixée par les évêques au 29 septembre 1984, la rentrée ne peut avoir lieu que le 22 octobre. Mgr Sangaré accueille alors chaleureusement à Sébénicoro les nouveaux arrivants, qui après une session de deux jours, se mettent au travail.

 

L’encadrement des quatorze séminaristes présents est assuré par cinq animateurs, secondés par un personnel de service employé à la cuisine et à la maintenance des locaux.

 

1985-1986

 

La demeure doit élargir « l’espace de ses tentes » pour recevoir 18 nouveaux, ce qui porte à 31 l’effectif de cette rentrée.

 

L’année commence par deux journées de réflexion communautaire, auxquelles, participent professeurs et étudiants. Elles visent à définir les orientations fondamentales du séminaire en fait de vie spirituelle et communautaire, ainsi que de travail intellectuel et de relation avec l’extérieur.

 

1986-1987

 

Saint –Augustin accueille 27 jeunes : dix-sept pour le Mali, neuf pour la Guinée et pour la Côte d’Ivoire.

 

1987-1988

 

Le projet spirituel de cette période est inspiré à la fois par l’année mariale et par la célébration du centenaire de l’évangélisation au Mali. Une retraite de six jours et  plusieurs récollections servent de lieu pour approfondir les thèmes indiqués par le comité de préparation du centenaire. Ceux-ci culminent dans une question fondamentale, qui concerne au premier chef les actuels et futurs prêtres : quelle anthropologie chrétienne pour l’homme malien ?

 

En vue d’assurer un bon entretien de la concession et un développement de l’intérêt pour les diverses activités manuelles (jardinage, notamment), trois quarts d’heure sont consacrés au travail manuel chaque après-midi, à l’exception du jeudi et du dimanche.

 

Le séminaire demeure fidèle à son option de maintenir des relations survies avec le monde ambiant. La maison reste donc largement ouverte aux évènements vécus dans les diocèses, les paroisses. Comme dans les précédentes années, les invitations de prêtres, de religieux, de laïcs, apportent sur place le témoignage d’engagements personnels au service du Christ, dans les sociétés malienne et  guinéenne. D’autre part, plus des deux tiers des étudiants mènent, cette année, des activités pastorales : catéchèse, CEC, JOC, visites à l’hôpital et à la prison. Sans absorber trop de temps ou d’énergie, ces contacts hebdomadaires, ainsi qu’une journée missionnaire trimestrielle, donnent aux jeunes l’occasion d’entendre les appels de leur entourage. Grâce à plusieurs aides généreuses, un minibus de dix-huit places est acquis pour faciliter les déplacements nécessaires.

 

Vive le sport !

 

La pratique du sport, à Saint –Augustin, est une heureuse facette de la vie communautaire. Le règlement prévoit un entrainement matinal d’une demi-heure chaque matin, sauf les jeudis, où une heure et demie d’exercice est prévue dans l’après-midi. Les activités sont gérées par un comité de cinq membres, comprenant quatre étudiants et un animateur. Il revient à ce comité d’organiser les équipes de gymnastique, et d’élaborer un programme dans les différentes disciplines, en tenant compte des talents et possibilités de chacun, de telle sorte que personne ne soit laissé pour compte. Football et volley connaissent un bon développement. Dans l’ensemble , l’ambiance sportive est cordiale, tant entre les séminaristes que dans les rencontres éventuelles avec des équipes de l’extérieur, mais il reste des progrès à faire pour le maintien d’un effort soutenu tout au long de l’année. Le manque d’encadrement technique pose aussi quelquefois problème.

 

Nouveau départ

 

Mise temporairement à disposition du grand séminaire par l’Archevêque de Bamako, la demeure de Sébéninkoro est vidée de ses habitants en octobre 1988. C’est non loin de là, à Samaya, que les conférences épiscopales du Mali et de Guinée ont acquis un site approprié à l’expansion de Saint- Augustin. Le sixième module des bâtiments dont le P. Jacques Avisse a dirigé la construction, sera achevé sur ce nouveau site dans le cours de l’année 1988-89, mais dès la rentrée, les séminaristes y ont emménagé leur logement « définitif ». Nul doute qu’aux fêtes du bicentenaire, il y ait beaucoup à raconter sur la féconde histoire de Samaya !

 

 

6. LA FORMATION DES CATECHISTES

 

On imagine comment les premières tournées des missionnaires, il y a cent ans, ne pouvaient s’effectuer sans un accompagnateur qui se chargeait de traduire et de commenter les paroles du Prêtre, et qui en retour, pouvait expliquer à celui-ci les propos ou les questions des interlocuteurs villageois. D’où l’in des premiers soucis de ceux qui portaient l’évangile : former ces accompagnateurs. Leur autre préoccupation non moins importante était la formation de catéchistes qui, dans les villages, puissent entrainer, regrouper et suivre les catéchumènes.

 

Dans les débuts de chaque mission, des jeunes étaient formés sur place, choisis parmi des anciens élèves motivés, ou parmi les meilleurs catéchumènes. Cette formation sur place ne sera jamais abandonnée, et c’est une formule analogue qui est adoptée pour ceux que l’on appelle aujourd’hui « chefs de prière » (delilinyèmogow).

 

Très vite cependant, s’est fait sentir le besoin de catéchistes mieux formés, vivant une foi et une prière puisée dans la connaissance plus approfondie de la Parole de Dieu et de son annonce ecclésiale.

 

Les essais furent nombreux

 

 

Kati

 

Dans les années 1927, Kati recevait ses premiers « élèves catéchistes », une dizaine de jeunes venant des quatre coins du pays : Julien Sidibé, Raphaël Sidibé, Laurent Sidibé (tous les trois de Kita) Michel et Pascal de Ségou, Hippolithe Kamara de Kita, Paul Gomou de Guinée, Léonard et Charles.

 

En 1929, c’est le P. Guérin qui s’en occupe. EN 1933, il remet au P. Dognin, l’école qui est prise en charge, deux ans plus tard, par le P. Scobry.

 

Ce premier essai est interrompu en juin 1938. Si certains des catéchistes ainsi formés se sont montrés très fidèles à leur ministère, il apparut progressivement que beaucoup entendaient profiter de l’école pour chercher une place mieux rémunérée et moins pénible…

 

Ouélésébougou

 

A partir de 1946, une école de catéchistes y fonctionne avec des jeunes de 20 ans et plus, uniquement formés en langue bambara. Le P. Camille Cormeraies voulait des apôtres à la foi invincible, mais l’année suivante, son épuisement physique l’oblige hélas à rentrer en France, et l’école dut fermer.

 

Elle reprendra en 1951, avec une section pour les « mariés » (dont s’occupe le P. Fontanié) et une section pour les « jeunes ». Mgr Leclerc souhaitait que Ouélésébougou devienne lieu de formation pour tous les catéchistes ou vicariat . Des jeunes arrivèrent donc à Kati, de faladié, de Ségou, de Béléko, etc. L’école fut confiée au P. Cavrois ? Mais dès 1954, un changement intervient : tandis que les « mariés » restent sur place, la section des jeunes est envoyée à Faladié, où le petit séminaire était installé. Le P. Kermasson y relaie le P. CAVROIS jusqu’en 1958, année où celui-ci  cède la place à l’abbé J.M. Sidibé.

 

N’Tonimba

 

1963 marque un autre changement de lieu. Depuis quelques années fonctionnait à N’Tonimba, près de Kati, un Centre de formation agricole. Il sembla indiqué que les élèves catéchistes, tous d’origine rurale, profitent de cette formation. Leur école, avec son directeur, se transporta donc à N’Tonimba  où du reste, le Centre agricole cessa des propres activités à compter de 1968.

En 1970, l’abbé Bernard KANE, nouvellement ordonné, vient seconder l’abbé J.M. Sidibé dans sa tâche. Lorsque, l’année suivante, ce dernier partit en France pour y poursuivre des études, la direction fut prise en charge par le P. Hilaire BARRETEAU, responsable jusqu’en 1973, d’un établissement entouré d’arbres par ses soins (ce dont les élèves et moniteurs actuels lui sont très reconnaissants !)

 

Depuis 1973 (sauf un interlude de deux ans, assuré par l’Abbé Bernard KANE, entre 1978 et 1980), le Centre de formation catéchétique de N’Tonimba est animé et dirigé par l’abbé Charles VILLAUME.

 

Nouvelle donne depuis quinze ans …..

 

Beaucoup d’élèves se présentent déjà alphabétisés. Beaucoup sont mariés et pères ou mères de famille. Le temps de formation dure trois années, au lieu de deux précédemment. Les exercices pratiques ont été multipliés : leçons de catéchisme, méditation, célébration diverses, lectures bibliques publiques, animations de messes….Les élèves catéchistes sont répartis en communauté capable d’initiatives et de responsabilités.

 

Dans les villages aussi, des communautés responsables se sont formées : ce sont elles qui aujourd’hui choisissent leur catéchiste, lequel revient demeurer dans la communauté qui l’a choisi et envoyé. Une nouvelle catégorie de catéchistes a fait son apparition : le permanent (ou semi-permanent) responsable de tout un secteur paroissial.

 

Les femmes ne sont pas en reste pour suivre la formation catéchétique de Ntonimba, où de nouvelles habitations(en terre) ont augmenté les capacités d’hébergement : huit demeures pour familles, trois dortoirs pour célibataires et stagiaires (22 lits)

 

Des instruments qui facilitent beaucoup le travail ont été publiés : près de trente-cinq livrets (sans compter le catéchisme lui-même) sur la Bible, les relations avec protestants ou musulmans, la façon de prier ou de faire une leçon, une célébration, etc.

 

Outre la session annuelle des catéchistes en formation, Ntonimba propose des stages portant sur des thèmes spécifiques : la prière personnelle, la célébration dominicale, les réunions d’enfants, la communauté chrétienne, le responsable de communauté, les responsables d’action socio-caritative….Cette année même, en 1988, vingt-et-un animateurs de célébrations dominicales ont passé deux mois au Centre pour y travailler en commun.

 

Personnes et chiffres de Ntonimba depuis 1973

 

Effectifs :

 

           Voici le détail annuel des inscriptions

 

1973-74              21                                           1980-81              10

1974-75              13                                           1981-82              19

1975-76              13                                           1982-83              24

1976-77              23                                           1983-84              29

1977-78              23                                           1984-85              20

1978-79              24                                           1985-86              15

1979-80              19                                           1986-87              25

                                                                           1987-88              37

 

Sur 173 élèves, dont huit femmes,  passés par le Centre de formation en 15 ans, la répartition des provenances est la suivante :

 

Bamako                    114

Sikasso                         26

Ségou                           18

Kayes                           13   

San                                 1

Guinée                           1

 

Moniteurs

 

André            SIDIBE (en retraite)

Antoine        KULUBALY (en retraite)

Jacques         SAMAKE

Etienne         KANE

 

Religieuses

 

Sœur Anna

Sœur Germaine (actuellement en activité)

 

Enseignants

 

Théodore     DEMBELE

Abel               TOURE

Issa                 TAPILY

Moïse            KANTE

Donat            KONE

 

En cette année 1988, c’est un élève du Centre, lui-même enseignant, qui assure les cours de français, de calcul, d’histoire et géographie, d’instruction civique

 

 

 

7. LAÏCS EN MOUVEMENT  

 

Scoutisme

 

Mouvement de formation humaine et chrétienne de la jeunesse, le scoutisme a été créé en Angleterre, au début de ce siècle par Lord Baden –Powel

 

Depuis 1940, il a fleuri à Bamako avant l’indépendance du Mali, spécialement avec les PP. Bauthers, Teigne, et de 1954 à 1960 avec le P. Bruno Michel : durant ces dernières années, on a compté jusqu’à neuf troupes de scouts et trois clans de routiers.

 

Une telle formation a exercé une influence profonde sur les générations qui l’ont suivie. Elle représentait, pour un certain nombre de malien, la seule occasion de rencontrer l’Eglise et l’évangile de Jésus Christ. Restent de l’époque du scoutisme beaucoup de sympathisants pour la « mission catholique » beaucoup d’amitié qui se sont nouées au cours des réunions, des sorties et des camps, et pour de nombreux anciens, une habitude de générosité, d’esprit d’initiative et de courtoisie.

 

Le mouvement a été relayé par les pionniers, chez qui se sont engagé un certain nombre de chefs scouts. Les « bibliothèques scouts » des aumôniers les y ont rejoints.

 

 

Jeunesse ouvrière croyante (JOC)

          

C’est à ce dessein que, pou manifester l’œcuménisme de son action, la « Jeunesse Ouvrière Chrétienne » (fondée en Belgique par l’Abbé Joseph CARDIJN, en 1925) est devenue au Mali la « Jeunesse Ouvrière Croyante ».

 

1952-1960

 

L’histoire commence en 1952, avec Henri Destrez, un permanent français de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Dakar. Celui-ci décide de parcourir les grandes villes d’Afrique de l’Ouest, afin d’aider les jeunes à s’unir pour prendre leur vie en main. Au mois de juin, il fut accueilli par le P. Laridan, à Bamako.

Dès la première réunion, un certain nombre de jeunes manifestent leur intérêt, et ne tardent pas à entreprendre une enquête –campagne sur les loisirs de la jeunesse. Deux équipes se mettent en place et mènent plusieurs actions, en particulier, le lancement d’un foyer pour les jeunes (à l’emplacement actuel de la maison d’accueil des Sœurs, à Bamako-Kura), avec des jeux, et des livres. On organisa aussi des cours du soir en alphabétisation, et un cours de comptabilité. Pour qu’une équipe s’organise à Kati et se mette au travail, avec la conduite d’une enquête sur le chômage  et l’alcoolisme.

 

En 1954, la session annuelle des dirigeants jocistes de l’Afrique de l’Ouest, eut lieu à Ségou. Cinquante jeunes du Soudan, du Sénégal et de la Guinée y participent, dont une vingtaine de militants soudanais. L’un des fruits de la session fut le démarrage d’une équipe à Ségou.

 

A leur tour, Sikasso et Kita forment bientôt leurs groupes, si bien qu’à la session Soudan-Guinée, organisée à Dalala (Guinée) en 1955, les participants soudanais étaient au nombre de 45. C’est là que se constitue la « Fédération JOC du Soudan » qui tint ses premières assises en 1956 à Kita, en y rassemblant 72 militants, huit aumôniers et deux évêques. En quatre ans, la JOC avait donc connu une extension remarquable, puisqu’elle comprenait treize  sections reparties dans des centres importants : sept à Bamako, une à Kati, une à Ségou, une à Kita, une à Kayes, une à Sikasso, une à Mopti.

 

En août 1956, le mouvement publiait déjà son journal, intitulé : Aux écoutes de la JOC Soudanaise. On y trouvait, comme aujourd’hui, des nouvelles équipes  et de la vie jociste. Ce sont les villes de Mopti et de Kayes qui, en 1958, détenaient le record pour la vente des journaux et le paiement des cotisations…

La deuxième session d’études du Soudan rassembles 65 participants en juillet 1957. Le thème en était : « La JOC, école de formation à l’action par l’action ». On y étudia entre autres, l’importance de la révision de vie, le problème du journal, la place des musulmans dans le mouvement.

 

Un événement de grande portée marque le mois d’août 1957 : le rassemblement mondial de 32.000 jocistes à Rome. Parmi eux, 300 jociste d’Afrique Noire, dont deux délégués du Soudan, qui rédigèrent au jour le jour un très intéressant compte rendu de leur voyage. Au cours de ces journées, eut lieu le premier congrès panafricain de la JOC, où les jeunes trouvaient une occasion extraordinaire de confronter leurs problèmes communs. A titre d’exemple, voici les questions alors évoquées par eux : le choix du fiancé, la peur des malédictions, la « dot » très élevée (de 100.000 à 200.000 francs), le chômage, les salaires insuffisants, l’analphabétisme, l’obligation pour les filles de se donner pour obtenir un emploi. Les problèmes, on le voit, n’ont encore guère changé aujourd’hui…

 

A Kayes, en septembre 1958, troisième session territoriale. Celle-ci avait pour but de faire le point, à la suite de deux importantes rencontres tenues à Bamako cette année : le festival de la jeunesse Africaine (où la JOC soudanaise avait envoyé plusieurs délégués.) et le Conseil des responsables JOC de l’Afrique Occidentale qui pendant huit journées consécutives au festival, avait rassemblé 28 participants.

 

Premières années de l’Indépendance

 

Malgré les difficultés qui affectèrent alors l’existence de la JOC (interruption du Journal, des sessions nationales, des cotisations, des campagnes d’année…) il est notable que, grâce à certains jocistes convaincus, cette existence n’ait pas purement et simplement cessé.

 

En 1963, le Bureau Politique avait décidé de la suppression du scoutisme, ainsi que d’autres groupements, ceci afin de mettre l’accent sur une mobilisation unique des forces nationales au service du pays. Grâce au soutien avisé de l’abbé David TRAORE, et à la courageuse obstination des militants de l’époque, les autorités gouvernementales admirent que la JOC, loin de concurrencer l’effort national, s’u intégrait de manière exemplaire par les engagements de ses membres. Ainsi, lors d’une importance session JOC à Bougouni, où la réflexion avait porté sur  l’engagement civique et politique des jeunes, un responsable politique vint dire aux jocistes que le  Mali, avait besoin de jeunes comme eux pour grandir. Au mois de décembre 1963, une récollection put grouper à Bamako 17 jocistes. L’année suivante voit se mettre en œuvre une recherche sur l’argent, avec des sessions de formation où les jeunes apprennent comment faire un budget.

 

De cette période date une nombreuse adhésion des filles au mouvement. En 1965, par exemple, elles mènent une campagne sur le travail (à la maison, dans les centres ménagers, dans les bureaux..) puis une vingtaine d’entre elles mettent en commun leurs découvertes et réflexions sur ce thème. Il en résulte l’organisation d’une session ménagère de près d’un mois, avec apprentissage de couture, de tricot, de cuisine, de puériculture, etc.  Les questions religieuses entraient aussi dans la recherche poursuivie par la JOC féminine. Après avoir pris conscience de leurs difficultés pour prier, quelque vingt militantes firent une récollection centrée sur ce sujet ; les idées échangées furent regroupées, et aboutirent à un petit livre de prière, comprenant des textes religieux et des faits de vie. Cela aida beaucoup ensuite les jocistes à mieux prier.

 

Les Vingt dernières années

 

L’année 1968 se signale par deux faits marquants. Ce fut d’abord une session panafricaine de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Douala. Du Mali, un jociste et une jociste s’y étaient rendus, accompagnés des abbés Courteille et J. Dao. Ils durent, à cette occasion, élever  la voix pour bien expliquer et faire entendre aux autres, leurs raisons d’accepter les musulmans à part entière dans le mouvement. D’autre part, eut lieu durant cette même année, la première session nationale des aumôniers et Sœurs engagés dans la JOC. Apportant leur expérience de Bamako, de Ségou, de San, de Mopti et de Sikasso, deux prêtres et une Sœur du Mali, ainsi que trois prêtres européens (dont l’abbé Courteille) se réunissent  autour de Mgr Perrot. Ce genre d’échange est ensuite devenu une coutume  annuelle.

 

Après une interruption de près de dix ans, le journal de la JOC malienne paraît  sous une nouvelle formule, en juin 1970. Il est désormais assez régulièrement publié trois fois l’an, et fait  largement connaitre le mouvement par delà ses propres frontières, au-delà même des frontières du Mali.

 

En 1971, la JOC de Kayes reprend souffle, avec une douzaine de militants dont trois chrétiens. Une équipe existe aussi à la  cimenterie de Diamou. Des jeunes sont touchés à Ségou, à Dougabougou, à Mopti, cependant que le reste du tableau se présente comme suit :

 

                                   Equipes Masculines                                Equipes Féminines

 

Bamako                               6                                                                    1

Sikasso                                            2                                                                    1

Markala                               1                                                                    -

 

Avec  l’abbé Fauvel, en 1972, un jociste et une jociste représentent le Mali au Congrès Panafricain de la JOC à Abidjan (« une JOC pour l’Afrique d’aujourd’hui »). Cette année aussi le passage du brésilien José, permanant de la JOC internationale, celui du Béninois Nestor, permanent  panafricain, ont beaucoup marqué les jocistes maliens.

 

C’est alors que la JOC du Mali remet en place ses anciennes structures de travail, qui restent aujourd’hui en vigueur : rencontres annuelles de formation des responsables, rassemblement annuel de l’ensemble des militants du Mali, thème programmé pour la compagne d’année. Après un premier essai (1972) provisoirement suspendu, une équipe nationale se constitue en 1978, à l’issue d’une rencontre entre dirigeants jocistes de l’Afrique de l’Ouest dont l’impact fut appréciable. Cette équipe commence par animer, en même temps que toutes les autres JOC africaines, une importante campagne d’année portant sur « Hygiène et santé ». Le bilan qui en fut tiré rassemblait 120 jocistes autour de Mgr Perrot et du Camerounais Jean-Pasch Keugne, permanent de la JOC panafricaine. Ce dernier, par ses passages répétés au Mali, a beaucoup contribué au progrès du mouvement.

 

Une autre campagne  remarquée a consisté dans une large enquête menée sur la « dot » dans l’ensemble du pays ; elle s’est traduite en deux dossiers présentés par les jocistes aux plus hautes instances politiques et religieuses du pays. A la session nationale de 1982, solidaire de cette campagne, deux femmes du bureau central de l’Union Nationale des Femmes du Mali apportèrent  leur contribution, plusieurs journaux consacrèrent des articles à la JOC malienne (l’Essor, Afrique Nouvelle, les revues de la JOC de France, d’Afrique du Sud, des Seychelles….le bulletin de la JOC internationale), sans parler de trois émissions sur les ondes de Radio-Mali.

 

Dans l’année où la JOC dépassait son trentième anniversaire, en 1983, le tirage du journal atteignait 1.200 exemplaires (plus de 100 vendus, le 1er mai en moins d’une heure, au meeting de la Bourse du Travail). Cette année même elle obtenait en superbe cadeau sa reconnaissance de « mouvement membre » de la JOC internationale, reconnaissance prononcée à l’unanimité par le Conseil du mouvement à Madrid.

 

Actuellement, la JOC conduit ses activités dans quinze villes du Mali : Bamako, Kati, Ségou, Markala, Dougabougou, Séribala, Niono, San, Mopti, Sikasso, Kayes, Mamloum, Manantali, et Kita. Elle comprend une vingtaine d’équipes masculines (100 militants) et vingt vins équipes féminines (200 militantes), mais le nombre de jeunes touchés par le mouvement est plus important.

 

Cette progression s’explique par l’ampleur des enquêtes  que mènent les jocistes auprès de leurs camarades, dans les milieux de travail et dans les quartiers, ainsi que par l’appui de la JOC, apporté dans plusieurs villes, au fonctionnement de centres  ménagers ou de cours d’alphabétisation qui intéressent des centaines de jeunes appartenant  à des milieux populaires.

 

Reste l’essentiel, qui inspire tant d’activités en leur donnant sens : la quête d’une foi profondément enracinée. Chaque année, la JOC organise des retraites séparées, de plusieurs jours, pour les chrétiens et pour les musulmans. Cette initiative date de 1980. Lors de chaque session, un long terme est réservé à l’échange spirituel. Tous les livrets et dossiers de campagne  d’année, présentent des textes religieux. Et nombreux sont les jocistes qui disent avoir découvert leur foi grâce à la JOC. Il n’est que de poursuivre ce mouvement, au service effectif d’un fraternel amour.

 

 

JEUNESSE AGRICOLE CROYANTE (J A C )

 

Les débuts de la JAC malienne sont étroitement solidaires de ceux de la JOC, à l’époque où Mgr Leclerc avait, en 1954, lancé un appel insistant en faveur des mouvements d’action catholique. Cet appel est réitéré par lui quatre ans plus tard :

 

Il a déjà été question de l’Action Catholique : j’Y reviens aujourd’hui…Cette circulaire est à prendre comme une directive de notre apostolat total. Je vous demande d’en faire l’objet de vos réflexions et d’une étude en commun par poste.

 

Je saisis l’occasion pour féliciter ceux d’entre vous qui, depuis quelques années, ont cherché et peiné pour implanter l’Action Catholique là où ils sont, et pas seulement en ville…

Je lance de nouveau un appel pour que tous s’intéressent à l’Action Catholique, s’y donnent, leur demandant de répercuter cet appel auprès des fidèles : j’ai confiance d’être entendu.

 

Premier temps (1957-1964)

 

Au congrès Jociste tenu à Bamako-Niaréla en 1957, de jeunes ruraux sont invités à participer. C’est au commencement de l’année suivante que deux équipes se mettent en place dans la paroisse de Kati (Dombila et N’Touban) cependant que le P. Bouteille à Ouéléssébougou, rassemble quelques jeunes en vue d’un mouvement  rural. La première session de militants jacistes a lieu à faladiè en avril 1958. En 1959, les groupements ruraux affiliés  à la JOc fondent officiellement la JAC, dont le P. Descours devient l’aumônier, en relation suivie avec l’abbé Banides (aumônier de l’Afrique de l’Ouest).

 

La vitalité du mouvement se manifeste sans tarder. Par exemple, on se rappelle une lettre ouverte signée au nom de la JAC malienne par Joseph Coulibaly, le 23 août 1959 et adressée au Ministre de l’économie Rurale et du Plan. Objet de cette lettre : la Divagation des troupeaux en saison sèche, et la nécessité de les garder tout au long de l’année. Le texte précise :

Nous sommes plus de 150 jeunes dans la JAC à travers tout le Soudan, qui depuis près de trois ans, essayons de faire comprendre dans nos villages que nous devons nous unir tous, sans distinction de race ni de religion pour changes nos routines. Et nous sommes prêts à travailler pour cela dans toutes les organisations du Gouvernement ou les organisations privées  qui peuvent nous aider.

A  Faladiè, la JAC crée une coopérative, qui va envoyer Alexandre Coulibaly se former en France. Ailleurs, il s’agit d’organiser un centre d’apprentissage agricole, ou des lieux de formation scolaire (ainsi à Jalakoro, Digan, Ouéléssébougou).

 

 

En 1961, Daniel Samaké  devient secrétaire permanent de la JAC du Mali ; son poste est pris en charge par le Mouvement International de la Jeunesse Agricole et Rurale Chrétienne (MIJARC). Une réunion nationale annuelle, t des rencontres panafricaines (Lourdes 1960, Bobo Dioulasso 1963) marquent les temps forts des échanges trimestriellement pratiquées par les équipes au sein de leurs paroisses. Ces échanges ne correspondent pas à des exercices verbaux, mais à des projets d’action tels que :

 

  • Faire cesser l’habitude de consommer la viande de bêtes crevées
  • Chercher des cimetières décents pour les chrétiens
  • Examiner à la lumière de l’évangile les coutumes relatives à l’éducation des enfants.
  • Etre partie prenante lors des enterrements, aussi bien ceux des chrétiens que les autres
  • Remettre en honneur, chez les chrétiens, le den kundi, vieille coutume d’imposition du nom.
  • Inciter les chrétiens des villages à ne pas bouder les conseils de notables, de manière que leur conduite puisse y être clairement expliquée, et que ces conseils soient bien informés des activités de la communauté chrétienne.

 

Latence (1965-1977)

 

              Suite à l’indépendance, l’encadrement politique de la jeunesse aboutit, dans les campagnes, à la création de groupements associés travaillant un champ collectif. La JAC arrête ses activités au Mali ; en 1965, la première génération des jacistes entre dans la Légion de Marie.

 

Nouveau départ

 

              Sous l’impulsion de l’abbé Michel Christol, la JAC renaît à Faladiè, comme œuvre d’Eglise, en 1977. Une quarantaine de jeunes suivent les cours INADES (institut Africain pour le Développement Economique et Social) régulièrement envoyés d’Abidjan.

              Dans un conseil presbytéral de l’année suivante (10-12 juillet), le P. Descours fait une communication sur la relance d’un mouvement de jeunes ruraux :

  • Un mouvement ? Il est préférable de ne pas prendre ce terme, mais de dire que, dans l’ensemble des chrétiens ruraux, nous nous adressons à la catégorie spécifique des jeunes pour lui donner toute sa place dans la paroisse, le diocèse et l’église du Mali. Nous nous adressons à tous les jeunes ruraux pour les aider à assainir, transformer et finalement christianiser leur vie et leur milieu.
  • Nous ne refusons pas la venue de non-chrétiens qui ont en commun avec nous une certaine vision de l’homme, et qui la rayonnent par leurs actes.
  • Nous les poussons à travailler avec les services officiels.

La conférence épiscopale du Mali lance alors un appel à la renaissance des mouvements d’action catholique.

              Depuis cette époque, avec le soutien du MIJARC, la JAC a de mieux en mieux précisé 38 raisons d’être et ses objectifs : c’est une éducation de la foi, un moyen de conscientisation du monde paysan, une formation spirituelle et sociale en vue de libérer le milieu rural des sujétions qui l’accablent, un lieu de rencontre et de collaboration fraternelle entre chrétiens et musulmans, un terreau de convivialité.

              Un journal (Bèn ka di) a vu le jour en 1980, pour assurer le lien –national et régional-des équipes jacistes maintenant présentes dans toutes les paroisses du diocèse de Bamako. Réunions, compagnes d’année et initiatives de services jalonnent la patiente existence des jacistes maliens.

 

COMMUNAUTE DES ETUDIANTS CROYANTS (CEC)

 

              A ses débuts, ce mouvement s’appelait « JEC » (Jeunesse Etudiante Chrétienne). Comme dans le cas de « JOC » et « JAC », il a paru que l’Eglise malienne ne pouvait se borner à favoriser le dynamisme de ses seuls baptisés, mais devait tenir compte des autres croyants désirant cheminer avec eux dans l’approfondissement de leurs convictions et le service des autres. D’où l’intitulé « CEC » adopté au Mali.

Voici une brève chronique de l’itinéraire poursuivi au travers des années scolaires

 

1955-56 Des cours religieux sont donnés aux étudiants dans les établissements scolaires. Des équipes se forment ici et là, mais les jeunes n’assument guère de responsabilité personnelle au sein de leur milieu.

 

1957-58 La naissance de la JEC est aidée par les PP. Discours et Chardin : 40 garçons adhèrent au mouvement, et constituent quatre équipes, mais la plupart sont des étrangers élèves des Travaux Publics. Telle quelle,  la JEC participe en juillet au congrès de Dakar, la délégation du Mali se compose d’un aumônier, trois garçons et une fille.

 

1958-59 Démarrage d’année difficile, étant le départ de l’aumônier. Cependant, le mouvement s’étend à tous les établissements de Bamako, à l’exception du Lycée Technique. Dès novembre est créé le premier comité JEC, sous les présidences de Matthieu Koffi, élève ivoirien des T.P.

              Avec l’arrivée de l’abbé BOLMONT en 1959, les cours de religion et les réunions jécistes se feront régulièrement tout au long de l’année. Six équipes fonctionnent, et le bureau du Comité est renouvelé : Bernard Ayékouni, Bahomèen, en devient le président. L’abbé BOLMONT prend en charge la JEC féminine (JECF, pratiquement inexistante jusqu’à ce que, cette année, ait eu lieu une session de formation présidée par le chanoine PRELOT et suivie par 25 filles.

 

1960-61 La campagne d’année porte sur les « relations jeunes gens /jeunes filles.

1961-62 Le travail de groupe, à l’intérieur des établissements, devient difficile. On insiste alors sur la formation personnelle de militants.

1962-63 Nomination d’un nouveau président, Bernardin VIOU, et départ (en mars) de l’Abbé BOLMONT qui est remplacé par l’Abbé HARDY.

              Le mouvement compte à présent 150 militants, il se fait représenter à la rencontre de Yaoundé.

              Récollections et veillées se multiplient.

              Première publication de la Feuille de liaison et de travail, ancêtre du journal actuel Kora. A partir de cette année, la CEC, déjà reliée à la JEC Panafricaine (Bureau d’Abidjan), demande son rattachement à la JEC internationale moyennant le versement d’une cotisation.

 

1964- Alors qu’en 1957-58, on comptait sur les doigts les chrétiennes scolarisées dans le secondaire, la feuille de liaison indique maintenant un effectif de 47 filles jécistes. A cette époque, on estime à mille le nombre des écolières de l’enseignement secondaire au Mali N-D du Niger, 50 au Lycée Askia, le reste se répartit entre Markala et à raison de quelques unités –Ségou, Sikasso.

 

1965-66 Départ de l’Abbé Hardy, et arrivée de Pierre Butaud.

              Nouveau responsable national : Zacharie ZERBO. Dans l’équipe du comité de liaison qui l’entoure, présence de deux étudiantes : Jeanne-Marie TRAORE et Clémentine KONDE.

 

1966 Malgré certaines inerties de responsables, d’équipe, la CEC est bien au rendez-vous des mouvements à Abidjan, représentée par cinq délégués accompagnés de l’abbé David TRAORE.

 

1967-68 Thème de la campagne d’année : « Réussir, c’est servir ».

              Zacharie ZERBO laisse la place de responsable national à Charles DANIOKO.

              Au mois d’août 1968, un rapport national est préparé en vue de la troisième session de la commission JEC d’Afrique de l’Ouest. Dans la partie négative du bilan : difficultés pour se réunir à cause de l’extrême dispersion du monde scolaire à travers Bamako, insuffisance des moyens d’information, manque de formation des responsables. Au positif : activités d’alphabétisation, aide des étudiants Bamakois aux sinistrés de la grande crue du Niger.

 

1968-69 Thème de la campagne d’année : «  Réussir ta vie et construire le monde ».

              Dans le rapport de fin d’année des filles de Kayes, on relève ceci : « La révision de vie est difficile au début. Les filles ont des difficultés à parler. Certaines n’ont pas ouvert la bouche de toute l’année. Nous avons cependant été fidèles aux réunions jusqu’au bout. »

 

1970-71 Lancement du nouveau journal de la CEC, Echos de la savane.

              Dans le n°2 du journal (décembre 1970), on note « Je viens vous faire part, au nom des jeunes de Kita, de l’inauguration de notre salle, le 2 janvier 1971 ».

Autres nouvelles : A Sikasso, les équipes du cours normal privé, ainsi que celles de l’IPEG enregistrent une forte participation d’étudiants et étudiantes musulmans. A Koutiala et à Kadiolo, les équipes sont en pleine action. A Ségou, la mise en route a été lente, mais à Niono l’année a démarré avec trois équipes. A Bamako, des équipes fonctionnent dans les différents lycées de la ville.

 

1972 Du 18 au 22 septembre, au lycée Prosper-KAMARA, a lieu la sixième grande session nationale de la CEC. Tous les diocèses sont représentés à cette assemblées dont les travaux portent sur « les mutations du monde moderne, et leurs répercussions en Afrique et au Mali ».

 

1973 Année de rassemblements diocésains :

  • En mars Ségou regroupe trente-cinq cécistes venant de kolongo (5), de Markala (7), de Niono (11), de Ségou (12).
  • Les 24 et 25 mai à Sanzana, c’est le tour du diocèse de Sikasso.
  • En décembre, les cécistes du diocèse de Kayes se retrouvent à Kita (Kakoulou, Kasama, Kayes, Kita).

 

1975, 1976, 1977

              Le journal Echos de la savane change de titre et devient Kora (CEC-Mali).

              Le CEC mène un certain nombre d’enquêtes sur le monde scolaire.

              Le P. Pierre Faillie assure l’aumônerie du mouvement à Bamako, où les équipes lycéennes poursuivent leurs activités, mais où l’on compte seulement deux groupes dans l’enseignement fondamental : un au Badialan, l’autre à Lafiabougou. Dans les autres diocèses, voici la situation : sept équipes pour Kayes, quatre pour Sikasso, cinq pour Ségou, trois pour San, trois pour Mopti.

 

1979 Une sérieuse crise scolaire affecte l’ensemble du pays, où peut estimer à 600 le nombre des cécistes. C’est un grain de sénevé parmi les 45.000 jeunes du second cycle fondamental et les 10.000 lycéens, sans oublier qu’à cette époque, la CEC n’atteint pas les étudiants des grandes écoles, qui approchent les 5.000.

 

1980-81 La rentrée scolaire est marquée par de sévères mesures, dont la fermeture de trois  établissements. La régionalisation tardive des lycées, ainsi que la révision du mode d’attribution des bourses et allocations scolaires ne semblent pas résoudre dans l’immédiat les problèmes étudiants. Tous s’interrogent : élèves, étudiants, personnel enseignant…

              La CEC poursuit sa réflexion et son action. Le P. Joseph Vanrenterghem en assure l’aumônerie, aidé par la Sœur Adoration.

 

1981  Les évêques du Mali adressent à tous les jeunes de bonne volonté un message d’espérance.

 

1982-1983

              Effort porté sur la formation des chrétiens cécistes, à partir de revues et de fiches adaptées à l’Enseignement Supérieur.

              La CEC est représentée au neuvième conseil international de la JEC en 1982, à Montréal (Canada). Ce conseil insiste sur la priorité à donner aux plus pauvres.

              Au bureau national, les réunions se font de plus en plus rares. Une rencontre avec le P. coulée (mars 1983), aumônier panafricain, redonne confiance au groupe, mais la vie des équipes connaît bien des difficultés.

              On examine la nécessité de créer des statuts pour la CEC.

              En juillet 1983, Vincent Togo et Zacharia BENGALY participent aux assises de la JEC burkinabè.

1983-84 au début de l’année, concertation entre bureau national et bureau diocésain (P.Joseph, Barthélemy, André DEMBELE, Théodore, Sr ADORARION, Olivier, Jacques, vincent, Zacharia, Sr Dorothée Samaké). A l’ordre du jour de cette réunion : la question de la relance des mouvements dans les établissements d’enseignement. On envisage de rencontrer JOC et Amis de Kisito.

              Un conseil national est envisagé pour juillet 1984, à Sikasso. Il a finalement lieu à Bamako-Sébéninkoro. Cette session, insuffisamment préparée, tourne court : malgré la consigne de l’évêque chargé du mouvement, le bureau national prend des initiatives qui dépassent ses prérogatives. D’où, en octobre 1984, décision de la conférence épiscopale de ne plus reconnaître le bureau national de la CEC.

 

1984-85  La coordination du mouvement est provisoirement assurée par l’équipe de Ségou, avec l’Abbé Michel Gaudiche. En avril 1985, se met en place un nouveau national, composé de quatre membres : Charles Diarra (ENI) président, André Déna (ENSUP) secrétaire, Paula SANGARE (Cours Jeanne-D’Arc) trésorière, Michel Fara  (ENA) chargé de presse.

              Naissance d’une première équipe CEC-U au Badialan, avec le P. Cavrois.

              Les équipes CEC et CEC-U se multiplient.

En juillet 1985, se tient à Sikasso une session nationale qui rassemble plus de 45 délégués de tous les diocèses. Lors de cette assemblée, le nouveau bureau national est reconnu officiellement par l’ensemble des équipes.

 

1985-86  En octobre, l’abbé M.  Gaudiche vient à Bamako, pour assurer l’aumônerie de la CEC

Ce même mois, le nouveau bureau national, dont le rythme de réunion est thème de la campagne d’année « L’argent ».

 

1986-87 Tous les diocèses et toutes les équipes sont mobilisés pour préparer, en vue de l’année prochaine, un important rassemblement national de la CEC.

              Thème de la campagne d’année : « Pour un monde plus juste ».

 

1987  A San, les 3, 4 et 5 juillet, festival de la CEC. Plus de 350 cécistes sont là, venus de tous les diocèses. Pendant deux jours et demi, les participants partagent leurs découvertes, leur amitié, leur  joie. Lazare Brou est venu représenter le conseil panafricain de la JEC. On peut dire que SAN 87 a marqué, pour la CEC, l’avènement d’un nouveau et prometteur dynamisme.

 

AMIS DE KISITO (AK)

 

              Quand il devient curé de la cathédrale en 1952, le P. Laridan, formé lui-même par la JOC, pense utile de lancer un mouvement d’action catholique de l’enfance qui prépare les benjamins à s’engager plus tard dans des formations chrétiennes militantes. Il répondait en cela aux consignes pressantes données par Mgr Leclerc. Au journal Officiel du Soudan Français (n°1257 du 15 juillet 1954), on peut lire que le projet a pris forme comme association d’éducation parascolaire des enfants, intitulée « Mouvement œuvres Vaillants –Ames Vaillantes » (CV-AV).

 

              Un Cœur Vaillant, on le sait, est un jeune chrétien qui a pour règle de conduite la joie. La Vaillance,  la charité -Fort bien ! Mais, dès le départ, intervient ici la présence d’enfants non chrétiens dans le mouvement, et le P. Laridan entre en pourparler avec le siège central (Rue de Fleurus, à Paris) afin de faire admettre un insigne AV/CV ne comportant pas de croix qui puisse heurter d’autres convictions que celles des fidèles de Jésus Christ.

             

              Le mouvement se développe d’abord autour de l’école de garçons de la Cathédrale, et de l’école de filles chez les Sœurs Blanches de « Poste » Mais les activités sont menées dans les quartiers, les réunions de formations ayant lieu à la Cathédrale. L’objectif est de faire accéder les enfants à une éducation complète dans les domaines de la foi, de la vie familiale et sociale, de la culture physique, à travers les jeux, le sport, le travail manuel. D’où les sorties du jeudi, et les colonies de vacances qui groupèrent de 50 à 75 enfants à Markala en 1957, Toukoto en 1959.

 

              Bientôt, les CV-AV essaiment hors de Bamako, à Kati, Goualala, Ouélésébougou, Béléko, Ségou, Kayes. Son président, l’abbé Luc Sangaré, alors directeur de l’enseignement privé, est grandement aidé par Paul Coulibaly , secrétaire paroissial et militant jociste, par Sœur Thérèse Kamara, par Jean –Mari Barou, instituteur, et quelques dirigeants dont certains l’accompagnèrent en 1957 au séminaire de formation de Dakar : là résidait Joseph Comte, secrétaire permanent du bureau fédéral CV, qui maintenait le contact avec les responsables et aumôniers dans tous les pays africains où le mouvement avait pris racine.

              Oeurs Vaillants et Ames Vaillantes durent s’effacer, en 1960, devant la création d’une jeunesse unique et des Pionniers.

 

              Plus tard, en 1970, le P. Giacon sera à l’origine des Amis de Kisito, formation qui a pris le relais du mouvement éteint. En 1988, le diocèse de Bamako compte 450 Amis de Kisito, encadrés par un aumônier, six Sœurs conseillères et une soixantaine d’accompagnanteurs. Ces enfants sont répartis en 32 équipes, dont vingt-cinq pour Bamako (7 à Badalabougou, 2 à Badialan, 2 à Base, 2 au centre, 4 à Djikoroni, 2 à Korofina, 2 à Lafiabougou, 2 à Misira, 2 à San-Fil Niaréla, deux à faladiè, une à Goualala, deux à Kati et deux à Ouéléségougou.

 

LEGION DE MARIE

 

              A Dublin ? le 7 septembre 1921, sur l’initiative de Frank Duff, jeune fonctionnaire du Ministre des finances, une quinzaine de personnes se réunissent pour chercher ensemble une forme d’apostolat. Tous invoquent l’Esprit-Saint et récitent le chapelet, puis décident de visiter deux par deux, à l’exemple des apôtres, des malades hospitalisés. Ils expriment aussi le désir de se retrouver chaque semaine.

 

              La Légion de Marie vient de naître, avec ses caractéristiques : prière en commun, travail apostolique bien déterminé, réunion hebdomadaire. Animée d’une grande confiance en l’action de Marie pour l’évangélisation, cette forme d’engagement s’étend maintenant aux continents du monde.

 

Organisation d’ensemble

 

              Mouvement international, la Légion de Marie s’est dotée d’un nom et d’articulations empruntés au monde romain, symbole d’ambition universelle et de ferme structure.

 

              L’élément de base de la Légion est le praesiduim,  petit groupe de 4 à 20 personnes qui prend l’initiative de ses travaux apostoliques, compte tenu des directives de son évêque et du responsable paroissial. Ses membres s’obligent à participer régulièrement à la réunion hebdomadaire, faite de prière et de formation spirituelle ; ils s’obligent aussi à accomplir une tâche apostolique précise, pour laquelle ils sont mandatés par le praesidium et dont ils rendent compte d’une réunion à l’autre.

 

              Les groupes d’un même district sont rattachés à un conseil appelé curia.

             

              Tout catholique pratiquant peut devenir membre actif de la Légion, à la condition d’être animé de son esprit, d’accepter ses obligations et de mener une vie de prière unie à celle de la vierge Marie. En outre, chaque praesidium cherche à s’entourer de membres auxiliaires qui le soutiennent par leur prière ; réunions et conférences sont proposées à ces auxiliaires, afin de les associer aux richesses spirituelles et à la vie de la Légion de Marie.

 

« Allez au monde entier »

 

              L’apostolat des « légionnaires » peut être très divers, pourvu qu’il implique des contacts personnels. Par exemple. ce sont surtout des visites à domiciles, (maladies, personnes âgées ou isolées, nouveaux habitants d’un immeuble ou d’un quartier…), mais aussi : préparation de missions paroissiales, catéchisme dans le paroisse ou à domicile, action auprès d’immigrés (alphabétisation…), visites des prisonniers et de leur famille, action dans les milieux de la drogué et de la prostitution, prière communautaire du dimanche en l’absence d’un prêtre, etc.

 

              Au Mali, la Légion de Marie a été fondée à Kati et Bamako en mai 1955. Elle a donc pu célébrer son jubilé d’argent à l’occasion de sa réunion générale annuelle de 1980. En 1988, sa présence dans le diocèse de Bamako correspond à une curia, elle-même composée de dix-sept prasidia ainsi répartis :

 

              Ce mouvement mondial opère dans plus de 1.900 diocèses. Il compte plus d’un million de membres actifs, et une dizaine de millions de membres auxiliaire. Nombre d’entre eux sont morts martyrs, notamment en Chine et dans le pays d’au-delà du rideau de fer. Comme on le sait « martyr » signifie « témoin » la promesse de servir dans la Légion de Marie engage l’existence à témoigner de l’amour de Dieu jusqu’au don total d’elle-même, comme il en fut de la mère de Jésus.

 

ORGANISATION NATIONALE DES FEMMES CATHOLIQUES DU MALI(ONFCM)

 

              Avec l’encouragement et l’appui de Mgr Luc Sangaré, plusieurs déléguées maliennes ont participé aux réunions que l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC) avaient organisées en 1973 à Abidjan, et en 1984 à Onitsha (Nigeria).

             

              Au cours de rencontres entre chrétiennes de l’archidiocèse, l’idée se fit jour, peu à peu, d’une section malienne de l’UMOFC. Quelques une d’entre elles ont présenté ce projet à une nombreuse assistance féminine qui participait à la messe du dernier dimanche d’août 1987, présidée par Mgr Sangaré. Le 10 octobre suivant, une délégation du bureau provisoire de l’ONFCM soumet à la conférence épiscopale malienne le désir de fonder une organisation nationale des femmes catholiques, et les évêques donnent leur accord de principe.

 

              Le sens de cette initiative est expliqué par les intéressées :

             

              Nous ne voulons rien supprimer des activités féminines déjà existantes ; au contraire, nous voulons consolider et coordonner tout ce qui existe déjà, en cherchant à la dynamiser et à l’adapter aux réalités maliennes.

              Nous voulons mieux nous connaître pour mieux nous entraider.

              Nous voulons surtout essayer de regarder dans la même direction : vers Marie, la mère de Jésus.

   Nous aspirons à une formation chrétienne plus poussée des femmes catholiques.

              Nous voulons nous organiser pour mieux vivre nos engagements de baptisées.

 

Un bureau provisoire a été constitué, où deux religieuses jouent le rôle de conseillères ; chaque communauté paroissiale y est représentée par deux déléguées. Ce bureau a réparti son travail en plusieurs commissions, chargées de structurer le mouvement, de le faire connaître et de déterminer les modalités de son action.

 

              Les 12 et 13 décembre 1987, une retraite communautaire a réuni à Niamana, près de la capitale, plus de 170 femmes catholiques de Bamako. A la même époque des retraites similaires avaient lieu dans d’autres diocèses du Mali, cependant que, pour l’ouverture du centenaire de l’Eglise malienne, L’ONFCM présentait une émission radiotélévisée. Un thème de réflexion a été proposé, cette année, aux chrétiennes de tous les diocèses : l’éducation des enfants. Le résultat de ces travaux fera, lui aussi, l’objet d’une diffusion nationale.

 

              Voilà comment la jeune ONFCM est partie pour un long et passionnant voyage !

 

 

  LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

 

              Sous ce titre ne sont pas pris en compte les trois séminaires Notre-Dame de la présentation, Pie-XII et Saint-Augustin, parce que ces institutions ne poursuivent pas seulement un objectif scolaire, et que, de ce fait, elles ressortissent à un autre chapitre de la présente chronique.

 

              Cela dit, les écoles de l’archidiocèse de Bamako groupent en 1987-88 un effectif global de 6.195 élèves, dont 1.388 catholiques (soit 22,4%). Au jardin d’enfants « Source vive », qui rassemble 361 Bambins, 41 sont déclarés de religion catholique (soit 11,35%).

Ces chiffres montrent d’emblée que les écoles « catholiques » ne sont pas réservées à une clientèle confessionnelle, mais se veulent une œuvre sociale d’Eglise insérée dans le réseau éducatif national au profit des enfants, quelles que soient leurs tenaces religieuses.

 

Voici, par ordre d’enseignement, la liste des quinze établissements concernés :

 

Education préscolaire

                        Le jardin d’enfants « Source vive » (Bamako)

Enseignement fondamental

Premier cycle complet                 Le jardin d’enfants « Source vive » (Bamako)

                                                           Kati Groupe B

                                                           Goualala

                                                           Second cycle unique                    Cours Notre-Dame du Niger (Bamako)

                                                           Premier et second cycles                                                                       « Cathédrale » (Bamako)

                                                           Ecole Prosper-Kamara (Bamako)

                                                           Kati Groupe A

                                                           Saint-Jean-Bosco (Faladiè)

                                                           Ouélésébougou

                                                           Bougouni

Enseignement secondaire général

                                                           Lycée Notre-Dame du Niger (Bamako)

                                                           Lycée Prosper-Kamara (Bamako)

Enseignement technique et professionnel

                                                           Cours Jeanne d’Arc (Bamako)

                                                           Centre Père-Michel de Niaréla (Bamako)

Personnel enseignant

 

              Avec une majorité d’enseignants catholique, ce personnel comprend des agents de religion protestante ou musulmane ou traditionnelle ; à présent, le recrutement d’un maître implique nécessairement que celui-ci ait fréquenté une école normale (secondaire ou supérieure) et obtenu la qualification adéquate. Conformément aux critères établis par l’Etat, tous sont classés dans les catégories, et les fonctionnaires en position de détachement. Par exemple, pour l’enseignement dans les lycées, la direction diocèsaine ne dispose pas en nombre suffisant d’un personnel qui lui soit propre ; l’Etat y supplée en accordant, avec le service de ses agents, une aide qui équivaut à 70% du personnel nécessaire.

 

Ressources

 

              Le financement du fonctionnement provient de deux sources :

 

  1. Participation de l’Etat malien, qui d’une part, subventionne à raison de 80% la somme des salaires versés aux maîtres et professeurs, et accorde, d’autre part, des bourses aux élèves orientés dans les lycées ;
  2. Participation des parents. Ceux-ci versent des frais de scolarité qui, théoriquement doivent couvrir les dépenses non prises par le Gouvernement (convention du 8 août 1972, article 25)

 

Histoire des établissements scolaires bamakois

 

Ecole Sainte-Thérése

 

              Ouverte en 1930, l’école était située à l’emplacement de l’actuel jardin d’enfants « Source vive », qui lui était alors rattaché sous l’appellation « Cours Préparatoire  Zéro » (CPO). Seule école catholique de Bamako, elle était mixte, mais étant donné l’augmentation progressive des effectifs, l’établissement fut scindé en deux écoles à partir de la rentrée 1953-1954 : « Cathédrale », école de garçon, et «  Fleuve », école de filles.

 

              En 1956-57, l’école du Fleuve prolonge son enseignement primaire par celui des quatre classes de l’ancien premier cycle secondaire (soit, à cette époque, le classes de 6e, 5e, 4e, 3e,). Mais, dès l’année suivante, ce premier cycle secondaire est transféré dans l’actuel bâtiment du Lycée Notre-Dame du Niger, où il est dénommé Cours Notre-Dame du Niger.

 

              A l’heure actuelle, l’école du Fleuve assure le premier cycle fondamental (le second cycle ayant émigré à Notre-Dame du Niger), cependant que l’école Cathédrale dispense depuis octobre 1977 les enseignements des deux cycles de l’école fondamentale.

 

Notre-Dame du Niger

 

              Créée par décision LAS n°3561 du 23 septembre 1959, cette école secondaire est confiée aux Sœurs Blanches. Se met en place un premier cycle, qui provisoirement installé au Fleuve, s’établit dans ses propres locaux à compter de 1957. En 1959, l’école passe sous la direction des Sœurs de Sainte Clotilde. Il faut attendre 1962 pour que Notre-Dame du Niger devienne officiellement un « lycée », avec l’ouverture de la classe de 10e, à la rentrée 1962-63. Depuis 1965, les cours d’un enseignement secondaire général fonctionnent dans leur intégralité.

 

              En septembre 1978, création de deux directions :

  • Direction de l’enseignement fondamental (second cycle), confiée aux Sœurs de la Charité de Saint Louis, venues depuis 1970 seconder les Sœurs de Sainte Clotilde (c’est le Cours Notre-Dame du Niger, qui fait suite au premier cycle fondamental assuré au Fleuve).
  • Direction du Lycée, prise en charge par un Malien, M. Jean –Martin Togo.

              A partir de cette même année 1978, deux facteurs viennent modifier les conditions dans lesquelles fonctionne l’établissement. C’est d’abord de fait qu’on supprimé l’internat : les dortoirs ainsi libérés de leurs pensionnaires sont transformés en nouvelles salles de classe. En second lieu, intervient désormais une « régionalisation » des lycées, ce qui réduira le nombre des élèves chrétiennes.

 

              En 1985, une nouvelle direction succède à la précédente.

             

Pour l’année 1987-88, le lycée Notre-Dame du Niger groupe 156 élèves dans ses onze classes. Cet effectif est encadré par 47 enseignements (Dont 35 fonctionnaires de l’Etat malien) qui s’efforcent, avec cœur, de contribuer à la formation intellectuelle et morale des jeunes filles dont les promotions se succèdent chaque année.

 

Le groupe scolaire Prosper-Kamara

 

              C’est au prix de beaucoup d’efforts et d’une longue patience que cet établissement a vu le jour, et groupe aujourd’hui, à Hamdallaye, un lycée, une école et le moyen séminaire Pie-XII.

 

En octobre 1957, le départ est donné par le P. Bruno Michel, qui commence une classe de sixième dans les locaux de son centre professionnel à Niaréla. Pour que ce début ait une suite, il lui fallait de l’espace et de l’air : malgré fourrés de rocailles, la colline de Hamdallaye fut alors choisie pour l’implantation d’une école secondaire.

Dans le mois d’octobre 1958, le séminaire de Bamako (qui reçut son nom de Pie-XII au mois de février suivant) ouvre ses portes, sans toit, sans eau, sans électricité, mais avec foi. Il accueille une centaine de collégiens.

 

Octobre 1959 : 180 élèves. Il faut se serrer et construire n hâte deux classes préfabriquées.

 

Octobre 1960 : 210 élèves. Le dortoir et les réfectoires servent de classes, mais les locaux du séminaire arrivent au point de saturation.

 

Mars 1961. Les fondations du collège sont en place. En juin, les parents d’élèves sont invités à la distribution des prix sur ce nouvel emplacement. L’orateur de circonstance ose affirmer : « Nous sommes résolument optimistes, en octobre les collégiens seront chez eux ».

 

Octobre 1961. Le rez-de-chaussée du bâtiment est terminé et occupé. Les élèves vont travailler toute l’année au rythme de la grue et de la bétonnière.

Effectif : 270 élèves et …100 ouvriers !

 

1962. C’est la récompense de tant d’efforts.

Au mois d’octobre, 340 élèves sont admis dans des locaux débarrassés des engins et machines. L’internat est ouvert, et les cuisines fonctionnent.

Le 8 novembre, les Ministre de l’Education Nationale autorise l’établissement à porter le nom de Cours secondaire Prosper-Kamara, pour « honorer la mémoire de l’aîné du clergé malien qui incarna les vertus mêmes de son sacerdoce, et de l’enfant du pays qui concrétisa, durant sa vie, la sagesse africaine ».

 

En 1963, le Ministre de l’Education Nationale accorde au « Cours secondaire Prosper-Kamara » le titre de Lycée Prosper-Kamara. Depuis lors, l’équipe des formateurs s’efforce d’accomplir quotidiennement dans ce « lycée » la mission éducatrice que l’Eglise  lui a  assignée. Particulièrement responsables d’une telle mission, les huit proviseurs qui, à ce jour, se sont succédés, méritent que leurs noms soient ici mentionnés : P. Joseph MAINDRON (1962-1964), P. Gustave NICOLEAU (1964-1969) P. Louis DAUVERGNE (1969-1972), Abbé Jean Marie CISSE, (1972-1976), M. Stanislas-Kostka DIARRA (1978-1985), Mr Joseph SISSOKO (depuis 1985)

 

1969, le second cycle fondamental bénéficie d’une construction, qui permet de bien séparer les deux ordres d’enseignement : école et lycée.

Octobre 1977, Avec l’ouverture  d’un 1er cycle fondamental, l’école Prosper-Kamara, comporte désormais un enseignement fondamental complet.

 

Cours Jeanne D’Arc

 

Dès 1952, la directrice de l’Ecole Sainte-Thérése, préoccupée de donner une formation complémentaire à celles qui ne pouvaient poursuivre de longues études, ouvrit une classe de technique n’existait pour les filles, et cela paraissait une lacune à combler d’urgence si l’on voulait œuvrer à la promotion féminine.

 

L’idée fil peu à peu son chemin. Quelques élèves s’exercèrent sur de vieilles machines à écrire…

 

              Une question, cependant, se posa vite : quelle formation choisir ? –il sembla que la formation ménagère était de première nécessité, d’où la décision de proposer une préparation aux Certificats d’Aptitude Professionnelle (CAP) d’arts ménagers et de couture. Sœur Roberte en fut l’instigatrice. On dut établir des programmes adaptés, et les présenter au Ministère de l’Education. Les premiers CAP furent obtenus en 1961, mais il fallut du temps pour faire admettre aux familles le bien-fondé de cette formation. Au terme de l’année de perfectionnement, beaucoup d’élèves essayaient de se présenter aux  concours ouvrant l’accès à d’autres écoles : école d’infirmières, etc.

 

              Le Cours Jeanne-d’Arc naquit petitement. Il s’installa d’abord à Bamako-Koura, dans la maison actuellement occupée par Bar-Mali. Puis un bâtiment fut construit derrière la grande poste, avec des salles bien équipées pour les différentes activités de l’école : couture, cuisine, repassage… Et l’on vit même le Cours Jeanne-d’Arc organiser des défilés de mode !

 

              Entre 1961 et 1967, quinze élèves devinrent titulaires du CAP « Arts ménagers », et une obtint le CAP « Couture ». Restait cependant un important problème : celui de l’emploi. Pareille formation donnait, en effet, aux jeunes filles et femmes un enrichissement personnel évident, et une réelle possibilité d’améliorer leur vie familiale, mais pas un métier rémunéré auquel elles pouvaient aspirer. A cette époque, il ne leur fut proposé que des emplois d’institutrice, ou de monitrice de jardin, d’enfants, ce qui ne correspondait pas du tout à la formation reçue.

 

Soucieuse d’assurer de meilleurs débouchés professionnels, l’école s’orienta dès lors vers la formation au secrétariat et à la comptabilité. Sœur Roberta passa la main à sœur Pierre d’Antioche. La nouvelle option était judicieuse, puisqu’elle détermina un essor, avec augmentation significative du nombre des élèves. Sœur Henriette prit la relève en 1969. Passé de 50 à 75 puis à 100, l’effectif des élèves excède aujourd’hui 200 inscrites.

 

Si l’on veut donner un bilan général, disons qu’entre 1952 et 1985 un total de 1805 élèves ont été inscrites au Cours Jeanne-d’Arc. 1376 d’entre elles ont suivi la formation complète, dont 844 ont obtenu un CAP. Jusqu’en 1984, celles-ci étaient pratiquement assurées d’un emploi, et beaucoup se sont vu proposer un poste de confiance. Depuis 1984, la situation est moins favorable, mais la formation reçue ouvre un certain nombre de portes : au moins 75% des élèves sorties dans ces trois dernières années ont trouvé un emploi, ce qui est très encourageant.

 

              L’objectif fondamental de l’école demeure invariable : œuvrer à la promotion féminine. Dans le monde du travail, la femme a une place importante à tenir …

 

Centre Père-Michel

 

              La fondation et l’esprit de ce Centre professionnel, inauguré en 1956, est inséparable du P. Bruno Michel (voir notice p. 65), qui l’a construit à Niaréla et dirigé avec un charisme exceptionnel pendant une vingtaine d’années. C’est pourquoi le Centre porte aujourd’hui son nom.

 

En 1977, lorsque le P. Michel partit à Niamey pour y ouvrir un nouveau Centre, il fut remplacé par le P. Jacques AVISSE, aidé par d’autres PP. Blancs qui se sont succédés dans la tâche de surveillance générale. La tâche n’était pas facile, ni du point de vue matériel, ni du point de vue pédagogique : ce fut l’époque d’une fameuse grève des étudiants maliens. Avec une aide directe de la coopération technique suisse, le P. AVISSE a pu réaliser las construction de quatre ateliers (de 240m2 chacun) et de deux bâtiments aménagés en salles de technologie et en bureaux. Ce gros investissement, dont l’utilisation apporta pleine satisfaction au bailleur de fonds, fut accompagné d’une dotation en outillage et en mobilier. Pareille extension a permis un net progrès dans la qualité de l’enseignement technique.

 

La Congrégation salésienne a pris la relève des PP. Blancs depuis septembre 1985, suite à un appel de Mgr SANGARE, en accord avec toutes les parties intéressées, demandait aux Salésiens d’assumer la direction et la gestion de l’école. Ainsi, 28 ans après sa fondation, une nouvelle équipe composée de deux Pères et d’un Frère  prend en charge son fonctionnement.

 

Les Salésiens ont apprécié, dès le départ, le bon esprit qui caractérisait ce Centre, et l’importance accordée à la formation intégrale du jeune (qualité qui a toujours distingué les élèves sortant de l’établissement). Leur premier  souci fut d’entretenir la flamme

 

La congrégation salésienne a pris la relève des PP Blancs depuis septembre 1985, suite à un appel de Mgr SANGARE qui en accord avec toutes les parties intéressées, demandait aux Salésiens d’assumer la direction et la gestion de l’école. Ainsi, 28 ans après sa fondation, une nouvelle équipe composée de deux Pères et d’un frère prend en charge son fonctionnement.

 

              Les Salésiens ont apprécié, dès le départ, le bon esprit qui caractérisait ce Centre, et l’importance accordée à la formation intégrale du jeune (qualité qui a toujours distingué les élèves sortant de l’établissement). Leur premier souci fut d’entretenir la flamme, avec la collaboration du corps professoral en place.

 

Après une étude des moyens disponibles, ils constatent que les locaux de classes et d’ateliers sont susceptibles d’une meilleure utilisation. D’où une réorganisation dans l’emploi du temps et dans la distribution des salles, en même temps qu’une modification du système de recrutement. Ces changements permettaient d’envisager, à moyen terme, un effectif de 300 élèves, à raison de 100 par classe et de 25 dans chaque spécialité.

 

              A présent, la population écolière comprend 260 jeunes. Corrélativement, le nombre des professeurs atteint 19 (sans compter le personnel de direction, d’administration et de surveillance générale). Bien entendu, l’augmentation des effectifs impose un supplément d’investissements qui, ajouté aux frais d’entretien et de renouvellement du matériel, dépasse les possibilités économiques du Centre. Des aides extérieures sont sollicitées à cet effet. L’année scolaire 1986-87 a été marquée par le trentième anniversaire du Centre, et par l’hommage que mérite son fondateur : son nom est alors donné à l’établissement, et son souvenir marquer par un monument qui rappelle à tous sa mémoire.

LE CENTRE DJOLIBA

 

              Créé le 5 janvier 1964 par l’abbé David Traoré, ce centre aura bientôt vingt-cinq ans d’existence. Son nom reprend l’appellation bambara du fleuve Niger : « sang abondant » qui nourrit… D’abord établi auprès d’un service « Librairie Djoliba » (dont le P. de Benoist assurait la direction en 1962), il demeura vite seul dans les locaux de la « cathédrale » alors construits pour ce service, puisque qu’en mai 1965 une loi sur le commerce rendait impossible la vente des livres par un organisme privé.

 

              Au lendemain de l’indépendance nationale, Djoliba entendait contribuer à l’information et à la formation intellectuelle de l’homme malien, dans la ligne des recommandations de la conférence d’Abéba en mai 1961. Schématisées à l’extrême, les options fondamentales qui sous-tendent les activités du Centre s’expriment dans trois mots-clés : développement, rencontre, dialogue.

 

Développement

 

              Le Centre Djoliba vit en situation recherche avec ceux et celles qui agissent pour un progrès global et participé. Si un tel progrès ne va pas sans transformation des mentalités, celle-ci ne peut évidement venir que d’hommes et de femmes décidés à la réfléchir pour la promouvoir.

 

Rencontre

 

              Le Centre Djoliba se veut lieu de contact, de réflexion commune autour des problèmes concrets du tiers, particulièrement de l’Afrique et du Mali. Il favorise les relations entre personnes de professions diverses, de responsabilités variées, d’origines différentes, les mettant à même de confronter leurs vues et d’élargir leurs horizons.

 

Dialogue

              Le Centre Djoliba est ouvert à tous et toutes, adultes et jeunes intéressés au progrès de leur pays, dans la perspective d’un « développement de tout l’homme et  de tous les hommes » (cf. Paul VI dans Populorum progressio, 26 mai 1967), ce qui suppose un effort lucide pour dépasser les particularismes négateurs de communauté humaine. Dans le respect des options politiques de chacun, de toutes les convictions philosophiques et religieuses, le Centre vise donc à se faire lieu de dialogue entre les générations, entre les personnes, entre les nationalités,

« L’un des arbres à palabre disséminés à travers l’Afrique » (Abbé David Traoré, discours d’ouverture des deuxièmes journées Sociales, novembre1970).

 

Organisation et activités du Centre

 

Coiffant le travail du personnel permanent et d’une équipe d’animation, un comité de direction, auquel participe depuis longtemps le P. Verstraete, se réunit régulièrement pour analyser les objectifs et les activités du Centre, en fonction de ses orientations. Il examine aussi les possibilités nouvelles qui se présentent au fur et à mesure des événements et changements socio-culturels ambiants. Il s’agit, en somme, de cultiver le présent pour imaginer l’avenir…

 

Trois secteurs concourent à mettre en œuvre pareille ambition bibliothèque-documentation, formation et promotion humaine, appui aux initiatives locales de développement.

 

Bibliothèque-documentation

 

              La bibliothèque comprend aujourd’hui 15.000 volumes, ainsi qu’une cinquantaine de journaux et périodiques, le tout consultable sur place. La salle de lecture de 12.000 à 15.000 lecteurs par an.

 

              Le service de documentation peut accueillir, en deux salles, quelque 80 personnes. Sont à leur disposition 3.000 documents, des collections de périodiques, une trentaine de revues spécialisées (en 1987 : 915 documents, demandés par 212 chercheurs).

 

Des fichiers de classement répertorient, dès leur parution, livres, revues et documents. A l’intention des groupements, le service dispose depuis peu de montages audio-visuels portant sur des thèmes d’actualité (santé, travail, démographie..) sujets à réflexion et échanges.

 

Secteur « Formation et promotion humaine »

             

L’équipe d’animation du Centre organise régulièrement des causeries-débats, présentées ou dirigées par des responsables maliens désireux de mettre leur compétence au service des autres et de partager leur expérience. Cette activité, pratiquée depuis bientôt vingt ans, rassemble plus de 200 étudiants et cadres, favorise les relations entre  personnes dont elle développe le jugement critique ; elle éveille ou renforce chez les participants une volonté d’engagement dans le sens d’un travail pour le développement. A titre d’exemples (cités au hasard, voici le titre de quelques unes des soixante dix causeries-débats organisées depuis 1969 :

 

  • Le rôle du fonctionnaire dans le développement (mai 1969)
  • Education et développement en milieu rural (février 1972)
  • L’homme, victime ou coupable de la désertification ? (décembre 1982)
  • La femme malienne face au développement (février 1984)
  • Les petits métiers et l’esprit d’entreprise (novembre 1987)
  • L’intervention des ONG au Mali (février 1988)
  • Développement et culture (septembre 1988)

 

              Un service de publication assure la diffusion des études et débats ainsi réalisés. La presse nationale écrite, parlée et télévisée donne un large écho à ces travaux.

 

              D’autre part, un certain nombre de week-ends et de sessions sont orientés vers des Centres de Promotion féminine, des services ou d’animation villageoise : programme de formation à l’hygiène, la nutrition, les soins de l’enfant, etc. Ainsi, un projet actuellement en cours porte sur « les coutumes et interdits qui nuisent à la santé de la femme et de l’enfant ».

 

Appui aux initiatives locales de développement

 

              Depuis le début de la présente décennie, des demandes exprimées par des groupements et analysées avec aux ont mené le Centre Djoliba dans un nouveau domaine de recherche-formation-action, en appuyant le lancement et le suivi de quelques actions de développement. Ce secteur d’activités concerne surtout la ville, où en collaboration avec des communautés chrétiennes de base, l’aide a déjà contribué au  lancement de centres de promotion féminine.

 

              D’une manière générale, Djoliba n’intervient qu’en fonction des besoins de la population et des conditions posées par les organismes de soutien. C’est pourquoi le secteur d’appui aux initiatives locales de développement est en continuelle évolution.

 

 

Constats de perspectives

              Par leur présence, de nombreux amis hommes et femmes engagés dans le progrès culturel de la société malienne confirment le centre Djoliba dans les trois options fondamentales qu’il s’est données. Chacun constate, en même temps. L’ampleur et la rapidité des changements qui interviennent dans le cours de la vie sociale : développement des initiatives à la base, tragiques problèmes d’emploi (en particulier pour les  jeunes), désengagement de l’Etat, etc.

              Un défi très actuel est donc lancé au Centre : comment saura-t-il et pourra-t-il trouver les moyens de toujours contribuer à l’élucidation des problèmes brûlants, dans la lumières des valeurs qu’il tâche de fidèlement représenter ?

 

AIDE A LA SANTE

 

CENTRES DE SANTE PRIVES

 

                       Date

Lieu                d’ouverture   Nature du service                 Prestation annuelle(1987)

 

*Goualala       1937              Dispensaire                         50.000 consultations (dont19.000nvx)

                                             Education sanitaire             42 visites de villages

                                             2cases rondes d’hospitalisation

                        1955             Maternité de 10 lits             275 accouchements

            Visites prénatales :380 consultations

 

*Faladiè          1940                Dispensaire                      32.000consultations (dont 12.600nvx)

                                               Education sanitaire          72 visites de villages

                        1970                Maternité de 16 lits         800 accouchements

                                                                                         Prén.9.698 consult. Dont3.600nouvelles

                                               Pédiatrie                           3.325 enfants consultés  

*Kati               1948                Dispensaire                       30.200 consultation (dont 10.067nvx)

 

 

CENTRE DE DISTRIBUTION DE MEDICAMENTS

 

Ces services existent à :

  • Badalabougou, dans plusieurs communautés  de quartier
  • Missira,
  • Korofina (centre de Diélibougou) 13.000 ordonnances servies en 1987
  • Koulikoro, en corrélation avec des dispensaires ruraux.

 

PARTICIPATION AUX SERVICES PUBLICS DE SANTE

 

  • Institut Marchoux : les Sœurs Blanches y travaillent depuis sa fondation en 1934, ainsi qu’au village de cure de Samanko, depuis 1970.
  • Kolokani : Une Sœur Blanche  infirmière est employée dans les soins de santé primaire du cercle.
  • Ouéléssébougou : Depuis 1970, les Sœurs de St Vincent de Paul d’Opwijk, travaillent à la maternité et au dispensaire d’Etat. En 1972, elles ont fait construire  un nouveau dispensaire et une nouvelle maternité, remis officiellement à l’Arrondissement le 7 novembre 1973 ; les Sœurs continuent d’y servir dans le cadre du service de santé.

 

CENTRES DE PROMOTION FEMNINE  (C.P.F.)

              Les conditions de vie actuelles ont des conséquences importantes sur le statut et le rôle des femmes au sein de la société malienne. Jouissant naguère d’une réelle indépendance économique, beaucoup de celles qui habitent en ville, par exemple, rencontrent aujourd’hui des difficultés d’emploi qui compromettent leur existence et famille, surtout si elles ne sont pas alphabétisées. Certaines n’ont d’autre ressource que de se prostituer pour vivre et faire vivre les leurs.

 

              Promues, d’autre part, à de nouvelles responsabilités civiques ou politiques, elles sont appelées à occuper non seulement leur place traditionnelle de mère de famille, mais des postes nécessitant une formation professionnelle comparable à celle des hommes. La plupart, cependant, n’ont encore bénéficié que d’une maigre scolarité, si même elles sont allées à l’école.

 

               Les « Centres de Promotion féminine » s’efforcent, à leur mesure, s’assurer une animation de quartier qui propose à un certain nombre de femmes et de jeunes filles une formation pratique, asinsi qu’un milieu de réflexion commune. Le programme s’étend sur trois années ; il prévoit des activités de couture, tricot, broderie, des exercices traitant d’hygiène, de puériculture, d’économie familiale, de cuisine. Des réunions régulières permettent la mise en commun de problèmes spécifiquement féminins (excision, dot, etc.).

 

              Les CPF sont encadrés par des monitrices, et tout mis en œuvre pour que les frais de rétribution de ce personnel et ceux du fonctionnement soient le fait d’un auto-financement et d’une auto-gestion. A cela concourt essentiellement une cotisation individuelle des participantes, qui oscille autour de 500 francs CFA mensuels.

 

              En 1988, dix-neuf de ces Centres fonctionnent, dont quinze dans la capitale et quatre hors de Bamako. L’énumération suivante donne une idée des effectifs concernés.

 

              Secteur                   Nombre                    Instance                    Effectif

              (Ou paroisse) de CPF                             responsable            approximatif

 

BAMAKO    

                        Cathédrale               1                     « La poste »                        150

                        Badialan                   1                     JOC                                        100

                        Lafiabougou                       1                     paroisse/Sœurs                    40

                        Djikoroni                  1                     Paroisse/Sœurs                    40

                        Rive droite               6                     Paroisse/sœurs            180(-6x30)                    korofina                        5                     Paroisse/Sœurs            300(=5x60)                   Misira                                                 (1 en projet)

                        Korofina-Boulkassoumbougou (1 en Projet)          

 

HORS BAMAKO   

                        Kati                            1                     Paroisse/Sœurs

                        Faladiè                      1

                        Kolokani                   1

                        Goualala                   1        

 

SECOURS CATHOLIQUE MALIEN (SECAMA)

 

A la suite de contacts pris, en France, avec un certain nombre de filiales diocésaines du Secours Catholique, une assemblée constitutive décida en janvier 1959 la création d’une « délégation de Bamako », dont l’activité s’étendrait à l’ensemble du pays. Cette association, alors rattachée au siège de paris, fut reconnue officiellement en avril de la même année. Cependant, durant la décennie qui suivit l’indépendance, des délégations distinctes se constituèrent peu à peu dans les diocèses maliens, et le besoin se fit sentir d’une coordination nationale. Celle-ci s’organisa en Secours Catholique Malien : un conseil d’administration était élu, et adoptés les statu de l’association, qui adhérait en même temps à la confédération Caritas Internationalis.

A ce SECAMA qui venait de naître la conférence épiscopale du Mali confia la réalisation de tâches « socio-caritatives », telles la mise en œuvre de microprojets et les aides d’urgence, mais le dossier de reconnaissance officielle de l’association ainsi remodelée ne put être agréé qu’en 1973, année où le SECAMA  a joué un rôle des plus importants dans la lutte contre la sécheresse et ses conséquences.

               L’objectif du SECAMA est simple : pratiquer le commandement évangélique de l’amour des autres, de tous les autres, en faisant rayonner la charité chrétienne vers une promotion humaine des plus démunis. On imagine qu’à partir d’une définition aussi simple, le tâches qui se proposent sont indéfinies, complexes et difficiles. Compte tenu des moyens matériels disponibles, il s’agit d’éduquer les communautés au partage, et aux initiatives qu’elles peuvent prendre elles-mêmes pour assurer dignement leur propre existence, ainsi qu’une plus juste répartition des biens nécessaires à la vie.

 

               Apportant, à leur mesure, une aide  d’urgence (alimentation, médicaments), les sections paroissiales du SECAMA concourent, avec plus ou moins de maturité selon les lieux, à la réalisation d’activités prioritaires inscrites dans le plan de développement du Mali, à savoir :

  • L’autosuffisance alimentaire,
  • La maîtrise de l’eau,
  • La lutte contre la désertification,
  • La santé.

                           A sa base, le SECAMA travaille en étroite collaboration avec les conseils ou les comités locaux de développement ; à sa tête il s’intègre dans la « cellule de coordination des activités « (CAA) des ONG (« organismes non gouvernementaux »).